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Nuit de décembre, Musset

Dissertation : Nuit de décembre, Musset. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  6 Octobre 2021  •  Dissertation  •  1 243 Mots (5 Pages)  •  553 Vues

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Dans les années 1835-1837, quand Musset, poète et dramaturge, écrit Les Nuits, après sa rupture douloureuse avec George Sand, le romantisme bat son plein.

 Les Nuits sont composées de quatre longs poèmes, sous forme de dialogue entre le poète et sa muse. Dans les quatre sizains qui ouvrent la « Nuit de décembre », le poète se trouve face à un être étrange qui semble plus une apparition qu’un être réel.

 Nous nous demanderons quel est le sens de cette apparition.

 Nous verrons qu’elle est paradoxalement l’expression de la solitude du poète [I] et qu’elle surgit aux moments clés de la vie du poète pour le conduire dans le chemin de la poésie [II].

I. LA SOLITUDE DU POÈTE

Le poème donne l’impression d’une grande solitude. Pourtant, le poète est toujours accompagné. On est conduit à se demander pourquoi l’impression de solitude persiste et quelle peut être la relation que le poète entretient avec cet étrange compagnon.

1. Un univers solitaire

Le poème, à la première personne, donne la parole au poète, qui se présente d’emblée comme « solitaire ». En effet, non seulement l’adjectif apparaît dès le premier sizain mais il y occupe une place centrale (au vers 3) et est mis en valeur par sa position à la rime et en fin de phrase.

Un autre aspect contribue à mettre l’adjectif en valeur : syntaxiquement, il peut aussi bien qualifier la salle (« notre salle solitaire ») que l’écolier lui-même. Le déterminant « notre » est la seule indication d’une famille, mais cette indication rend encore plus sensible la solitude de l’écolier, dans cette salle désertée.

Sans qu’il soit besoin de répéter l’adjectif, on comprend immédiatement que le « bois » (v. 15), lieu de promenade du jeune homme est aussi désert que l’était la salle. Cet effet est dû en partie à l’emploi du déterminant indéfini (un jour, un bois, une bruyère) qui interdit toute relation personnelle aux lieux.

2. Un frère ?

Pourtant un autre personnage, revient de manière lancinante dans le poème. Dans la strophe 2, c’est un « pauvre enfant » ; dans la quatrième strophe, c’est « un jeune homme ». Dans les deux cas, la proposition relative du dernier vers affirme une ressemblance si grande entre ce personnage et le « je » qu’il peut être qualifié de « frère », dernier mot du sizain et qui en constitue la chute.

La chute et le refrain, puisque les trois derniers vers du premier sizain sont identiques aux trois derniers vers du troisième sizain à l’indication de lieu près (devant ma table / au pied d’un arbre). Les deux compléments de lieu se moulent dans le même cadre rythmique (premier hémistiche de l’octosyllabe) et apportent donc une simple variation à la reprise anaphorique.

Mais si ce personnage ressemble au poète « comme un frère », s’il est très présent, il ne semble pas pouvoir briser sa solitude puisque dans le premier sizain « frère » est mis à la rime avec « solitaire ». De plus, le comparatif « comme » ne fait pas du personnage toujours « vêtu de noir » un frère. Mais alors qui est-il ?

3. Ou un double ?

Bien que le terme « frère » connote une relation intime et une forte proximité entre deux individus, le « je » et cet autre ne partagent rien : les nombreux déterminants possessifs marquent la séparation : l’autre pose « sa » main sur « son » front, mais pas sur le livre qui reste la possession du « je » : « mon livre ».

De plus, aucune parole n’est échangée, comme on peut le remarquer dans la seconde strophe. Dans la quatrième strophe, si le poète s’adresse bien à l’autre (v. 19), celui-ci ne lui répond que par des gestes « un salut d’ami » (v. 22) et un geste du bras, qui ne supposent pas de contact entre les deux êtres.

Plus qu’une personne réelle, cet autre serait alors le double du poète. Car s’il ressemble au poète, n’est-ce pas le portrait du poète que nous lisons dans la strophe 2 : un être « pensif », au « doux sourire », au visage « triste et beau » ?

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