Nouvelle continuation des Amours (1556)
Commentaire de texte : Nouvelle continuation des Amours (1556). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar marcopolaaaa • 20 Avril 2021 • Commentaire de texte • 1 605 Mots (7 Pages) • 643 Vues
Nouvelle continuation des Amours (1556)
Ce sonnet extrait des Continuations des Amours est dédié à une modeste paysanne de Bourgueil, Marie Dupin, dont le poète est amoureux ; il le compose dans le but de la convaincre d’aimer. Pierre de Ronsard (1524-1585), est l’initiateur du groupe de la Pléiade à la Renaissance, il rédige avec Du Bellay de Défense et Illustration de la Langue Française. Livre qui fonde, à l’imitation des anciens, une langue littéraire. Ronsard est poète de cour et humaniste, nourri à la pensée d’Epicure, d’Horace et Sénèque ; il écrit quatre livres d'Odes, mais acquière tardivement une renommée grâce à Marguerite de France qui lira ses sonnets à la cour, il sera « le poète des Amours ». Ronsard retrouve le style d’un Pétrarque notamment dans Les Amours de Cassandre, 1552) Puis il rédigera plusieurs autres recueils de sonnets, dont les plus connus sont Les Sonnets pour Hélène en 1578. La muse du poète, la jeune paysanne, incite Ronsard une expression plus naturelle et un style moins philosophique. Marie reste indifférente à l'amour de l'écrivain et le poème cherche à la persuader d'aimer. L’éloge de la nature, que Ronsard chante à travers l’évocation de son vendômois natal, constitue l'essentiel du sonnet. Nous nous demanderons donc en quoi ce poème est à travers l’éloge de la nature, une invitation à aimer. Nous verrons tout d’abord que la nature est ici mythifiée et festive, puis comment cet éloge vise à persuader Marie d’aimer le poète.
I. Ronsard évoque dans les trois premières strophes une nature enchantée·
a. Cette nature est un spectacle de joie.
Les verbes à l’impératif présent « voyez.. .Voyez…voyez ! » répétés en anaphore trois fois au milieu des vers, puis deux fois encore aux vers 5 et 7, sont des invitations à contempler la beauté de la nature, mais aussi à ouvrir les yeux sur la beauté et la joie du printemps : le poète cherche à réveiller la jeune fille au spectacle vivant de la nature ; car l’enchantement et l’éveil se produisent par les yeux. Les oiseaux sont nommés au nombre de quatre dès le premier quatrain « passereaux…colombeaux…ramier…tourterelle » tous oiseaux chanteurs et symboles amoureux : qui le renouveau, (Passereau), qui le messager de vénus (Colombe), qui la fertilité (ramier), qui la fidélité (tourterelle). L’impression de variété et de vivacité est accentuée par un jeu de sonorité grâce aux assonances en o et e è et a ; ainsi le vers trois ( i/é/è/e/a/ou/o/é/é/o/on/o) qui imitent le chant des oiseaux, ou encre grâce aux allitérations en consonnes liquides L et R « passereaux…l’amour…colombeaux…ramier…tourterelle ; jeux repris et intensifiés dans le deuxième quatrain grâce aux sonorités en I et a ; l’adjectif « frétillante », la rime oiseaux/ormeaux mais aussi les échos sonores entre « voyez » et « voleter, « les répétitions en allitération du v qui exprime la vivacité et la légèreté « Voyez..Voleter…vigne. Ronsard décrit en huit vers l’espace d’un jardin merveilleux équilibré et habité en ses quatre coins par des oiseaux, au centre duquel, comme dans un paradis croît l’ormeau qu’une vigne enlace, figure allégorique de l’embrassement amoureux.
b. Un éloge de la jeunesse et du renouveau.
L’accent est mis sur la jeunesse, de façon évidente, avec l’adjectif « jeune » et le diminutif dans « ormeaux », l’adjectif « frétillante » et l’expression « saison nouvelle », le mot « bergerette » et son diminutif « ette » colore l’atmosphère de sa fraîcheur. Mais aussi par le rythme même des vers, très vif et joyeux qui entraîne le lecteur à rebondir sans cesse d’une joie à une autre : les anaphores de « voyez » construisent ce rythme mais aussi le style énumératif. Les vers sont construits en rythmes binaires 6+6 « De ne vouloir aimer, / voyez les passereaux » et le jeu des enjambements « …voyez les passereaux/Qui démènent l’amour » ou « …d’une frétillante aile/Voleter par le bois… » Produit une accélération, un entraînement irrésistible. En fin l’emploi des adverbes de lieu « ici.et là » « deçà delà » promène notre regard toujours en alerte à travers le beau paysage : rien ne semble devoir se reposer, tout vit et se renouvelle.
Mais cette effervescence est aussi fragile, éphémère : le verbe « voleter », l'adjectif « frétillante » évoquent ce frémissement de vie et l’expression « par le bois, donne le sentiment du passage. Nous comprenons alors mieux la raison du choix des oiseaux comme seuls représentants du monde animal. Aériens, ils symbolisent la liberté, la légèreté du monde printanier. · Pour dire l'allégresse, le chant des oiseaux était idéal, les termes « dégoise » et « chanson « le disent ; les oiseaux sont frères du poète qui, lui aussi, chante le temps présent du renouveau. Contrairement aux autres sonnets Ronsard ne nous donne pas ici une image du vieillissement et de la mort, mais nous invite à une contemplation de la jeunesse.
C’est l’amour qui unit cette jeunesse et cette joie du printemps, il préside au renouveau. L’amour est personnifié à travers les expressions « les amoureux oiseaux »
...