Lecture analytique Dom Juan V, 2
Commentaire de texte : Lecture analytique Dom Juan V, 2. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Kmy3110 • 14 Janvier 2017 • Commentaire de texte • 1 704 Mots (7 Pages) • 1 864 Vues
Dom Juan de MOLIERE :
la tirade de l’hypocrisie (Acte V, scène 2)
Introduction:
Don Juan, libertin athée, annonce pourtant sa “conversion” à son valet Sganarelle à la fin de sa dernière entrevue avec Elvire (IV, 7), sa femme qu'il a abandonnée. Ce projet est le fruit des pressions contre lui, que DJ a vues se multiplier au cours de l’Acte IV. Or, cette conversion est mise subitement en pratique au début de l’Acte V, ds la scène de fausse réconciliation avec son père, Don Louis, scène qui constitue un véritable coup de théâtre : le héros y adopte en effet un nouveau langage, celui des dévots, suffisant pour convaincre son père. Cependant, au début de la scène 2 de l'acte V d'où est extrait le passage étudié, DJ révèle la vérité à Sganarelle, qui s’est lui aussi laissé naïvement prendre au jeu de son maître. La tirade de DJ se charge d'un double intérêt : dramatique d’abord, car la dévotion n’est qu’une tactique adoptée par DJ pour se mettre à l’abri des représailles ; idéologique ensuite, car DJ est ici le porte-parole de Molière, qui en profite pour régler ses comptes avec le parti dévot, responsable de la cabale contre Tartuffe.
Dans cette perspective, il s'agira de montrer comment l'hypocrisie de Don Juan est placée au service d'une critique de la société.
D'abord, nous analyserons en quoi le personnage se fait le porte-parole de Molière pour critiquer la société. Ensuite, nous montrerons que, par un effet de mise en abyme, le théâtre permet de dénoncer la comédie sociale, la société du spectacle qui est décrite ici, et nous nous intéresserons enfin au cynisme de Don Juan.
I. Une satire sociale
1) Don Juan moraliste
Emploi d’un présent de l’indicatif ambigu dans la première partie de la tirade :
- à la fois présent d’actualité (“maintenant” et plus loin “aujourd’hui”), créant alors une opposition avec un passé jugé plus moral, où l’hypocrisie ne régnait pas (satire de l’époque). DJ décrit une époque en pleine décadence morale : opposition implicite entre “aujourd’hui”, “maintenant” et “de son siècle” + l’expression “un vice à la mode”, avec un passé plus respectable, aux valeurs morales plus solides.
- mais aussi prenant la résonance d’un présent de vérité générale, valable éternellement : “C’est un art de qui l’imposture est toujours respectée” ou “l’hypocrisie est un vice privilégié...”, d’où enracinement de ce vice ds la durée et visée moraliste universelle de Molière ( goût du XVII° pour les maximes, par ex celles de La Rochefoucault).
Impersonnalité de la tirade ds cette 1ère partie : DJ porte-parole de Molière
- effacement du “je “ de DJ (sauf un discret “dis-je” au profit de l’indéfini “on” + pronoms indéfinis « chacun » , « tous » :
- portée là encore universelle de la tirade, qui n’apparaît pas comme une expression du seul Don Juan : Molière, observateur critique des moeurs de son temps, s’exprime à travers lui.
2) Une société décadente et corrompue : le règne de l’inversion des valeurs
- Paradoxe à valeur de maxime : « l’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertu » : chiasme et syllogisme mettant en valeur l’inversion des valeurs, le vice, par glissement, devenant vertu.
- personnification allégorique de l’hypocrisie elle-même : “un vice privilégié, qui, de sa main, ferme la bouche à tout le monde, et jouit en repos d’une impunité souverainesouveraine.” = un pers puissant, régnant en maître dans la société de l’époque.
- Le respect unanime affiché pour les hypocrites : “un art de qui l’imposture est toujours respectée”. Le plus grave est la tolérance de cette hypocrisie même lorsqu’elle est démasquée : Ex : « et quoiqu’on la découvre » = proposition subordonnée conjonctive exprimant l’opposition ou « On a beau savoir leurs intrigues et les connaître pour ce qu’ils sont »,
- Faiblese, complaisance ou complicité envers les hypocrites aboutissent à une véritable inversion des valeurs ds la société du tps de Molière, comme le montre l’alliance contre-nature de la religion et du vice et le thème du vice récompensé :
- abondance d’antithèses (opposition apparence de vertu, réalité du vice)
à d’où une société globalement corrompue, qui apporte appui et “crédit” à ceux qui ne le méritent pas
3 ) La revanche de Molière contre les dévôts après la censure de Tartuffe :
Les hypocrites sont soutenus par de puissants complices : les tenants du parti dévôt, ceux qui ont fait interdire Tartuffe et ne tarderont pas à attaquer Dom Juan = clairement désignés ici par : “les gens du parti”, “la cabale” et “les zélés indiscrets” ; les hypocrites trouvent donc un scandaleux appui chez les tenants officiels de la religion chrétienne, qui se contentent de leur simulacre de foi : cf développementt du lexique religieux : “religion”, “mortifiés”, “intérêts du Ciel”, impiété”, “damneront”...
II. Un jeu de masques : le théâtre pour dénoncer le théâtre des apparences, la comédie sociale
1) La comédie sociale.
Rhétorique du simulacre régnant en maître ds la société de l’époque :
- Champ lexical du paraître et du simulacre : “grimaces”, “grimaciers” évoquant le masque posé sur le visage de l’hypocrite pour dissimuler son véritable visage, “cacher”, “prétexte” . métaphore péjorative du singe pour confirmer l’idée d’imitation mensongère
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