Malraux cas
Discours : Malraux cas. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar zeliudgh • 17 Mai 2016 • Discours • 493 Mots (2 Pages) • 609 Vues
Ce qui m’intéresse dans un homme quelconque, c’est la condition humaine »1, écrit Malraux dans ses Antimémoires. Le destin de l’homme, en effet, n’a jamais cessé de préoccuper l’écrivain aussi bien dans sa vie que dans ses oeuvres. Cette préoccupation se traduit par excellence dans La Condition humaine.
Certes, le roman s’inscrit avant tout dans un contexte spatio-temporel bien précis : l’insurrection des ouvriers chinois à Shanghai en 1927, et un engagement politique se fait sentir incontestablement dans le roman. Jean Lacouture, journaliste et historien français, a peut-être exagéré un peu, en affirmant, à propos de La Condition humaine, que « Malraux n’a jamais écrit de livre plus imaginaire »2. Et Ilya Ehrenbourg, écrivain de l’ex-union soviétique, a quasiment mis en question la vérité historique du roman: « Ce n’est pas un livre sur la révolution ni une épopée, [...] La révolution qu’a vécue un grand pays devient l’histoire d’un groupe de conspirateurs ». Le même écrivain ne comprenait pas non plus pourquoi les personnages du roman souffrent : « Ses personnages vivent et nous souffrons avec eux, nous souffrons parce qu’ils souffrent, mais rien ne nous fait sentir la nécessité d’une telle vie et de telles souffrances »3L’homme est fondamentalement seul : c’est une idée qui domine toute l’oeuvre. Le titre de l’oeuvre revêt un caractère pascalien. Pascal associe la condition des hommes à celle des condamnés à mort, et Malraux la compare à « celle d’enfermés et d’aphasiques »4, si on reprend la formule de Jean Lacouture, condition qui suggère l’impossibilité de la communication.
A Gaëtan Picon qui venait de publier une étude sur La Condition humaine, Malraux écrit en 1934 : « Le cadre n’est naturellement pas fondamental. L’essentiel est évidemment ce que vous appelez l’élément pascalien »5.
Si les thèmes de l’interrogation métaphysique et de la solitude sont présents dans l’ensemble des oeuvres de Malraux, ils semblent marquer tout particulièrement La Condition humaine. En octobre 1930, quand un collaborateur de la revue Monde interroge Malraux sur le rôle de l’écrivain, il répond que son devoir est « d’exprimer le sentiment tragique de la solitude »6.
La solitude et l’angoisse qui accompagnent les personnages d’un bout à l’autre sont en effet les deux thèmes dominants du roman. Nous examinerons donc dans un premier temps la mise en scène de la solitude sous divers aspects et montrerons ensuite la relation entre la solitude et l’angoisse.
I. Les ombres muettes
Tous les personnages principaux du roman se présentent comme des ombres : solitaires les uns par rapport aux autres, ils vivent dans un monde qui leur est étranger, à commencer par Tchen.
L’incipit du roman - « Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? » (511) - mérite une attention particulière dans la mesure où il nous introduit d’entrée de jeu dans l’univers d’un homme seul, et impose du même coup le ton du texte. Plusieurs éléments nous semblent significatifs dans cette ouverture : la présence d’un homme, la façon de le nommer, le discours narrativisé, la moustiquaire.
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