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« Le tombeau de Monsieur Monsieur » / poème tiré du recueil de poème Le Fleuve Caché

Fiche de lecture : « Le tombeau de Monsieur Monsieur » / poème tiré du recueil de poème Le Fleuve Caché. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  28 Mars 2022  •  Fiche de lecture  •  1 974 Mots (8 Pages)  •  467 Vues

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« Le tombeau de Monsieur Monsieur » est un poème tiré du recueil de poème Le Fleuve Caché écrit entre les années 1938 et 1961. Son auteur, Jean Tardieu, est un écrivain français du XXème siècle. Ce poème est à première vue pleins de confusions pour son lecteur. En effet, Tardieu subit une sorte de « crise de l’esprit » à ses 17 ans lorsqu’il se regarde dans le miroir. Il ne se reconnait plus et se forge ainsi une forme de dualité de lui-même et une destruction et déconstruction totale de lui-même et du monde qui l’entoure. Cela devient un sujet récurrent dans grand nombre de ses œuvres et certainement donc dans ce poème.  On peut se demander de quelle manière Tardieu met-il en exergue un chaos intérieur à travers son écrit. Dans un premier temps, on peut observer  la mise en place d’une certaine dualité condensé à une certaine unité qui rend confus son lecteur. Dans un second temps, l’auteur organise un dialogue intérieur symbolique définissant ainsi dans un dernier temps, l’aspect fataliste et tragique de son œuvre.

Le tombeau de Monsieur et Monsieur est un dialogue entre soit disant « monsieur » et « monsieur », deux personnages imaginaires qui sont animés mais réduits à être comparés à « Rien » et « Personne » Les personnages Monsieur et Monsieur ont le même nom, ce qui rend confus le lecteur. Il est cependant évident que deux personnes animées sont référées, réelles ou non. De plus, ils sont similaires au vu de leur nom mais sont pourtant différents symboliquement : Même nom mais symbolique différente. Cela raisonne comme une antanaclase. Se crée une forme de parallélisme avec Mr et Mr. En effet, les deux éléments « Rien » et « Personne » sont presque synonymes dans leur contexte. Le fait que ces deux éléments réfèrent à la même chose permet de comprendre qu’ils se rejoignent et se concordent mais sont néanmoins différents au vu de leur caractérisation séparée. : Même symbole mais mot différent. Ces jeux de mots additionnés aux majuscules sur « Rien » et « Personne » permettent une personnification des deux éléments qui vont dialoguer. Cette analyse a du sens lorsque l’on connait le contexte de la vie de l’auteur. Il donne la parole à ces deux « lui » auxquels lui-même se perd potentiellement. De plus, le titre « Le tombeau de Mr Mr » porte à croire qu’il n’y a en fait qu’une seule personne. Il n’y a qu’un seul tombeau évoqué et aucune conjonction de coordination « et » pour séparer les deux noms. Il n’y a qu’un seul tombeau pour pourtant deux « personnes ». Un seul tombeau pour potentiellement un seul corps mais deux êtres intérieurs différents qui se distinguent. Il est intéressant d’analyser le jeu de rythme entamé par l’auteur avec les pentasyllabes de « Monsieur et Monsieur » avec « Personne avec rien » qui met en exergue une forme de jeu de la part de l’auteur. Cet effet de musicalité, qui accentue le jeu de confusion dans lequel nous place Tardieu, nous offre une introduction au dialogue des deux « camps ». C’est comme s’il menait son lecteur en bateau. Tout d’abord, en abordant « Rien » et « Personne » (v4) comme deux éléments similaires à « Mr et Mr », comparés et donc personnifiés. Puis, la conjugaison à la troisième personne du singulier « dialoguait » (v4) amène à comprendre une autre idée, une autre direction. En effet, celle d’une personne qui ne parle avec rien, entre autre, avec soi-même ou seul. Ou alors, cet effet permettrait de soutenir l’idée qu’il n’y a en fait qu’une seule personne de présente. Tardieu crée un effet de confusion, en additionnant cela aux majuscules qu’il accorde aux mot « Rien » qui est mis au même plan que « Personne ». Ce qui étrange cependant, c’est que dans le v2 de la première strophe, le verbe « parlent » est conjugué au pluriel. Cela suggère que Monsieur et Monsieur sont donc bien deux, deux éléments distincts qui vont dialoguer entre eux. De ce fait, le dialogue qui va être abordé est d’autant plus mis en avant grâce au premier vers « dans ce silence épais » (v1) où les « Monsieur » sont censés parler. Il peut être intéressant de supposer que ce dialogue n’a donc pas réellement lieu, qu’il n’est qu’imaginaire ou qu’il n’existe que dans la tête d’une seule personne.

