Dans quelle mesure le personnage de roman donne t-il au lecteur un accès privilégié à la connaissance du cœur humain ?
Dissertation : Dans quelle mesure le personnage de roman donne t-il au lecteur un accès privilégié à la connaissance du cœur humain ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar EVA.MARIN229 • 12 Mars 2022 • Dissertation • 2 477 Mots (10 Pages) • 864 Vues
Devoir Maison - Dissertation facultative
Le roman est un genre qui voit le jour au XVIe siècle, un siècle où la littérature regroupait trois courants principaux: la littérature humaniste, la littérature courtoise et la littérature engagée. Le roman se détache aussi du reste des genres littéraires car il s’agit d’un récit plus ou moins long, en prose, autrement dit d’une narration mettant en scène plusieurs personnages confrontés à une intrigue; personnages dont la psychologie est exposée tout au long du roman. Lorsqu’un auteur écrit un livre, il accorde beaucoup d’importance à la création de ses personnages. Il leur donne une personnalité particulière qu’il veut faire saisir au lecteur afin de marquer ce dernier puisqu’un des buts de l’écrivain est de bien entendu parvenir, avec n’importe quelle manière, à toucher ses lecteurs. En lisant un roman, nous rentrons dans l’univers des personnages mis en place par l’auteur pouvant être réel ou fictif, nous nous mettons en quelque sorte dans leur peau en imaginant que l’on est confronté aux mêmes intrigues. Dans la vie de tous les jours, il est souvent difficile d'accéder au « cœur » d'autrui. Nous avons accès aux gens qui nous entourent par leur aspect physique, leur comportement, mais on ne sait jamais ce qu'ils ressentent ou pensent dans le fond. Or, « le but suprême du romancier est de nous rendre sensible l'âme humaine, de nous la faire connaître et aimer dans sa grandeur comme dans sa misère, dans ses victoires et dans ses défaites » comme nous l’a si bien dit Georges Duhamel, grand médecin, écrivain et poète français du XXe siècle, dans son œuvre Essai sur le roman publié en 1925. Une question se pose : le personnage de roman donne-t-il au lecteur un accès privilégié à la connaissance du cœur humain? Afin de répondre à cette question, nous pourrons montrer que le personnage de roman est comme un moyen d’accès à la connaissance du cœur humain puis on remarquera que le roman est un genre privilégié pour accéder à la connaissance de l’homme et enfin, pour finir, nous mettrons en évidence le fait que les personnages de roman ne nous permettent pas toujours de mieux connaître l’âme humaine dans toute sa complexité et sa profondeur.
Tout d’abord, le personnage de roman éclaire le cœur humain. Mais alors, qu’est-ce que la connaissance du « coeur humain »? Par métonymie, le « cœur » désigne les émotions, les sentiments, les passions, les désirs, les pensées, autrement dit tout ce qui n'est pas accessible de l'extérieur, tout ce que l'on cache ou dont on n'a pas conscience. L'adjectif « humain » renvoie à des personnes auxquelles le lecteur peut se comparer : il ne s'agit pas d'un cœur humain, mais du cœur humain. Enfin, le mot « connaissance » n'est pas à prendre au sens scientifique : la « connaissance » est ici ce qui implique la lucidité sur les sentiments de l'homme, ce qui les fait comprendre. Le personnage de roman est comme un moyen d’accès à la connaissance du cœur humain donc nous pouvons dire dans ce cas que le personnage de roman est comme un moyen d’accès à la connaissance des émotions, des sentiments, des passions, des désirs et des pensées humaines.
