Les Obsèques de la Lionne, Fables, Jean de La Fontaine
Commentaire de texte : Les Obsèques de la Lionne, Fables, Jean de La Fontaine. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar joulin • 20 Mai 2022 • Commentaire de texte • 1 186 Mots (5 Pages) • 375 Vues
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Les Obsèques de la Lionne, Fables,
Jean de La Fontaine
INTRO : OK
Parcours de lecture : des vers 1 à 23 : une fable traditionnelle et des vers 24 à 55 : un coup de théâtre destiné à plaire et à instruire
I/ Des vers 1 à 23 : Une fable traditionnelle
- Le premier vers = entrée in media res (= dans l’immédiateté des choses) car elle exprime directement ce qui s’est passé hors-scène avec une grande efficacité narrative « La femme du Lion mourut » : les personnages sont posés
- L’adverbe « Aussitôt » au vers 2 amorce l’action dramatique avec un effet d’accélération renforcé par le verbe « accourut » dont le préfixe [a] fait du palais du Lion un point de convergence de tous les mouvements « Aussitôt chacun accourut »
- Le caractère imaginaire du monde animal « Lionne » « Lion » ne dure pas longtemps : en utilisant la périphrase « Le Prince » au vers 3, La Fontaine nous place dans l’univers politique de la Cour.
- « accourut » = empressement servile des courtisans
- La formulation complexe du vers 4 « De certains compliments de consolation » = duplicité (état de ce qui est double) du langage courtisan et donne une dimension satirique à cette fable.
- L’antithèse entre « compliments » et « consolation » = la cour est un théâtre où la tristesse est jouée plutôt que ressentie
- L’hyperbole « surcroît d’affliction » au vers 5 = fausseté de l’univers courtisans où les sentiments sont joués
- LF donne à voir le pouvoir du roi dont toutes les volontés sont satisfaites
- L’expression expéditive « un tel jour, un tel lieu » = rapidité avec laquelle la moindre volonté du roi est exécutée
- Les propositions « Pour régler la cérémonie / Et pour placer la compagnie » aux vers 9 et 10 témoignent ironiquement de l’organisation du système de courtisanerie où chacun doit être à sa place au service du Prince.
- L’impératif « Jugez si chacun s’y trouva » au vers 11 invite le lecteur à observer ironiquement cette organisation digne d’un spectacle.
- LF revient à l’animalisation du Prince et sa Cour des vers 12 à 16 en proposant une plaisante satire
- L’hyperbole « Tout son antre en résonna » vers 13 = démonstration de tristesse excessive, théâtrale et donc peu sincère.
- L’intervention du fabuliste au vers 17 « Je définis » et le PVG « sont ce qu’il plaît au Prince » semblent clore la narration pour laisser place à la morale
- Le moraliste critique l’insincérité des courtisans par les antithèses « tristes, gais » au vers 18 et « être »/ « paraître » qui sont à la rime aux vers 19 et 20. Ces antithèses = la rapidité avec laquelle les courtisans changent de masque au gré des circonstances
- Le chiasme « prêts à tout, à tout indifférents » au vers 18 = l’enfermement dans l’artifice et la tromperie
- La métaphore « Peuple caméléon, peuple signe du maître » continue l’animalisation satirique des courtisans
La Fontaine délivre sa morale en critiquant l’hypocrisie des courtisans.
II/ Des vers 24 à 55 : Un coup de théâtre destiné à plaire et instruire
- LF fait passer la morale des vers précédents pour une digression (= développement hors-sujet)
- Le récit reprend au vers 24 avec l’expression « Pour revenir à notre affaire »
- Le surgissement du cerf au vers 25 est donc inattendu et crée un véritable coup de théâtre « Le Cerf ne pleura point »
- Les pensées de ce nouveau personnage nous sont communiquées par le discours indirect libre qui tend à le rendre plus proche et plus sympathique aux yeux du lecteur « comment eût-il pu faire ? / Cette mort le vengeait : la Reine avait jadis / Etranglé sa femme et son fils »
- Le Cerf refusant de jouer le jeu hypocrite des courtisans, il devient le bouc-émissaire de la Cour
- LF profite de ce passage pour montrer le fonctionnement de la rumeur :
- « le flatteur » transforme la phrase « il ne pleura point » en « Et soutint qu’il l’avait vu rire » vers 29
- Ce faux témoignage devient une vérité objective dans la bouche du Roi « Tu ris » vers 34
- La Cour = lieu où le vrai se transforme en faux
- Le Cerf = position de bouc-émissaire tragique
- Il est le centre de la violence comme le montre le champ lexical de la vengeance « ongles » « Loups » « Vengez » « immolez » « Ce traître »
- Le champ lexical religieux permet la parodie d’un procès dont la violence est justifiée par des termes sacrés « profanes » « sacrés » « immolez » « mânes »
- Dans un nouveau coup de théâtre, le Cerf parvient à se défendre grâce à un discours rhétorique
- Il capte l’attention du Roi par l’apostrophe respectueuse « Sire »
- Il utilise les termes abstraits et philosophiques le « temps » et « douleur » qui lui donnent un statut de sage
- La périphrase « Votre digne moitié » fait du cerf un maître-flatteur
- Il invente une mise en scène imaginaire comme l’indique le champ lexical du merveilleux « fleurs », « apparue », « reconnue », « les Dieux », « Champs Elyséens », « saints » « Miracle » « Apothéose »
- La magie de son récit opère et tout se retourne soudain en sa faveur comme le montre la locution adverbiale « A peine on eut ouï la chose »
- La rapidité du retournement de situation souligne les caprices de la fortune et l’instabilité de la Cour
- Les hyperboles prononcées en chœur au discours direct « Miracle, apothéose ! » mettent en valeur la théâtralité artificielle de cet univers.
- Le cri du vers 50 « se mit à crier » fait d’ailleurs écho aux cris de douleur du vers 12 « Le Prince aux cris s’abandonna » = aucune émotion derrière ce cri qui ne sert que la flatterie, au gré des circonstances.
- LF passe enfin à la véritable morale de son histoire des vers 52 à 56
- La deuxième personne du pluriel + l’impératif « Amusez les Rois » « Flattez-les » « payez-les » « vous serez » met le lecteur dans la position du flatteur en lui proposant un « mode d’emploi » de la flatterie afin d’en dresser la satire.
- Mais plus gravement, LF suggère que la flatterie inverse le rapport de pouvoir. Le Roi devient le sujet de ses sujets « Ils goberont l’appât »
- Le flatteur met donc en danger l’ordre social par ses jeux d’influence
En définitive, La Fontaine dresse dans cet apologue non seulement une satire des courtisans mais illustre aussi la fragilisation du pouvoir royal par la flatterie. Cette fable vivante et didactique cache une violente satire de la Cour par le biais de différents coups de théâtre. Il serait pertinent de rapprocher Jean La Bruyère du fabuliste Jean de La Fontaine. En effet, ces deux auteurs sont maîtres dans l’art de la brièveté rendant ainsi leurs satires des Hommes et de la Cour plus saisissantes.
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