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Le Rouge et le Noir, roman d'apprentissage

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Par   •  7 Mars 2021  •  Dissertation  •  2 147 Mots (9 Pages)  •  12 654 Vues

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Introduction :

        Le Rouge et le Noir, sous-titré « Chronique du XIXème siècle» puis « Chronique de 1830 », est un roman d’apprentissage écrit et publié par Henry Beyle, connu sous le nom de Stendhal en 1830.  Le genre du roman d’apprentissage nait en Allemagne au XVIIIème siècle, nommé le « Bildungsroman ». Il relate le parcours d’un jeune héros doué d’une profonde ambition qui le poussera à s’extraire de sa classe sociale afin de gravir les échelons de la société. Ce héros rencontre différents initiateurs durant son parcours qui l’aident à s’éduquer sur de nombreux plans, tels que les plans sociaux, sentimentaux ou encore moraux. Le Rouge et le Noir en est le parfait exemple : Il relate le parcours de Julien Sorel, un jeune homme de dix-huit ans, fils de charpentier, débutant sa vie adulte. Ce récit retrace l’ascension sociale, mais aussi morale et sentimentale de Julien durant cinq ans, jusqu’à sa mort. Durant cet apprentissage, Julien rencontre différents initiateurs, comme Madame de Rênal, ou encore Mathilde de la Mole, qui vont lui faire découvrir l’amour, mais aussi le hisser dans la haute société. Nous pouvons alors nous demander si les personnages principaux de ce roman, Julien Sorel, Mathilde de la Mole et Madame de Rênal, sont ou non des héros. Nous étudierons de prime abord leurs aspects typiques du héros de roman, puis leurs penchants antihéroïques et enfin ce qui les rend « héroïques » dans d’autres sens du terme.

I/Des héros typiques du roman

  1. Les caractéristiques typiques du héros.

Les trois personnages de ce roman peuvent être considérés comme des modèles sur les plans physiques, moraux et spirituels. En premier lieu, Julien est décrit comme un beau jeune homme, avec des traits « délicats » et de « grands yeux noirs » qui montrent « la réflexion et [le] feu ». Mathilde de la Mole est également décrite comme une belle jeune femme, adulée par de nombreux hommes, comme le Marquis de Croisenois. Madame de Rênal, elle, est également dépeinte comme une belle femme « Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout, même ce qu'il venait faire. »

De surcroît, Julien, Mathilde et Madame de Rênal se distinguent sur les plans moraux et intellectuels ; Julien est un jeune homme très intelligent, avec une mémoire hors norme « Julien avait une de ces mémoires étonnantes » « sa mémoire se trouva fidèle, ». Il aime la lecture et tient beaucoup à ses livres, notamment Le Mémorial de Saint Hélène. « Il avait les larmes aux yeux […] pour la perte de son livre qu’il adorait ».  Madame de Rênal est une femme honnête, sincère et affectueuse. C’est une femme dévouée qui n’hésite pas à désobéir à son mari pour rendre visite à Julien en prison. Elle est très pieuse et se rend souvent à l’Église pour prier et se confesser. Mathilde est également très dévouée à Julien, ce qu’on peut voir à la fin du second livre « Mathilde porte à l'abbé de Frilair une lettre de Mgr l'évêque de ***, premier prélat de France, qui demande l'acquittement de Julien. » Elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour sauver la vie de Julien.

 

  1. Des personnages typiques du roman d’apprentissage.

Julien Sorel : C’est le personnage principal dont le roman retrace l’ascension sociale, sentimentale puis morale de ces dix-huit à vingt-trois ans. On suit son parcours au travers de différents mondes : d’abord à Verrières chez les De Rênal, puis dans le monde ecclésiastique, puis dans la haute société aristocratique de Paris chez le marquis de la Mole, et enfin sa fin et sa mort. Il joue également le rôle d’initiateur sur le plan sentimental pour Mathilde de la Mole Madame de Rênal à qui il fait découvrir le véritable amour. Il a donc une place centrale dans le roman tout comme dans les vies des deux autres personnages principaux.

Madame de Rênal :  C’est un personnage très important dans tout le roman. Elle est présente dans le livre premier puis reparaît dans la fin du second livre. Elle est l’une des initiatrices de Julien au cours du roman, « Cette éducation de l’amour, donnée par une femme extrêmement ignorante, fut un bonheur. » Elle lui fait découvrir l’amour, mais également les mœurs d’une plus haute société « Le rang de sa maîtresse semblait l’élever au-dessus de lui- même ».

Mathilde de la Mole : Mathilde est un également personnage central du roman ; elle est très présente dans le second livre, et joue un rôle important jusqu’à la fin. Elle prend également un rôle d’initiatrice pour Julien. Elle lui fait découvrir la haute société aristocratique de Paris, et lui permet d’obtenir le titre de lieutenant de hussard puis un nom plus noble, qui est « M. le chevalier Julien Sorel de La Vernaye ». Elle lui fait également découvrir l’amour puis le désamour, à la manière de Marie Arnoux et Frédéric dans L’Éducation sentimentale de Flaubert.

        Ces trois personnages représentent donc bien les caractéristiques typiques du héros de roman, et plus précisément du roman d’apprentissage. Pour autant, leurs actes antihéroïques marquent une rupture avec la définition plus traditionnelle du héros, qui est celui qui se distingue par ses exploits ou ses valeurs, que l’on peut retrouver dans les romans de chevalerie comme ceux de Chrétien de Troyes.

II/Des êtres antihéroïques

  1. De multiples échecs sentimentaux

Stendhal dresse un portrait antihéroïque des trois personnages principaux sur de nombreux plans. Sur le plan sentimental ; Julien utilise l’amour de Madame de Rênal et de Mathilde pour parvenir à ses fins sans jamais en profiter réellement. Pour lui, obtenir l’amour de ces deux femmes est plus une question d’orgueil que de sentiments, ce qui l’empêche de découvrir le véritable amour jusqu’à la fin du livre, peu de temps avant sa mort, quand il se rend compte de l’adoration incommensurable qu’il porte à Madame de Rênal. « Après une telle action, comment lui persuader que je l’aime uniquement ? » Cette dernière va premièrement trahir ses valeurs loyales pour succomber à son amour de Julien, et va tromper son mari avec lui. De plus, elle va malgré elle développer une jalousie immense envers Elisa, qui veut épouser Julien et se réjouir de son malheur. Elle rédige également une lettre dénonçant Julien comme un séducteur sans scrupule se servant des femmes pour se hisser dans les beaux rangs de la société, qu’elle envoie au marquis de la Mole, ce qui cause la mort de son être aimé. Mathilde, elle, est aveuglée par son désir de ressembler à son aïeule, Marguerite de Navarre, et se persuade d’un amour inexistant envers Julien, à la hauteur de passions dans Manon Lescault. De plus, son égo et son orgueil prennent le pas sur l’amour qu’elle pense ressentir, et elle rejette Julien à cause de son rang social. 

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