Le personnage de roman a-t-il la capacité de modifier la perception du réel du lecteur?
Dissertation : Le personnage de roman a-t-il la capacité de modifier la perception du réel du lecteur?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Zoé Pilard • 8 Avril 2019 • Dissertation • 1 818 Mots (8 Pages) • 816 Vues
Dissertation de français
“Le personnage de roman a-t-il la capacité de modifier la perception du réel du lecteur?”
La littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre) est un art né au XIIe siècle, mais dont les fondements remontent à l’Antiquité. On s’accorde à définir cette notion comme étant la mise en mots où l’auteur libère sa pensée, au profit de tout un chacun ayant les moyens d’accéder au contenu de l’oeuvre de ce dernier. La littérature permet donc de se forger une vision du monde et d’alimenter la pensée humaine selon autant d’axes qu’il y a de romanciers, et ceci notamment par le biais du personnage de roman, qui est la pièce maîtresse d’une oeuvre littéraire. En effet, le personnage de roman a la capacité de modifier la perception du réel du lecteur, en changeant sa vision d’événements majeurs mais aussi en impactant sa personnalité. Nous allons également traiter la façon dont le personnage de roman alimente l’imaginaire du lecteur.
Effectivement, le lecteur peut être influencé par le personnage de roman quant à sa vision d'événements majeurs, comme les événements historiques. Le personnage de roman, notamment par le contexte historique dans lequel il évolue, va apporter un nouveau regard au lecteur sur des faits historiques révolus. Nous observons cela dans le roman de Todd Strasser La Vague (1981), où un professeur d’histoire, Ben Ross, expérimente sur ses lycéens la création d’un pseudo-mouvement fasciste, pour faire comprendre à ses élèves les sentiments qui peuvent emporter tout un pays dans le totalitarisme, seulement l’enthousiasme et l’implication effrayante des adolescents vis à vis de ce mouvement nommé “La Troisième vague” dépasse le bon entendement de Ross, et malgré le fait qu’il déclare l’expérience terminée, les événements le submergent lui et quelques élèves conscients du danger. Cet exemple nous démontre très clairement l’influence que peut avoir l’idéologie d’un parti politique totalitaire sur une population grâce à l’expérience du personnage de Ben Ross, en faisant ici référence au nazisme. La modification de la perception d’événements historiques peut aussi s’exercer par le point de vue du personnage de Pablo Neruda, poète très connu du monde réel, dans le roman d’Antonio Skarmeta paru en 1987, Une ardente patience. Nous suivons les péripéties que vit Neruda au Chili, d’abord en 1970, à l’heure de la démocratie et de Salvador Allende. Seulement les opposants au régime d’Allende mettent le pays au bord de la crise à force de pénurie. A l’image de la santé du poète, le climat social et politique se détériore, jusqu’au coup d’État auquel il ne survivra qu’une semaine, et qui mènera à la dictature du général Pinochet. Ainsi, l’expérience de Ben Ross et l’impact de la dictature chilienne sur Neruda apportent un nouveau regard au lecteur sur des événements historiques qu’il croyait connaître.
Mais les événements majeurs relèvent aussi de certains aspects de la société, comme par exemple la surveillance excessive, que l’on peut aborder grâce à l’exemple du roman 1984 de Georges Orwell, paru en 1949. La figure principale de ce roman est le personnage de Big Brother, aujourd'hui allégorie du régime policier et totalitaire, de la société de la surveillance, ainsi que de la réduction des libertés. En effet, la société des années 50, scrutée par les yeux d’Orwell, laisse paraître les symptômes d’une omni-surveillance, notamment par les régimes totalitaires s’étant opposés lors de la Seconde Guerre Mondiale, tout juste terminée. Ces régimes ont amené Orwell à implanter dans son univers dystopique la prise de pouvoir de Big Brother, où toutes les pensées sont minutieusement surveillées, et d’immenses affiches sont placardées dans les rues, indiquant à tous que « Big Brother vous regarde » (Big Brother is watching you). Un autre exemple à évoquer est celui du personnage d’Hugo dans Tout doit disparaître de Mikaël Ollivier, paru en 2007. Suite à une mutation de ses parents, le jeune homme va faire ses années de collège sur l’île de Mayotte, ce qui entraîne un radical changement de vie, difficile à accepter à ses débuts puis libérateur. Les bidonvilles, la chaleur, la façon d’appréhender le monde, les relations amoureuses, tout est différent de la métropole. Si différent qu’à son retour, Hugo est submergé par des choses qui lui semblaient banales avant son départ pour Mayotte, comme la frénésie des soldes, l’invasion des marques, les publicités tapageuses…
On se rend alors compte du contrôle qu’exerce la surconsommation sur nos comportements, jusqu’à celui d’Hugo qui va entrer en résistance et devenir plus responsable vis à vis de l’écologie et du respect des autres, suite au choc qu’il a subit en passant de la vie sous les tropiques à l’urbanisation extrême de sa ville en métropole. Ainsi, l’omnipotence de Big Brother et la prise de conscience d’Hugo amènent le lecteur à réfléchir sur l’impact phénoménal que peuvent avoir la surveillance et la surconsommation sur nos sociétés.
Mais nous allons voir que le personnage de roman a la capacité de modifier la perception du réel du lecteur non seulement en impactant sa vision d’événements majeurs, mais également en impactant directement sa personnalité. En effet, les erreurs du personnage jouent le rôle de leçons de vie auprès du lecteur, et nous pouvons observer cela par l’exemple du personnage de Laurent dans le roman d’Émile Zola Thérèse Raquin (1867). Celui-ci ne peut pas vivre sa passion amoureuse avec Thérèse
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