Dans les strophes 2-3-4 se suivent un dialogue amenant en sujet des questions existentielles, entre les deux « Monsieur ». Tout d’abord, Monsieur 1 définit de le concept de la mort pour lui. Il considère que la mort mène au néant, c’est comme s’il n’avait donc jamais existé et est donc étroitement lié à l’oubli. Il y a dès le départ des indices sur qui sont vraiment ces deux personnages et ce qu’ils représentent. Il évoque « personne » sans majuscule et le relie au pronom « nous » qui peut représenter plusieurs choses : qui que ce soit, ou bien monsieur et monsieur. Le poète orchestre un dialogue entre ces deux persona. Ces jeux de références et de mises à distance de la part du poète sèment la confusion. On peut imaginer que Monsieur 1 à travers ces dires donne un indice « je ne suis en fait que le néant ». Puis lorsque Monsieur 2 répond, celui-ci représente un aspect fataliste de Monsieur Monsieur. En effet, l’usage d’un champ lexical de la fatalité, du néant permet d’arriver à cette conclusion « jamais » « mort » « disparu » « personne » « rien ». Cette réponse au premier argument existentiel de Monsieur 1 évoque qu’il ne sait pas lui-même s’il existe ou s’il a déjà existé, ils se posent tous les deux des questions existentielles qui remettent en doute leur existence. De plus, il évoque le fait de l’évolution constante de l’humain à travers le temps, le fait de ne jamais être le même que celui qu’on était il y a quelques instants. Cela est également un message mettant en exergue un esprit fataliste et proche de la mort. L’ide serait « c’est tel que l’on meurt et que l’on nait de nouveau à chaque instant ». « Le temps marche si vite » La personnification du temps renforce l’idée du temps qui passe aussi rapidement que l’humain évolue. De plus, le poète met en place un jeu de mots « indicatif-présent » « indicatif-néant » avec un jeu de sonorité qui permet de garder un aspect musical et rappelle au lecteur que l’auteur joue avec lui, il jongle avec les sonorités et le rend encore plus confus. En effet ce n’est qu’après quelques lectures que le lecteur comprend ces analyses. De plus, le terme « néant » pourrait être le mot clé de cette œuvre, qui le définirait parfaitement avec son champ lexical omniprésent. La formation des strophes sont libres, inégales et permettent d’imaginer une idée de quelque chose d’incontrôlable qui se passe. En plus de cela, le terme « indicatif-néant » suggèrerait qu’ils ne sont que néant dans leur vivant car la mort de chaque instant est le passé du moment présent. C’est l’invention d’un temps au-delà du temps. Les deux personnages se disent ainsi être en lien étroit avec ce néant. La réponse de Monsieur 1 clarifie toutes les idées évoquées dans le dialogue. « ce mode inconnu » : « indicatif néant ». Celui-ci utilise donc le nouveau mode inventé par Mr 2 pour exprimer leur vérité. Ils expriment donc qu’ils sont en fait deux mais qu’ils ne sont en fait rien. Pour exprimer cette « vérité », cette forme de conclusion du poème, s’organise une transition. On passe de « ma vie » à « notre vie », c’est ainsi que l’on comprend que Mr 1 et Mr 2 ont en fait la même vie, donc sont potentiellement la même personne. La strophe 4 est révélatrice, car l’on passe de « je » « ma » à « notre » « nous ». C’est une forme de recondensassions d’une dualité. De plus, les vers en hexasyllabes forme une musicalité en accentuant l’effet d’une annonce révélatrice, un chamboulement bouleversant.

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