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Le lyrisme amoureux dans les poèmes de "A la mystérieuse" de Desnos

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Par   •  19 Mai 2018  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 017 Mots (5 Pages)  •  1 864 Vues

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Le lyrisme amoureux dans A la mystérieuse (Robert Desnos)

Les poèmes du recueil A la mystérieuse s’inspirent de l’amour non partagé de Desnos pour Yvonne George, une comédienne et chanteuse de music-hall.

La femme aimée est associée dans les poèmes choisis à la nature et aux éléments du paysage, de manière fantasmagorique et symbolique : on trouve des images appartenant au champ lexical du ciel et de la mer, comme celles des « étoiles », de « l’étoile filante », des « constellations », de « la mer », de « l’île ». La femme est également associée aux sens à travers l’image de « la fleur qui danse dans la rivière au bout de sa tige aquatique » ou à celle du « bruit des coquilles d’huîtres qui se brisent sous le pas du noctambule ». En assimilant la femme aimée à la nature, Desnos reprend donc la tradition de la poésie lyrique (cf. Baudelaire, Victor Hugo…), mais fidèle aux procédés du surréalisme, il crée des comparaisons et des métaphores selon une libre association d’idées, et le lien entre le comparant et le comparé reste parfois mystérieux.

La femme aimée, dans l’ensemble des poèmes, est vue comme ambivalente et réunit tous les contraires : elle est à la fois joyeuse et triste (« ô joyeuse comme la fleur (…) ô triste comme sept heures du soir ») « insoumise » et « prisonnière », source de bonheur et de tourment pour le poète, qui l’associe aux « bateaux de sauvetage » mais aussi aux « orages qui s’enfuient ».

Pour tenter de matérialiser cette femme, le poète évoque certaines parties de son corps liées à l’amour et à la sensualité : les « regards », la « bouche », la « voix », le « front », les « lèvres », la « bouche ». Ces métonymies indiquent le désir charnel que le poète a pour elle. Mais comme l’amour n’est pas partagé et qu’elle est inaccessible, elle est représentée comme une « ombre », « un mirage », un « rêve éternel ».

Pour tenter de l’atteindre, le poète se réfugie dans un monde onirique où il peut projeter son désir : dans « J’ai tant rêvé de toi », l’anaphore insiste sur ce rêve qui a la force d’une obsession, mais plus on avance dans le poème, plus la femme aimée s’éloigne du poète et lui échappe. D’ « ombre », elle devient « fantôme », et les bras du poète n’étreignent que du vide, décrivant ses « bras habitués en étreignant (son) ombre à se croiser sur (sa) poitrine » puis affirmant : « je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu ». Peu à peu, ce n’est pas seulement la réalité de cette femme qui s’estompe, mais également celle du poète, qui devient « fantôme parmi les fantômes ». Le poète semble plongé dans un sommeil qui préfigure la mort (« il n’est plus temps sans doute que je m’éveille »), ou en tout cas errer entre la vie et la mort, prisonnier d’un sommeil perpétuel (« Je dors debout »). Cette mort symbolique s’exprime dans le superlatif « plus ombre cent fois que l’ombre qui se promène sur le cadran solaire de ta vie ». De même, dans le poème « A la faveur de la nuit », dont le titre suggère le moment du rêve, le thème de l’absence est omniprésent : la femme apparaît tout d’abord sous la forme d’une « ombre » qu’il aperçoit à la fenêtre, mais lorsque cette dernière s’ouvre (symbole du poète qui se réveille ?), le vent balaie ses illusions : « Ce n’est pas toi. / Je le savais bien ».

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