Malgré ses prouesses techniques, l’adaptation cinématographique d’un récit n’aura jamais la force que lui confère l’imaginaire du lecteur
Dissertation : Malgré ses prouesses techniques, l’adaptation cinématographique d’un récit n’aura jamais la force que lui confère l’imaginaire du lecteur. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar RoxaneP • 21 Juin 2018 • Dissertation • 4 285 Mots (18 Pages) • 685 Vues
Dissertation
Sujet : Malgré ses prouesses techniques, l’adaptation cinématographique d’un récit n’aura jamais la force que lui confère l’imaginaire du lecteur.
« L’imagination est la reine du vrai, et le possible est une des provinces du vrai. Elle est positivement apparentée avec l’infini ». C’est avec ces mots que Charles Baudelaire conclut son chapitre sur « La reine des facultés » dans son ouvrage Curiosités Esthétiques.
Le sujet, « malgré ses prouesses techniques, l’adaptation cinématographique d’un récit n’aura jamais la force que lui confère l’imaginaire du lecteur », comporte trois grandes lignes de force. La première porte sur les prouesses techniques d’une adaptation cinématographique d’un récit, le deuxième grand axe est centré sur la force d’une histoire puis le dernier sur l’imagination du lecteur. Ces trois parties nous permettent d’élaborer un plan. Pour débuter notre dissertation nous parlerons des prouesses techniques d’une adaptation cinématographique en nous posant trois questions qui constitueront nos trois sous-parties : dans un premier temps « en quoi la technique permet-elle de rendre une adaptation réaliste » puis au contraire « en quoi cette dernière dessert-elle l’incarnation de cette représentation » pour conclure avec la question suivante « les prouesses techniques ont-elles des limites ». Après avoir traité ce grand point nous nous intéresserons à la force d’une histoire. Pour aborder cette partie nous procéderons en premier lieu à deux analyses antithétiques ; l’une disant en quoi l’image donne de la force à une histoire et l’autre en quoi, au contraire, elle limite la force d’une histoire. Au décours, nous nous demanderons d’où vient la force d’un récit. Le dernier grand point que nous traiterons portera sur l’imagination du lecteur et du spectateur. Pour cela nous débattrons sur la place qu’occupe l’imaginaire au cinéma et dans la littérature pour clore en parlant de la force de l’imaginaire.
Notre premier axe de lecture va porter sur les prouesses techniques d’une adaptation cinématographique. Nous allons mettre en opposition deux grandes idées qui sont en quoi la technique permet-elle de rendre une adaptation cinématographique réaliste et au contraire comment celle-ci dessert l’adaptation cinématographique. Pour conclure cette grande partie nous nous demanderons si les prouesses techniques ont des limites.
Pour commencer nous parlerons de la technique qui rend une adaptation cinématographique réaliste. Par « technique » nous entendons l’ensemble des moyens mis à disposition pour réussir cette adaptation cinématographique. Pour rendre une adaptation cinématographique réaliste, le réalisateur doit faire en sorte qu’elle soit une représentation convaincante du récit initial sans heurter l’imaginaire des lecteurs. De nos jours la technique est souvent assimilée aux effets spéciaux qui sont la touche quasiment indispensable à tous les films en particulier de science-fiction. Et il est vrai qu’à notre époque ces effets spéciaux confèrent à l’adaptation cinématographique une force incroyable. En effet, si nous prenons l’exemple de la saga Divergente de Veronica Roth, le livre nous décrit une scène onirique où nous pénétrons grâce à cette description dans les pensées de Tris, l’héroïne de la trilogie. Puisqu’il s’agit d’un univers fantastique il est assez difficile d’imaginer cela possible dans la réalité et c’est pourquoi nous n’arrivons pas à nous représenter cette scène dans le roman. Cela nous semble irréel, car nous n’avons aucun exemple dans notre pensée qui pourrait apporter à cette vision une quelconque incarnation. Cependant l’adaptation cinématographique, quant à elle, a su retranscrire ce passage avec justesse ce qui permet, au lecteur démuni, de mettre des images sur cette représentation abstraite de la pensée humaine où l’héroïne est soumise ici de plus à une situation extrême qu’elle doit résoudre mentalement. C’est pourquoi, dans ce cas, la technique contribue au principe de réalisme nécessaire à la crédibilité d’une histoire fût-t-elle de science-fiction. Mais il n’y pas que les effets spéciaux qui participent à la réussite d’une adaptation cinématographique. Si nous nous référons à la technique du roman Germinal d’Emile Zola (1885) faite par Claude Berri en 1993, le réalisateur a su nous transporter dans les années 1865-1866. Pour nous, hommes et femmes du XXI° ème siècle le monde des mines nous est très peu familier, c’est pourquoi la lecture de ce roman nous laisse beaucoup d’interrogations, le lexique de la mine nous paraissant complexe. L’adaptation cinématographique de Claude Berri nous permet de poser un cadre car nous voyons toutes les machines présentes dans la fosse « Le Voreux », l’état de la ville de Paris au XIXe siècle et nous ressentons de manière encore plus forte cet élan révolutionnaire qui habitait les mineurs bien que le roman dépeigne parfaitement cette révolte. La musique, également présente, renforce le côté dramatique de la situation ce qui plonge le spectateur dans une tension permanente et facilite sa compréhension. Un adolescent lisant ce chef-d’œuvre se sent beaucoup moins proche du texte qu’à l’époque de sa diffusion car la date de parution du roman est assez contemporaine des faits rapportés. Cette question de réceptivité est donc variable temporellement. La musique est un autre grand moyen de retranscrire l’atmosphère d’un roman cinématographiquement. Dans la récente adaptation de L’écume des Jours en 2013 inspirée du roman du même nom de Boris Vian publiée en 1947, le réalisateur ajoute les musiques de Duke Ellington cités par Vian dans son texte. Le lecteur qui ne connaît pas ces airs ne comprend pas au premier abord le message que veut lui faire passer Vian tandis que dans le film les airs sont joués ce qui lui permet d’assimiler l’histoire à cette musique et de comprendre l’intention initiale. La technique est ici un moyen de plonger immédiatement le lecteur dans l’atmosphère du récit de Vian, devenant de plus en plus oppressante.
Nous venons de voir que la technique permet de rendre une adaptation réaliste mais peut-elle parfois desservir cette adaptation ? La technique est un formidable moyen de donner vie à un récit mais utilisée de façon inappropriée elle peut dénaturer parfois complètement le récit orignal et la sensibilité que nous avons pu y trouver. Prenons l’exemple du roman de science-fiction Dune de Frank Herbert de 1965 et son adaptation cinématographique de 1985 par David Lynch. Le récit original nous permet de ressentir les émotions des personnages
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