Plaidoyer de baudelaire ( procès fleur du mal )

CONTEXTE :

Sous le Second Empire, la justice engage régulièrement des poursuites contre les écrivains qu’elle accuse de publier des œuvres jugés trop immorales. Comme Baudelaire, les frères Goncourt ont été accusé en 1453. Ainsi que Flaubert, au début de l’année 1857, un procès est intenté pour son roman Madame Bovary. Flaubert est acquitté le 7 février.

C’est dans ce contexte que paraissent Les Fleurs du mal de Baudelaire au mois de juin 1857, suscitant le déchaînement de la presse qui dénonce « de semblables monstruosités ».

Les attaques des journalistes attirent particulièrement l’attention de la justice sur un certain nombre de poèmes, considérés « comme un défi aux lois qui protègent la religion et la morale» établit à cette époque la. Baudelaire oppose le sens général de son œuvre : «Le livre doit être jugé dans son ensemble, et alors il en ressort une terrible moralité.» C’est en vain qu’il fait intervenir ses amis, Théophile Gautier ou Prosper Mérimée. Barbey d’Aurevilly écrit un article qui fait l’éloge du livre, mais le journal refuse de le publier.

La police saisit les exemplaires des Fleurs du mal. Le procès est fixé au 20 août.

Le réquisitoire est prononcé par Ernest Pinard, qui était aussi le procureur général dans le procès intenté à Madame Bovary. Il accuse la poésie de Baudelaire de manquer «au sens de la pudeur», de multiplier «les peintures lascives».

L’avocat du poète plaide l’indépendance de l’artiste et la beauté de son œuvre. Persuadé qu’il sera acquitté, Baudelaire est abasourdi quand tombe la sen- tence.

En effet, le livre est condamné pour « délit d’outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs», à cause de «passages ou expressions obscènes et immorales ». Baudelaire et son éditeur doivent payer une amende et retirer six poèmes du livre. Les bijoux ; Le Léthé ; À celle qui est trop gaie ; Lesbos ; Femmes damnées ; Les métamorphoses du vampire, ces 6 poèmes se verront finalement publiés par Poulet-Malassis en 1866 à Bruxelles sous le titre Les épaves avec l’accord de Baudelaire.

Pour le grand public, Baudelaire est encore un inconnu, jusqu'ici il n'a publié que quatre ouvrages : deux volumes de critique d'art "Les Salons de 1845 et ceux de 1846," ainsi que la traduction des "Histoires extraordinaires et des Nouvelles Histoires extraordinaires » d'Edgard Poe. Alors comment juger un homme dont vous ne connaissez quelques lignes?

Après avoir échoué contre Flaubert, le ministère public songe-t-il à prendre une revanche toute trouvée contre Baudelaire? Ce poète marginal, maudit, dont la réputation dégage une odeur de souffre? Cet homme parlant des vices les plus profonds de l’homme, car tous dans cette salle avons déjà eu les pensées les plus sombres qu’il soit, car l’homme est constitué de mal. Les guerres, les décapitation, les bouleversements politiques, ne sont-ils pas les véritables témoins « de semblables monstruosités » dont l’homme est capable comme vous le dites Maitre Pinard?

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