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Louise Labé, sonnet XIV

Commentaire de texte : Louise Labé, sonnet XIV. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  3 Avril 2017  •  Commentaire de texte  •  2 061 Mots (9 Pages)  •  19 761 Vues

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Introduction

Louise Labé, surnommée la « Belle Cordière », est l’une des plus grandes femmes de lettres de la Renaissance française. Elle est devenue la plus connue et la plus originale représentante de l’école poétique lyonnaise, formée autour de Maurice Scève.

Louise Labé est issue de la bourgeoisie de Lyon. Soutenue par son père, elle reçoit une éducation humaniste (se souvenir de l’éducation de Gargantua !) : elle étudie l’italien, le latin et le grec ; elle excelle au luth et pratique également l’équitation et les arts des armes qui n’étaient jusque là réservés qu’aux hommes. Elle fréquente les cercles mondains de Lyon où elle mène une vie libre. D’ailleurs, ce sont les passions amoureuses vécues avec plusieurs hommes appartenant à l’élite culturelle lyonnaise qui lui servent en grande partie d’inspiration pour sa création poétique. Louise Labé est également l’une des premières féministes de l’histoire, elle revendique pour les femmes le droit à l’éducation, l’accès à la culture universelle et l’indépendance de pensée.

Son œuvre, regroupant un essai dialogué intitulé Débat de Folie et d’Amour, trois élégies et vingt-quatre sonnets, est publiée en 1555. Le recueil connaît un succès immédiat. L’originalité de Louise Labé consiste à renverser les codes qui régissent la poésie amoureuse de l’époque : contrairement à la tradition de la poésie « masculine » où le corps des femmes, plus précisément la description de celui-ci, ne représente qu’un moyen de mettre en œuvre et de faire admirer la virtuosité verbale des poètes, ce même corps ose prendre la parole dans les poèmes de Labé, il devient donc un sujet à part entière.

Les sonnets de Louise Labé se caractérisent par leur spontanéité et la sincérité des sentiments exprimés. Ces derniers représentent un mélange de sentiments contradictoires, entre souffrance et bonheur, douleur et plaisir, délice et désillusion. Nous allons maintenant analyser le Sonnet XIV.

Analyse du poème en général :

Le poème étudié est un sonnet lyrique en décasyllabes. Il se compose de deux quatrains et de deux tercets. Les rimes des deux quatrains sont disposées sur le modèle ABBA : il s’agit donc de rimes embrassées. La disposition des rimes des deux dernières strophes - CCD EDE - indique qu’il s’agit d’un sonnet.

Dans ce sonnet, la poétesse s’adresse à l’homme qu’elle aime. Ce qui est particulier, c’est qu’elle ne donne aucune description physique ou morale. Bien que l’amant ne soit évoqué que 3 fois (v.2 « avec toi », v.6 « tes grâces » et v.8 « toi comprendre »), nous pouvons quand même percevoir l’importance que cet homme représente aux yeux de la poétesse.

Le « je » lyrique est omniprésent : il apparaît soit en tant que sujet des verbes (v.9 « Je ne souhaite » et v.10 « je sentirai »), soit sous forme de possesseurs (v.1 et 10 « mes yeux », v.4 et 11 « ma voix », v.5 et 11 « ma main », v.14 « mon plus clair jour ».

Par ailleurs, l’analyse de la structure syntaxique de l’ensemble du texte révèle que celui-ci est composé de deux phrases qui séparent le poème en deux parties ou étapes bien distinctes, mais qui ne correspondent pas tout à fait à la division en strophes. En effet, la première phrase s’étale sur neuf vers et couvre ainsi les deux quatrains et le premier vers du premier tercet. Dans cette première partie, la poétesse exprime son envie de vivre. Néanmoins cette vie est conditionnée par l’amour de l’autre. Grâce à l’anaphore de « tant que » renforcée par le verbe « pouvoir » utilisé à trois reprises au futur simple, Louise Labé met donc en place un certain délai, elle impose une sorte de limite au-delà de laquelle cette vie ne vaudra plus la peine d’être vécue.

Cette limite est mise en relief par l’emploi de la conjonction de coordination « mais » au vers 10, introduisant une autre proposition subordonnée circonstancielle de temps avec « quand ». La proposition principale qui clôture le sonnet au dernier vers apporte la révélation : lorsque l’amour ne sera plus là, la poétesse renoncera à la vie, elle préférera mourir.

I- Vers 1 à 9 : le désir de vivre

Louise Labé décrit l’amour comme un besoin vital. Il s’agit d’un mélange de sentiments contradictoires. D’un côté, il apporte du plaisir et de la joie : « l’heur » évoqué au vers 2 (bien que ce bonheur soit déjà « passé ») et qui est mis en valeur par sa position en début du vers, puis les motifs musicaux aux vers 5 et 6 avec « cordes tendre du mignard luth… grâces chanter » en sont la preuve. De l’autre côté, nous pouvons relever dans le premier quatrain la présence d’un lexique se rapportant à la douleur avec « larmes épandre » (v.1), « A l’heur passé… regretter » (v.2), les « sanglots » et les « soupirs » (v.3). D’ailleurs, l’emploi de la conjonction de coordination « et » dans le deuxième hémistiche de ce dernier vers pour introduire les « soupirs » permet de renforcer l’idée que la souffrance fait partie intégrante de l’amour.

Le chiasme entre le début du vers 1 et le début du vers 4 donne l’impression que la poétesse est comme enfermée dans sa douleur, comme si elle était prisonnière de cet amour. Par ailleurs, l’hyperbole utilisée au vers 8 (« De ne vouloir rien fors que toi comprendre »), ainsi que la négation du vers 9 accompagnée de l’adverbe de temps (« Je ne souhaite encore point mourir ») permettent de dévoiler le caractère intense et exclusif des sentiments. La césure du monosyllabe « rien » à laquelle Labé a recourt au vers 8 - tandis que dans les autres vers, la césure se trouve à la quatrième syllabe – donne encore plus de poids au mot en question et vient ainsi souligner l’exclusivité de l’homme aimé et de l’amour que la poétesse lui porte.

Cet amour se manifeste tout d’abord à travers le corps : les « yeux » (v.1), la bouche (plus précisément la « voix » au v.4) et la « main » (v.5). Mais il est surtout « chanté », la « voix » étant accompagnée au « luth », symbole

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