Mme de Lafayette. La Princesse de Clèves. La rencontre chez le joaillier.
Commentaire de texte : Mme de Lafayette. La Princesse de Clèves. La rencontre chez le joaillier.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Théo Patron • 25 Juin 2016 • Commentaire de texte • 1 497 Mots (6 Pages) • 13 379 Vues
Mme de Lafayette. La Princesse de Clèves. La rencontre chez le joaillier. Commentaire composé. Sommaire Commentaire. .............................................................................................. 2 Introduction.............................................................................................. 2
La sobriété de la scène. ............................................................................... 2
Le hasard d’une rencontre........................................................................ 2
Les surprises de M. de Clèves. ................................................................. 2
L’épilogue de la rencontre........................................................................ 3
Le caractère romanesque de la rencontre. .................................................. 3
Scène sans paroles .................................................................................... 3
Un coup de foudre.................................................................................... 4
Les qualités de la jeune fille ..................................................................... 5 Conclusion ................................................................................................... 5
Texte à commenter.
Le lendemain qu'elle fut arrivée, elle alla pour assortir des pierreries chez un Italien qui en trafiquait par tout le monde. Cet homme était venu de Florence avec la reine, et s'était tellement enrichi dans son trafic, que sa maison paraissait plutôt celle d'un grand seigneur que d'un marchand. Comme elle y était, le prince de Clèves y arriva. Il fut tellement surpris de sa beauté, qu'il ne put cacher sa surprise ; et mademoiselle de Chartres ne put s'empêcher de rougir en voyant l'étonnement qu'elle lui avait donné. Elle se remit néanmoins, sans témoigner d'autre attention aux actions de ce prince que celle que la civilité lui devait donner pour un homme tel qu'il paraissait. Monsieur de Clèves la regardait avec admiration, et il ne pouvait comprendre qui était cette belle personne qu'il ne connaissait point. Il voyait bien par son air, et par tout ce qui était à sa suite, qu'elle devait être d'une grande qualité. Sa jeunesse lui faisait croire que c'était une fille ; mais ne lui voyant point de mère, et l'Italien qui ne la connaissait point l'appelant madame, il ne savait que penser, et il la regardait toujours avec étonnement. Il s'aperçut que ses regards l'embarrassaient, contre l'ordinaire des jeunes personnes qui voient toujours avec plaisir l'effet de leur beauté ; il lui parut même qu'il était cause qu'elle avait de l'impatience de s'en aller, et en effet elle sortit assez promptement. Monsieur de Clèves se consola de la perdre de vue, dans l'espérance de savoir qui elle était ; mais il fut bien surpris quand il sut qu'on ne la connaissait point. Il demeura si touché de sa beauté, et de l'air modeste qu'il avait remarqué dans ses actions, qu'on peut dire qu'il conçut pour elle dès ce moment une passion et une estime extraordinaires. Il alla le soir chez Madame, sœur du roi. Commentaire. Introduction. Cette scène est essentielle dans l’action dramatique. Il s’agit de la première rencontre qui va déterminer le destin de la princesse de Clèves. Le narrateur organise à sa guise l’espace et met en scène ses personnages tout en peaufinant la situation et le caractère des ses protagonistes. La sobriété de la scène. Le hasard d’une rencontre. Melle de Chartres se rend chez un joaillier italien. Le narrateur n’insiste pas sur les effets pittoresques. Il reste dans l’analogie : le cadre spatial est aussi majestueux que les personnages qui le fréquentent. Aussi il est tout à fait vraisemblable que Melle de Chartres se rende dans ce lieu, comme il est vraisemblable que M. de Clèves le fasse aussi. Les surprises de M. de Clèves. Dans un premier temps, aucune précision n’est notée pour évoquer ce qui constitue la surprise de M. de Clèves. « Rougir » est le seul détail livré au lecteur. La répétition de « surpris... surprise » démontre l’intensité de l’émotion ressentie. C’est évidemment la beauté de la jeune femme qui cause ce trouble. Melle de Chartres perçoit l’étonnement du prince. Les deux protagonistes n’ont pas tous les deux le coup de foudre l’un pou l’autre : seul la surprise du prince ébauche ce sentiment. Melle de Chartres ne partage pas ce sentiment : elle a une réaction purement conventionnelle inspirée par la pudeur et la décence. Dès la première rencontre, les réactions des personnages sont très différentes et le fossé qui se dessine entre eux ne fera que s’accentuer. Puis, encadré par deux expressions « M. de Clèves la regardait avec admiration » et « il la regardait toujours avec étonnement » s’esquisse un second mouvement. Ce passage fait connaître les perplexités du prince, les suppositions auxquelles il se livre quant à la personnalité de cette jeune fille inconnue, mais si belle et d'une si « grande qualité ». C’'est le sentiment amoureux qui domine et qui se manifeste par ses yeux qui restent attachés comme malgré lui. L'auteur insiste sur l'importance du regard. Ensuite, M. de Clèves se ressaisit et comprend combien étaient déplacés ses regards curieux et insistants. Il observe l’attitude gênée, pudique et « embarrassée » de la jeune femme qui quitte la maison du joaillier italien. Cette fuite prouve que le sentiment n’est pas partagé et met un terme à l’extase du prince. L’épilogue de la rencontre. L’intrigue se noue puisque le prince de Clèves est désormais follement amoureux de l’« apparition », et va tout faire pour découvrir l’identité de cette remarquable jeune fille et pour la conquérir. Par le choix des mots, « beauté » et « passion » d’un côté, air modeste » et « estime » de l’autre, on peut penser que M. de Clèves, fin courtisan, ait deviné la vertu extraordinaire de cette jeune femme et ait l’estime qui y correspond. Le caractère romanesque de la rencontre. Scène sans paroles Pas un mot n'est échangé durant cette rencontre entre le prince de Clèves et Mlle de Chartres. L’échange repose sur d’autres signes : les regards indiscrets du prince, la rougeur de la jeune fille. Seul le marchand parle et donne une information erronée : « l'Italien qui ne la connaissait point, l'appelant madame ». Quelle est la fonction de cette scène sans paroles ? Le mutisme trahit certes l'embarras et la fascination des personnages, mais il indique aussi que les codes ne sont pas ceux de la cour. A la cour, tout le monde se connaît, toute parole est rapportée, amplifiée, dénaturée et devient rumeur. Dans la boutique du joaillier, le prince est face à une énigme et il ne peut pas la résoudre car il est privé de ses références habituelles. L'absence de dialogue contribue à créer un climat de mystère propice au romanesque de la rencontre. Un coup de foudre. Cet extrait présente un « « coup de foudre ». La rencontre est le fait du hasard puisque Mlle de Chartres vient assortir des pierreries chez ce bijoutier italien, sans sa mère. Valincour, l’auteur des Lettres sur le sujet de la Princesse de Clèves en 1678, relève le caractère extraordinaire de cet épisode puisqu’il n’est pas convenable que Melle de Chartres, même accompagnée d’une nombreuse suite, se rende chez un commerçant sans sa mère. C’est dans cette invraisemblance que réside le « romanesque ». M. de Clèves, par hasard ou poussé par le destin, arrive peu après chez ce même marchand. Le lecteur ne sait pas pourquoi il vient : il est immédiatement accaparé par la contemplation d'une beauté qui surpasse l’éclat des bijoux. S’en suit un coup de foudre dans la plus pure tradition romanesque. C’est l’apparence physique qui le déclenche : « sa beauté », « cette belle personne », « sa jeunesse » et son « air modeste ». Il s’agit d’une esquisse en termes généraux et non d’un portrait détaillé : c’est au lecteur d’imaginer la splendeur du personnage qui rayonne tant qu’il fait oublier les conventions au prince de Clèves, lui un courtisan distingué qui a l’habitude de côtoyer les plus belles femmes. Melle de Chartres a une réaction très romanesque digne des codes de la bienséance de cette époque aristocratique où tout signe est porteur de sens : elle rougit avant de se ressaisir pour montrer une attitude pudique et modeste conforme à l’éducation inculquée par sa mère. Le mystère qui entoure sa personne est romanesque : le prince ignore qui elle est aussi bien son identité que son statut social. Est-elle mariée ? Les qualités de la jeune fille Non seulement, elle est belle, mais elle a une allure de « grande dame » appartenant à la plus haute société. Elle est plus que cela pour le prince. Chez ce joaillier il ne peut y avoir que des aristocrates, mais le prince de Clèves est subjugué, ce qui permet de conclure qu’elle a un éclat supplémentaire. Ces éléments se retrouvent dans les qualités d'ordre moral : la modestie et la pudeur ne sont pas les traits caractéristiques de ce monde de la cour : c’est pourquoi le prince est séduit par ces qualités si rares. Tout ceci lui semble de très bon augure et l'incite à ne pas laisser sans suite cette rencontre providentielle. Conclusion Avec une économie de moyens et une grande sobriété de langage, Mme de La Fayette parvient à rendre compte du « coup de passion » que le prince de Clèves ressent, préparant une autre scène importante du roman : le « coup de foudre » entre le duc de Nemours et Mlle de Chartres devenue la femme du prince de Clèves, le soir des fiançailles du duc de Lorraine avec Mme Claude de France, seconde fille du roi.
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