Lecture linéaire : "Clair de lune" des Fêtes galantes de Verlaine
Commentaire de texte : Lecture linéaire : "Clair de lune" des Fêtes galantes de Verlaine. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar vik0 • 25 Août 2022 • Commentaire de texte • 4 898 Mots (20 Pages) • 759 Vues
Texte 2 du Parcours
Lecture linéaire de « Clair de lune » des Fêtes galantes de Verlaine
(lecture linéaire suivie du commentaire correspondant)
(Introduction) : cf celle du commentaire. (sauf pas annonce de plan)
Lecture
Premier quatrain : L’adresse à la femme aimée assimilée à un masque des Fêtes galantes
Le premier vers commence par pronom pers « Vous » dc situation d’énonciation : un « Je » s’adresse à un « Vous « sans que jamais le Je destinataire ne s’inscrive en tant que tel ds le poème et sans identification précise de ce « Vous ». Pour autant, si indices d’énonciation ne peuvent définir avec précision la personne qui est “masquée” grâce à l’emploi de la métonymie initiale “ Votre âme”, le lecteur averti sait que Verlaine compose Les Fêtes galantes en 1869 soit deux ans après la mort d’Elisa, cette cousine dont il s’était épris et qui lui refusa toujours son amour. Par conséquent, le lecteur identifie ce « Vous » à Elisa et l’énonciateur à Verlaine lui-même adressant un poème d’amour à cette femme. D’où éloge immédiat puisque le terme « âme » renvoie à la dimension spirituelle de la jeune femme apte à lire et à apprécier le discours construit par le poète. Eloge en effet aussi avec la forme attributive « âme est un paysage » qui crée donc une équivalence entre « âme » et « paysage » et Verlaine de jouer avec l’association romantique paysage/âme pour l’inverser. Ce n’est plus le paysage qui est un état d’âme mais l’âme qui est paysage. Il ajoute en outre « choisi », épithète volontairement vague dans l’optique verlainienne de l’imprécision mais connotant une dimension esthétique en relation avec le terme « âme » (et cf commentaire sur « choisi »).
Le 2° vers est construit par le biais de l’enjambement afin de créer une description de ce paysage grâce à quelques touches descriptives là aussi choisies et renvoyant aux fêtes galantes. En effet, Verlaine emploie « Que vont charmant » marquant l’aspect duratif de l’action à l’instar d’un tableau qui, tt en suggérant le mvt, fixe le moment dépeint. Le participe présent « charmant » est en outre à noter : le charme renvoie à carmen, l’ensorcellement, l’envoûtement et l’on comprend dès lors que faisant sonner le son /ch/ de « choisi » et « charmant » d’un vers à l’autre, Verlaine crée une analogie entre le charme du « Vous » et celui de la fête galante qu’il décrit. Fête galante en effet puisque référence aux « masques et bergamasques » dc à une fête costumée à l’instar de celle à laquelle les aristocrates du XVIII° siècle aimaient à se prêter. D’autre part, Verlaine en créant son « paysage choisi » fait résonner ds l’esprit du lecteur une musique, celle de la danse des « bergamasques » et fait appel en outre au sens de la vue avec le pluriel « masques ».
Le 3° vers reprend la construction par enjambement produisant une impression de fluidité telle qu’elle peut mimer celle des danses mais aussi celle de la musique avec la reprise du participe présent pr « Jouant » déterminant là encore une épaisseur temporelle pour associer les deux sens, l’ouïe et la vue avec 1° le cod « du luth, 2° la construction par coordination « dansant ». Le 3° vers présente alors aussi un rythme ternaire qui peut suggérer les mvts de la danse, à la fois fluide et syncopée coe le suggère « et quasi » qui s’avère un rejet. Mais l’on peut aussi rendre compte de la dimension harmonieuse et fluctuante de cet univers par le choix des trois quatrains en décasyllabes : harmonie pr quatrain et décasyllabes mais léger déséquilibre puisque trois quatrains et non quatre.
Le 4° vers commence grâce au rejet par « Tristes » et renvoient à la métonymie des « masques » dc des personnes aristocrates costumées créant un effet de surprise car l’adjectif alors même qu’il est nuancé par « quasi » (= presque) contredit, s’oppose au sentiment de joie et de légèreté des vers précédents. Pour autant, fait écho aux personnages de Watteau qui ont ts en effet un air triste, car rêveurs, mélancoliques. D’autre part, le cpt « sous leurs déguisements fantasques » rappelle une nvelle fois la fête galante et renvoie à cet univers de l’oisiveté, de la mondanité, du badinage amoureux, du jeu sur l’être et l’apparence. De surcroît à noter que le rejet attire alors aussi l’attention sur l’assonance en /i/ qui s’amorce avec “quasi”, et se poursuit avec “Tristes” et déguisements”. La construction du décasyllabe dans le 1° vers et le 4° vers soulignent cette idée puisque présentant la structure 2/8, et non 5/5 ou 4/6 (décasyllabes canoniques) il place sous l’accent le mot “âme” et “Tristes” qui se font de la sorte écho.
Deuxième quatrain : L’univers des Fêtes galantes ou la nostalgie d’un paradis perdu
Le 1° vers reprend la forme participiale et de la sorte crée une musicalité qui se fait par la répétition du son /an/ évoquant la danse et le chant des fêtes galantes. Le thème de l’amour, propre aux représentations des Fêtes galantes de Watteau est de la sorte amorcé puisque le cod qui s’inscrit au vers 2 place le mot « L’amour » en initiale de vers. Les « masques » chantent dc « L’amour » et celui-ci est mis triplement en valeur par l’effet d’enjambement, par sa place en initiale et par le cpt de manière du vers 1 « sur le mode mineur » puisque cette précision caractérise de manière implicite l’amour qui ne peut qu’être vécu dans la souffrance coe le justifie en outre l’adjec épithète de « amour » = « vainqueur ». Ms cet adj personnifie l’amour, le place au centre des préoccupations des « masques » et renvoie au badinage amoureux. D’autre part, le verbe du 1° vers reçoit un 2° Cod coordonné au 1° par « et » qui est « la vie opportune », cod qui implicitement là encore souligne la puissance de l’amour dans cet univers puisque leur existence est propice à jouer, à se divertir et donc à se prêter au badinage amoureux. Cependant, le quatrain en son entier est empreint d’une tonalité nostalgique qui a été initiée notamment par « Tristes » à la fin du 1° quatrain mais aussi par le mot « âme » du 1° vers. Il est nourri par « mode mineur », et ds cette fin de quatrain par la forme négative ds « pas l’air de croire à leur bonheur » ainsi que par la référence au « clair de lune », expression qui fait écho au titre et qui lui donne un sens. Tt un réseau lexical de la tristesse, de la mélancolie parcourt dc ce quatrain qui s’achève sur un vers créant un effet de synesthésie ou plutôt de correspondance à l’instar de Baudelaire ds « Correspondances» puisque « leur chanson se mêlent au clair de lune » donc puisque analogie entre deux sens et sentiment de spiritualité puisque mvt ascensionnel.
...