Puis, c’est l’accès à un cœur humain ou au cœur humain ? Comme le théâtre, le roman, à travers la peinture de son personnage, donne apparemment accès à un cœur humain (au cœur d'un homme). Le roman s'inscrit en effet dans une époque, il raconte l'histoire d'un personnage précis, d'une destinée singulière : dans Le Rouge et le Noir de Stendhal dans lequel Julien Sorel est un jeune homme du peuple « de 1830 ». Le personnage de roman n'est que la vision d'un homme à une époque et à un moment donnés. Le personnage romanesque est daté, marqué par un contexte, c'est une photographie de son époque comme pour l’œuvre Les liaisons dangereuses écrite par Pierre Choderlos de Laclos où la marquise de Merteuil est le personnage principal du roman et elle représente l'aristocrate libertine de l'époque Louis XV, comme dans La Princesse de Clèves de Madame de la Fayette dans lequel Madame de Clèves est un personnage fictif incarnant les valeurs contradictoires de la société du XVIIe siècle ou encore comme dans Gargantua publié par François Rabelais en 1534 dans lequel le géant Gargantua incarne le modèle de l'homme idéal de la Renaissance. Pourtant le roman donne aussi accès au cœur humain. Chacun des personnages, parce qu’il est composé de plusieurs êtres réels, comporte une « parcelle » du cœur humain en général. Dans la préface du roman Le Cabinet des Antiques publié par Honoré de Balzac en 1838, l’écrivain explique que « souvent, il est nécessaire de prendre plusieurs caractères semblables pour arriver à en composer un seul […] La littérature se sert du procédé qu’emploie la peinture, qui, pour faire une belle figure, prend les mains de tel modèle, le pied de tel autre, la poitrine à celui-ci, les épaules de celui-là ». Ensuite Émile Zola, lui, grand écrivain et journaliste français, explique que, dans l’essai Le Roman expérimental publié en 1880, « le romancier part à la recherche d’une vérité » et, s’il ne « s’écarte pas des lois de la nature », crée des « types »presque plus vrais que la réalité. Et comme il l’a si bien dit « Au bout de son travail, il y a la connaissance de l’homme ».
Mais c’est là une capacité commune aux œuvres littéraires. Le roman serait-il, par rapport aux autres genres, un moyen privilégié de connaître l’homme ?
Le roman, pour éclairer l’homme, emploie tous les moyens dont disposent les autres genres littéraires. Ainsi, il tient du théâtre en recourant aux dialogues qui dévoilent le « cœur » du personnage et en font le portrait en paroles. Dans La Duchesse de Langeais publié par Honoré de Balzac en 1834, par des effets de contraste et de surprise, le dialogue révèle les sentiments des deux personnages. Les dialogues argumentatifs dévoilent les pensées et convictions des personnages comme cela est le cas dans le chapitre VII de la quatrième partie de Germinal, roman publié par Émile Zola en 1877, où Étienne tient une réunion clandestine, la nuit, dans la forêt, et incite les mineurs à poursuivre la grève « Un silence profond […] sang et de misère ! ». Le roman tient de la poésie par la révélation directe des sentiments : il donne accès directement à l’univers affectif et mental par la focalisation interne. Tantôt, lorsqu’il est aussi narrateur, le personnage s’exprime directement recourant à une expression lyrique comme dans le dernier chapitre de l’œuvre Le Dernier jour d’un condamné de Victor Hugo publié en 1829 « Un juge, un commissaire […] QUATRE HEURES », ce registre est à la fois lyrique et pathétique et l’écrivain fait appel à l’empathie des lecteurs, ou plus prosaïque comme dans L’Étranger, roman publié par Albert Camus en 1942, où l’écrivain examine les personnes de la réalité, fait l’étude des interactions entre l’individu et son milieu afin de montrer la vérité en face : il s’agit de la peinture de l’existence décrite de façon prosaïque, loin de toute transcendance divine ou morale. L’accès au cœur humain est alors direct. Tantôt c’est le monologue intérieur qui traduit presque telles quelles les émotions non exprimées ouvertement tout comme dans l’interrogation « Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? » présente dans le roman La Condition humaine publié par André Malraux en 1933. Dans les lettres du roman épistolaire comme le roman Les Liaisons dangereuses publié par Pierre Choderlos de Laclos en 1782 ou dans le roman autobiographique comme L’Enfant publié par Jules Vallès en 1881, lieu « normal » de l’épanchement, l’auteur se met à nu et livre son cœur « en direct ».
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