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Lecture cursive "si tu t'imagines" de Queneau

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Par   •  7 Janvier 2016  •  Commentaire de texte  •  2 543 Mots (11 Pages)  •  5 665 Vues

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Raymond Queneau

Raymond Queneau, né au Havre en 1903, Raymond Queneau est un romancier, poète et dramaturge français.                                                                                      En 1924, il forme avec, entre autres André Breton et Jacques Prévert le groupe de la rue du Château. Mais peu à peu, il réalise que les considérations surréalistes ne lui permettent pas d’approfondir son art de l’écriture. Il quitte le groupe en 1929.                                                             Queneau publie son premier roman, le Chiendent, en 1933. Cette première œuvre, à la fois drôle et pessimiste, définit clairement son style particulier et novateur.        « Exercices de styles » en 1947 et « Zazie dans le métro » en 1959 seront ses plus grands succès publics.                                                                                        Queneau considère le langage et la littérature comme un terrain de jeux et d’expérimentation. Il structure les paragraphes et les événements de l’histoire selon une logique mathématique rigoureuse. Il s’amuse également à confronter le langage écrit et le langage oral, bouleversant les règles de syntaxe.                      En 1954, il devient directeur de « l’encyclopédie de la Pléiade ». Il poursuit ses recherches expérimentales sur le langage, et fonde en compagnie de François le Lionnais, le groupe de l’Oulipo en 1960.
Il meurt le 25 octobre 1976, laissant derrière lui des œuvres riches en humour et en profondeur. Certains de ses romans comme « Zazie dans le métro » ont été adapté au cinema ou au théâtre et son poème « si tu t’imagines » est rentré dans l’histoire, chanté par Juliette Gréco.

Analyse d’un poème : (« Si tu t’imagines »)

Ce poème est issu du recueil « L’instant fatal » publié en 1948.                                 Il fait clairement référence à un autre poème plus ancien : « Mignonne, allons voir si la rose » écrit par Pierre de Ronsard en 1545.                                           Raymond Queneau rend ici hommage à Ronsard avec une version très libre et moderne, tout en conservant les thèmes classiques du Carpe Diem et du Memento Mori. Ce poème s’adresse à une jeune fille.

Raymond Queneau utilise le pronom personnel du singulier « tu », « tu t’imagines » v1 ; « tu te goures » v10 ; « tu crois » v14. L’emploi du tutoiement montre que le poète veut faire passer un message à travers ce poème, un avertissement qui est perceptible par l’utilisation de l’impératif au vers 45 « allons cueille cueille ».          Le mot « fillette » est répété plusieurs fois au vers 3, 11, 25, 48. Cette répétition permet de mettre en avant le destinataire du message. Le suffixe « -ette » lui a une connotation péjorative, il cherche à rabaisser la jeune fille.

On observe tout au long du poème l’utilisation d’un langage familier avec un vocabulaire inadapté comme « te goures » vers 10, 12, 24, 26, 47,49, ou « biceps » v.17. Ce jeu sur le langage est renforcé par l’absence de double négation dans « vers ce que tu vois pas » v.33 et « si tu le fais pas » v.46, une écriture phonétique qui reprend le langage parlé «saison des za» (l’auteur laisse ici apparaitre les liaisons). Les vers « xa va » et « sque tu » sont des raccourcis du langage parlé. Le poète s’exprime dans un langage enfantin qui s’adapte à son interlocutrice pour mieux faire passer son message.
Par ailleurs, la fréquente répétition de « si tu t’imagines » v1, 2, 3 et « si tu crois » v14 ,15 ,21 nous donne le sentiment que Raymond Queneau utilise un ton moqueur jusqu’à rire avec « ah ah » v.14 de la future désillusion de la fillette.
On observe également une opposition de la description du corps de la femme entre les différentes strophes. La description est méliorative dans la strophe deux : « teint de rose » « union biceps » « angle d’émail » « cuisse de nymphe » « pied léger », en opposition totale avec la description péjorative dans la strophe 3 et 4 « ride véloce » « pesante graisse » «menton triplé » « muscle avachi ». Queneau nous fait ressentir l’inévitable écoulement du temps et ses terribles conséquences sur le corps de la femme.                                                                                                     Le thème de la fuite du temps est également présent à travers « va durer toujours » v6, « les beaux jours s’en vont » v27, comme un avertissement à profiter de l’instant présent : « Allons cueille cueille les roses les roses roses de la vie » v39, 40, 41. La rose est un objet très important dans le poème, symbole de beauté, mais qui est aussi une fleur éphémère donc symbole de la fuite du temps.             L’emploi de l’anaphore « ce que tu te goures » à la fin de chaque strophe, produit un effet de cyclique qui se reproduit à l’infini visant à montrer l’écoulement du temps durant la vie.

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