Le buffet, Rimbaud
Commentaire de texte : Le buffet, Rimbaud. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar jyaisse • 5 Juin 2017 • Commentaire de texte • 2 165 Mots (9 Pages) • 3 809 Vues
Le Buffet
Pour l’avant dernier poème du second Cahier et donc du recueil, le poète a opté pour la forme traditionnelle du sonnet afin d’évoquer un objet de notre quotidien. Le texte respecte une progression rigoureuse : la première strophe propose une description générale du meuble, la seconde, son contenu ; le premier tercet incite à la rêverie alors que le suivant permet une réflexion plus large.
Comment Rimbaud renouvelle-t-il ici le topos du Carpe Diem ?
I Évocation d’un objet de notre quotidien
1) Description d’un objet en apparence anodin, simple…
Il s’agit en effet d’un objet commun, présent dans toutes les maisons (à l’origine, il permettait de ranger la vaisselle mais cet usage a été étendu à d’autres objets ensuite).
Volonté d’en faire un élément important
Le nom « buffet », en plus de son évocation dans le titre, apparaît aux vers 1 et 12 et le présentatif « c’est » (1) (tout comme le trou de verdure » du « Dormeur du val ») souligne la volonté du poète d’en fait un élément important. Cette idée est d’ailleurs reprise par l’invocation « ô », dans le second tercet où le poète adopte un ton admiratif.
Description des caractéristiques
Grande taille
Le poète a cet objet sous les yeux et en décrit l’apparence, les caractéristiques, de manière simple et précise grâce à divers adjectifs présents dans les strophes 1 et 4 : Grande taille : « large » (1) « grandes portes » (14),
décoration
décoration « sculpté » (1), couleur foncé « sombre » (1), « noires » (14).
solidité dans le temps
La matériau dont il est fait est aussi évoqué à l’aide du terme « chêne » (1), bois connu pour sa solidité dans le temps. D’ailleurs plusieurs mots venant du même radical (polyptote) « très vieux » (2), renforcé par l’hyperbole, vieilles gens » (2), « vieux »(4), « du vieux temps » (12) renvoient tous à cette même idée de pérennité dans le temps. Effet d’insistance.
Un buffet ouvert...
Le poète précise enfin l’état du buffet au moment où il le regarde, à savoir qu’il est « ouvert » (3) + « s’ouvrent » (14) ; le fait que le buffet soit ouvert permet au poète d’en décrire le contenu dans les strophes 2 et 3.
2) Mais dont le contenu est riche
Buffet plein à craquer
Le buffet contient un amoncellement d’objets hétéroclites : le buffet déborde. Cf hyperbole « tout plein » (5). Son contenu est en désordre « fouillis » (5), se mêle (11), il contient une grande quantité d’objets. Cf terme générique « un flot (4) + tous les noms sont au pluriel (linges, dentelles, médaillons, etc). Le désordre et l antiquité sont aussi soulignés par les numérotations et les enjambements v 6-7, 9-10, 11-12 ; le lecteur a donc bien l’idée d’un contenu dense et varié.
Des objet du quotidien amassés sur plusieurs générations
Tout comme le meuble, les objets relèvent eux aussi du quotidien, ils sont liés aux personnes qui les ont utilisés. On trouve donc des vêtements surtout (cf champ lexical du textile), des souvenirs « les médaillons » (9), « les mèches de cheveux »(9-10), « les portraits » (10 », « le fleurs séchées (10). Tout cela suggère une accumulation d’objets appartenant à différentes personnes et à plusieurs générations comme s’y réfèrent les termes « femmes » (7), « enfants » (7), et grand-mère » (8).
Ainsi, le meuble s’apparente à une sorte de reliquaire (dimension sacrée) où sont amoncelés tous les souvenirs familiaux. Le buffet devient alors une sorte de grenier ou d’album photo retraçant le passé.
II Le buffet est un témoin du temps qui passe, un reflet de notre mémoire
1) Le buffet, objet animé
La poète le considère comme une personne. On remarquera d’ailleurs la majuscule à Buffet dès le titre comme s’il s’agissait d’un nom propre.
Objet vivant doté de sens
En premier lieu, Rimbaud donne au buffet ressemble à un être humain, par mimétisme peut-être avec ses propriétaire comme l’évoque la comparaison « cet air si bon des vieilles gens » (2).
C’est aussi un objet « vivant » car il est associé à différents sens : l’odorat « parfum », « odorants », « parfum » /le goût cf. vin, fruits / La vue (« jaunes + motif des griffons), l’ouïe : « tu bruis ».
Un dialogue avec le buffet
Le poète s’adresse à lui comme à une personne comme le suggère le « ô » lyrique du vers 12 et les différentes marques de la 2è personne. Il s’agit d’une sorte de dialogue, car le buffet répond à sa manière au poète en bruissant (13). On remarquera par ailleurs les allitérations en « ch », en « v » et en « f » qui traduisent aussi le bruissement du vieux meuble.
Doté de savoir, de pensée et de volonté
En plus de la parole, Rimbaud attribut au buffet d’autres caractéristiques le rendant un peu plus humain. Il est capable d’actions « il verse » (3), il a des connaissances « tu sais » (12) et « conter tes contes » (pléonasme qui renforce cette idée de mémoire) et il a une volonté « tu voudrais » (13).
De cette façon, Le buffet détient des propriétés humaines, le rendant vivant et autonome.
[a]
2) Le buffet, symbole du temps qui s’écoule
Un objet marqué par le temps
Vieux buffet
Le buffet porte la trace du temps qui passe. Rimbaud insiste là-dessus à travers la polyptote « vieilles », « vieux » et le pléonasme « vieilles vieilleries ». Cependant, il vieillit mais ne meurt pas, comme le soulignent les verbes au présent, montrant qu’à l’heure où Rimbaud parle, il est bien vivant.
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