Montaigne, des Cannibales, Que n'est tombé sous Alexandre...
Fiche de lecture : Montaigne, des Cannibales, Que n'est tombé sous Alexandre.... Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar AuCo • 2 Mai 2021 • Fiche de lecture • 1 430 Mots (6 Pages) • 693 Vues
Introduction : Montaigne (1533-1592), magistrat de formation, Montaigne est très impliqué dans la vie politique de son pays en tant que conseiller à la Cour des aides de Périgueux et surtout maire de Bordeaux de 1581 à 1585. De plus, Montaigne fut écrivain, philosophe et moraliste reconnu de la Renaissance, auteur d’un livre qu’on peut dire a influencé toute la culture occidentale : les Essais, qui regroupe sa pensée, ses expériences et ses considérations sur le monde. Ce texte est un extrait des Cannibales, 31ème chapitre de ce livre, dans lequel, les mœurs des cannibales y sont décrites et l’ethnocentrisme des Européens dénoncé. Dans cet extrait, Montaigne imagine sous la forme d’une uchronie dans une tonalité nostalgique, combien aurait été profitable aux Indiens d’âtre conquis par les Gréco-romains porteurs de hautes valeurs morales
LECTURE
Comment le retour à l’Antiquité permet-il à Montaigne de condamner la conquête de l’Amérique par les Espagnols ?
I/ Montaigne imagine sous une tonalité nostalgique ce que serait devenu les Indiens si les GR les avaient envahis
Montaigne fait référence à Alexandre le Grand, conquérant macédonien du IVe siècle av JC, connu pour avoir étendu son territoire jusqu’en Asie mineure et pour être un bâtisseur sage. Il fait aussi référence au GR, peuple admiré par les humanistes considéré comme ayant atteint un certain degré de perfection. Montaigne emploie ici un ton emphatique mettant en valeur ces conquérants et le peuple conquit.
L’emphase place la proposition subordonnée complétive au début de la phrase et met en avant le verbe « est tombé » qui évoque le hasard. Montaigne, avec une tonalité nostalgique, déplore que cette conquête se soit produite de son temps par les Espagnols et non à l’Antiquité par des conquérants gréco-romains, considérés comme un modèle de vertu et de sagesse. L’adverbe exclamatif « que » souligne la dimension affective du texte tandis que la valeur de l’irréel du passé que l’on retrouve dans des verbes au passé du subj. tels que « eussent poli », renvoie à l’expression d’un regret.
Montaigne ne condamne pas la colonisation comme le souligne l’expression « noble conquête » qu’il n’est peut-être pas une oxymore car elle traduit le fait qu’il peut y avoir des conquêtes de hautes valeurs. A travers un champ lexical ou métaphore filée de l’agriculture, l’auteur montre que la colonisation devrait se faire par le respect et la volonté d’enrichissement culturels. En effet, comme l’agriculteur travaille la terre (brut, sauvage), le conquérant idéal, bonifie le peuple autochtone en le « poli[ssant] » et le « défrich[ant] ». Le terme « poli » renvoi à l’idée de cultiver les Indiens, de les rendre plus civilisés et moins « sauvages ». Montaigne met ainsi en avant une conquête sans violence avec l’adverbe « doucement », qui, associé à la métaphore « conforté et promus les bonnes semences », souligne l’aspect progressif de la conquête.
Néanmoins il faut noter que pour Montaigne, il ne s’agit pas pour la culture Indienne de se faire totalement absorber par la culture GR. Il s’agirait plutôt d’un fructueux mélange comme le montre le verbe « mêlant », répété deux fois. Montaigne reconnait qu’en Amérique, « la culture des terres » (l.5) y est développée et que l’on pouvait admirer les « ornements des villes », preuve d’une certaine modernité. Montaigne pense que les GR auraient pu apporter les « arts » et les « valeurs » tant admirées par les humanistes. Il précise également que cet apport se fera dans une certaine limitation étant donné que les Indiens possède déjà une partie de ces richesses comme me souligne la formulation « tant qu’elles eussent été nécessaires ». L’expression « originelles du pays » renvoie quant à elle aux vertus indiennes qui se rapprochent beaucoup des sept fameuses vertus romaines glorifiées dans de nombreux textes antiques. On retrouve notamment le courage, la fidélité et la modestie. Ainsi, Montaigne souligne que l’esprit de mesure des GR auraient rendu la civilisation Indienne encore plus merveilleuse qu’elle ne l’est déjà.
La deuxième phrase est une question rhétorique. On peut y remarquer un certain enthousiasme au travers de l’accumulation de propositions subordonnées courtes. « À l’admiration et imitation de la vertu » souligne une conquête douce car le spectacle de la vertu suffirait à convaincre les Indiens et à les imprégner des bienfaits de la culture GR : c’est la conquête par mimétisme.
Montaigne imagine un monde utopique dans laquelle tous les hommes seraient à égalité comme le souligne le mot « fraternelle ». Ce monde serait atteint après l’élévation des Indiens par les Gréco-romains en une société plus « intelligen[te] ».
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