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PEUT-ON RÉDUIRE LA MORALE A LA MAXIME STOICIENNE «ABSTIENS TOI ET SUPPORTE » ?

Cours : PEUT-ON RÉDUIRE LA MORALE A LA MAXIME STOICIENNE «ABSTIENS TOI ET SUPPORTE » ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  26 Février 2021  •  Cours  •  1 983 Mots (8 Pages)  •  651 Vues

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SUJET DE RATTRAPAGE PHILOSOPHIE   4/11/20                              Ali Boursier-Mougenot

PEUT-ON RÉDUIRE LA MORALE A LA MAXIME STOICIENNE «ABSTIENS TOI ET SUPPORTE » ?  

 Le stoïcisme est une école philosophique de l’antiquité dont l’idée principale est que l’homme doit vivre conformément à la Nature ou Raison considérée comme l’âme de l’univers et seul moyen d’atteindre le bonheur et la liberté.

 « Souffre et abstient-toi ; telle était la maxime des stoïciens, tel était le but constant de leurs efforts: le silence des passions, un empire absolu de la raison sur toutes les affections charnelles. Une invulnérabilité qui préserve l’homme des atteintes de l’extériorité.

Peut-on réduire la morale à la maxime stoïcienne «Abstiens toi et supporte?»

Le terme réduire insinue ramener un objet de pensée à un modèle simplifié, cela induit une connotation péjorative et supposerait que la maxime stoïcienne qui est un précepte, un principe de conduite d’une idéologie philosophique précise serait insuffisant à qualifier la Morale, ou les lois et les règles de l’action bonne et ses moyens d’y parvenir. S’abstenir et Supporter sont des verbes forts qui obligent une implication personnelle dans l’action. L’abstention se définit pas l’interdiction volontaire de quelque chose à soi-même: une jouissance, une personne, renoncer à intervenir dans  certaines situations ou encore refuser de s’engager. Le verbe supporter, lui, signifie considérer comme acceptable ou admissible; assumer une obligation telle qu’elle soit (juridique, morale, financière…) ou encore endurer avec constance, en faisant face, une souffrance physique ou morale, un état ou un événement pénible. Pour finir «Peut-on» remet en cause la légitimité, le droit ou encore la possibilité de simplifier la morale à la maxime stoïcienne «Abstiens toi et supporte».

La morale réduite à la maxime stoïcienne questionne le lien entre Morale, Indifférence, Raison et Nature humaine. La formule «Abstiens toi et supporte» règle subjective d'action, n’est elle pas trop réductrice pour représenter la morale?

Pour répondre à cette problématique, il faut d’abord s’attarder sur les principaux préceptes de la morale stoïcienne et établir ensuite un analyse des aspects qui s’opposent à certains principes morales comme la liberté, la bienveillance, le respect, la justice ou le rapport à autrui.

Morale stoïcienne: Une morale de liberté

La morale stoïcienne est une morale de liberté qui désigne la puissance d’agir par soi-même au niveau de la pensée, l’intention morale et le jugement. Pour le sage, il n’y a pas d’autre malheur que de commettre une faute morale, ce qui dépend de son choix. Tout le reste, qui ne dépend pas de son choix, n’est pas un mal, ça lui sera indifférent, cela  ne doit pas troubler la sérénité de son âme. Sont ainsi indifférents: la vie et la mort, la santé et la maladie, le plaisir et la souffrance, la beauté et la laideur, la force et la faiblesse, la richesse et la pauvreté... parce que cela ne dépend pas de lui.

« L’homme qui n’est sujet à aucune entrave est libre, lui qui a toutes choses sous la main, à son gré. Mais celui que l’on peut entraver ou contraindre, à qui l’on peut faire obstacle, celui que l’on peut malgré lui jeter dans quelque difficulté, celui-là est esclave. » Manuel de Épictète, 1785.

Le sage doit avoir l’impression d’accomplir son devoir: être parfaitement moral, pour être heureux. Zénon définissait ainsi le choix de vie stoïcien : "Vivre d'une manière cohérente, c'est-à-dire selon une règle de vie une et harmonieuse, car ceux qui vivent dans l'incohérence sont malheureux." Stoicorum Veterum Fragmenta. On pourrait compléter ainsi le choix de vie stoïcien : la cohérence avec soi-même.

Dans la philosophie stoïcienne, le fou est celui qui vit dans l’incohérence. Le sage est celui qui est libre, juste, heureux car en toutes ses actions, pensées, sentiments, il vit conformément à la raison et dans l’acceptation du destin.

L’empire de la raison sur les passions:

C’est le fatum, le destin qui guide la vie du stoïcien, il n’y a pas de fatalisme mais liberté. «Ne cherche pas à ce que ce qui arrive arrive comme tu le veux, mais veuille que ce qui arrive arrive comme il arrive, et tu seras heureux». Manuel de Épictète 1785 .

Le destin dans le stoïcisme désigne la succession de l'ensemble de causes et des effets (nexus causarum) qui définit l'organisation de l'intégralité de l'univers (appelé «Cosmos», accordé à lui même, cohérent avec lui même. Le cosmos comme raison, se veut nécessairement comme il est, il se répète en un cycle éternellement identique; il est donc rationnel, logique. Il est le seul cosmos à la fois possible et nécessaire que la raison puisse produire. Elle ne peut en produire un meilleur ou un pire. Et dans ce cosmos tout s’enchaîne conformément au principe de causalité: «... il n’y a pas de mouvements sans causes: si il en est ainsi, tout arrive par les causes qui donnent l’impulsion; si il en est ainsi, tout arrive par le destin». Les stoïciens, SVF.

Pour les stoïciens, rien ne sert de vénérer la nature, les dieux, ou d’autres maîtres. Seuls des principes rationnels permettent de comprendre ou simplement accepter les mouvements du cosmos et des hommes.

La raison, qui par le biais du jugement maîtrise les représentations, conduit à la sérénité de l’âme jusqu’à qu’elle ne perçoit plus la douleur afin d'atteindre une paix intérieure. L’homme atteint ainsi le bonheur conçu comme existence en accord avec la nature ou dieu (le cosmos), comme vie conforme à la Raison. Les passions sont le principal danger dans la vie du sage, mais il parvient à les dominer en dominant ses représentations: lorsque ils parlent de passions, les stoïciens pensent à un bouleversement profond de l’intelligence, à une déraison. Cette déraison ne se situe pas dans le choc affectif involontaire éprouvé devant la passion mais dans le jugement faux que l’on porte sur l’événement qui l’a produit. Pour les stoïciens les passions sont des faux jugements et ce qui compte c’est l’attitude de l’homme à son égard.«Ils peuvent me mettre à mort, ils ne peuvent pas me nuire» dit Socrate. Le stoïcien devra donc affronter, si il le faut, la mort plutôt que renoncer à la valeur suprême de la vertu et la volonté bonne.

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