Mme de Lafayette, La Princesse de Clèves

Madame de Lafayette a écrit La Princesse de Clèves en 1678 sous le règne de Louis XIV. Ce roman sera son plus grand succès, mais il suscitera de nombreux débats, puisqu’il explique le tourment dans lequel Mme de Clèves est plongée après la rencontre avec un autre homme que son mari dont elle tombe amoureuse. En quoi cette scène est un élément déclencheur dans l’histoire ? Nous verrons dans un premier temps la rencontre entre le Duc de Nemours et Mme de Clèves, Dans un second temps nous étudierons  comment Mme de Lafayette met en scène  la rencontre entre les deux personnages à travers un jeu de regards, Enfin dans une troisième partie nous aborderons la fatalité présente lors de cette rencontre

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La scène se déroule pendant le bal organisé à l’occasion des fiançailles de la fille du roi Henri II, il est donc clair que le décor de la rencontre est un lieu exceptionnel, c’est un bal et un festin royal de plus toute la Cour y est présente. L’arrivée du duc de Nemours est assez peut discrète « M.de Nemours, qui passait par-dessus quelques sièges pour arriver où l’on dansait » (l.674-676), irruption qui a pour effet d’attirer le regard de madame de Clèves.  Les deux personnages sont ensuite amenés à danser ensemble sur la demande du roi Henri II « le Roi lui cria de prendre celui qui arrivait » (l.673), grâce à cette demande du roi, nous constatons que la rencontre se fait de manière inattendue, sans que l’un ou l’autre ait entreprit quoi que ce soit. La narratrice se plaît à ne pas dévoiler leur identité pour ménager un certain suspens : c'est le pronom démonstratif« celui qui » l.5 qui désigne le Duc de Nemours. Dans ce passage les deux personnages dansent ensembles mais préfèrent taire leurs noms. En effet, ce n'est qu'à la fin que leur identité est dévoilée et qu’ils sont vraiment présentés: « mais comme Madame de Clèves n'a pas les mêmes raisons pour deviner qui je suis » l.691-692, « et il y a même quelque chose de désobligeant pour Monsieur de Nemours » l.698-699.  L'environnement dans lequel les héros se découvrent  pour la première fois est significatif, tout d'abord car il s’agit d’un lieu propice à éveiller des passions et aussi car il permet une rencontre par effet de surprise.

        Les deux héros ont tous les deux un portrait ressemblant et assez commun, En effet ils sont tous les deux décrits par une grande beauté, il est difficile lorsqu’on voit madame de Clèves pour la première fois de ne pas montrer une marque d’admiration « mais il était difficile aussi de voir Madame de Clèves pour la première fois sans avoir un  grand étonnement » (l.679-680) ; « Monsieur de Nemours fut tellement surpris de sa beauté (...) qu'il ne put s'empêcher de donner des marques de son admiration. »(l.681-683). Tandis que du côté de monsieur de Nemours « il était difficile de n'être pas surprise de le voir quand on ne l'avait jamais vu » (l.676-677),  « le soin qu'il avait pris de se parer augmentait encore l'air brillant qui était dans sa personne » (l.678-679). Ainsi nous avons l’impression que les deux personnages sont complémentaires, le récit nous montre que ces deux personnages sont faits l’un pour l’autre.  Leur rencontre est particulière justement parce que leur reconnaissance se fait avant leur connaissance : «  Elle se tourna et vit un homme qu'elle crut d'abord ne pouvoir être que Monsieur de Nemours » (l. 674-675), « Pour moi, Madame, dit Monsieur de Nemours, je n'ai pas d'incertitude ; mais comme Madame de Clèves n'a pas les mêmes raisons pour deviner qui je suis » (l.690-692).l’amour naît de leur reconnaissance mutuelle alors qu'ils ne s'étaient encore jamais vus. De plus, « Les Rois et les Reines (...) trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître » (l.684-687). D'ailleurs Madame la Dauphine les convoque aussitôt leur danse terminée pour leur faire dire qu'ils se sont reconnus sans s'être vus : « Ils les appelèrent (...) et leur demandèrent s'ils n'avaient pas bien envie de savoir qui ils étaient, et s'ils ne s'en doutaient point » (l. 687-689). Pour cette rencontre nous comprenons que Mme de Clèves et M.de Nemours sont les héros principaux du bal et toute la soirée tourne autour d’eux.

Cette scène de rencontre entre les deux personnages se passe dans un cadre exceptionnel propice à la naissance de sentiments amoureux. C’est une scène romantique car la Cour et le lecteur assistent à un coup de foudre qui se déclenche entre les deux personnages au travers de leurs regards.  

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Le regard est l’action qui domine ce texte. En effet, la répétition du  verbe « voir » montre que tout se passe par le regard, « Elle se tourna et vit un homme » (l.673-674), « Ce prince était fait d'une sorte qu'il était difficile de n'être pas surprise de le voir quand on ne l'avait jamais vu » (l.676-677), « mais il était difficile de voir Madame de Clèves pour la première fois sans avoir un grand étonnement » (l.679-680), « Le Roi et les Reines se souvinrent qu'ils ne s'étaient jamais vus, et trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble » (l.684-686), « vous le connaissez sans l'avoir jamais vu »(l.700). Le verbe « voir » apparait sept fois et crée ainsi une certaine sensualité qui montre l’harmonie entre les deux personnages. L’amour nait uniquement de cet échange de regards, car pendant toute la scène, les deux futurs amants n’ont échangé aucun mot. La narratrice (Madame de Lafayette) utilise presque les mêmes termes pour qualifier le Duc de Nemours et la princesse de Clèves : «  Ce prince était fait d'une sorte qu'il était difficile de ne pas être surprise de le voir quand on ne l'avait jamais vu (...) mais il était difficile aussi de voir Madame de Clèves pour la première fois sans avoir un grand étonnement » (l.676-680) ces termes montre la parfaite cohésion entre la princesse et le Duc.

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