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Le Rouge et le Noir / Stendhal

Commentaire d'oeuvre : Le Rouge et le Noir / Stendhal. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  15 Mai 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 038 Mots (9 Pages)  •  404 Vues

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LL1

Introduction :

Le Rouge et le Noir est un roman marqué par les deux principaux mouvements littéraires du XIXème siècle : le romantisme et le réalisme. Ce sont deux mouvements littéraire en opposition : le réalisme est en réaction contre l’idéalisme et le lyrisme du romantisme. Né en 1793, Henri Beyle commence une carrière militaire au côté de Napoléon : il s’inspire de cette période pour écrire le Rouge et le Noir qu’il publiera en 1830 sous le nom de Stendhal. Ce roman est doté d’un sous-titre : Chroniques de 1830. Il témoigne du souhait de Stendhal de parler à travers le personnage de Julien Sorel, de la période historique du début du XIXème siècle, la Restauration. Cela appuie le caractère réaliste de ce roman. Julien, fils d’un charpentier rêve de gloire à l’image de Napoléon, son idole. Tour à tour, précepteur, séminariste puis secrétaire, il arrive à s’élever socialement avant d’être rattrapé par les vices de cette société et finir guillotiné. Dans cet extrait, Julien Sorel quitte Verrières pour se replier à la montagne, chez son ami Fouqué, marchand de bois. Il s’arrête en chemin, sur la plus haute montagne, dernière hauteur avant d’arriver chez Fouqué et passe la nuit dans une grotte, seul, laissant libre cours à sa rêverie de réussite sociale. Il est intéressant d’analyser dans ce passage comment le paysage joue un rôle symbolique dans le désir d’ascension sociale du personnage.

 Deux mouvements, correspondant aux deux paragraphes du passage :

- Arrivée de Julien au sommet et installation dans la grotte, retraite propice à l’écriture libératoire (l. 1-11)

- Avec le crépuscule, basculement de la scène réelle en projection onirique de réussite (l. 12-21)

Analyse du texte :

Phrase 1 :
Longue phrase ample, à cadence majeure, qui mime le but atteint, ce « sommet »/ L’adverbe
« Enfin » souligne l’effort réalisé dans l’ascension, de même que l’adjectif «grande ». Les 4
groupes syntaxiques (PSR, CC de moyen, CC de lieu, GN apposé) qui suivent, en allongeant la phrase, insistent aussi sur la difficulté de gagner ce lieu, dans lequel Julien va trouver un havre de paix et une cachette.  

Phrase 2 :
Mais l’adverbe « Enfin » ne signale pas la hâte de rejoindre son ami. La phrase 2 crée un
contraste avec la précédente, qui se terminait pourtant par le terme « ami ». Ici, la négation
domine la phrase. « n’était point » (négation totale », renforcée par la conj. de coord. « ni »,
elle-même renforcée par l’adjectif indéfini « aucun ». La position tonique du pronom « lui »,
en début de groupe syntaxique, insiste sur le désir d’éloignement de Julien, alors que
Fouquet est son ami le plus proche et celui avec lequel il est le plus vrai, le plus sincère. Le
désir de solitude de Julien est aussi étendu à tous les êtres humains. Il désire donc
également sa mise à l’écart de la petite société provinciale dans laquelle il vient de faire ses
débuts.  

Phrase 3 :  
Non seulement Julien souhaite la solitude, mais sa halte se transforme en cachette, comme
l’indique l’adjectif qui débute la phrase 3. La comparaison « comme un oiseau de proie »,
l’oppose ainsi au GN précédent « aucun autre être humain », et au GN « tout homme », qui
suit. Julien est ainsi distingué, différencié de l’ensemble des autres hommes, dont il se met à
l’abri. Mais cette prise de distance est ambiguë : on pourrait penser à un repli inquiet, à une
méfiance du personnage/ aux autres (renforcé par la modalisation « qui se serait
approché ») (cf portrait : il est toujours battu et victime des autres). Mais de nombreux
éléments soulignent sa position dominante : idée du vol de l’oiseau de proie - il surplombe
et il voit sans être vu (« pouvait apercevoir ») ; il est placé au milieu des rochers qui « couronnent » la montagne, comme s’il était lui-même couronné par ce décor, qui le
magnifie.  L’oiseau de proie rappelle l’épervier aperçu dans le chapitre 10 dans les bois de Vergy, où il était déjà monté se réfugier et où il jouissait de sa position dominante sur la ville et où l’oiseau est comparé à Napoléon. Là, il se demandait si force et isolement de l’oiseau serait aussi sa propre destinée, comme elle avait été celle de Napoléon. Deux chapitres plus loin, il s’identifie désormais à l’oiseau de proie et on voit qu’il commence à répondre à la question qu’il se posait alors.  

Phrase 4 :  
Narration (action + PS). Découverte du lieu symbolique de la « grotte », lieu de protection au
cœur de l’hostilité indiquée par « pente presque verticale »), de secret, de repli, représentant
le ventre de la mère (Julien est orphelin de mère...).

Phrase 5 :  
Narration (action + PS) qui montre la volonté de Julien orientant sa « course » vers ce lieu.
L’adverbe « bientôt » souligne sa détermination. Le terme « retraite » met en évidence la
symbolique de la grotte. Julien se met volontairement à l’écart du reste du monde.  

Phrase 6 :  
Le monologue intérieur de Julien (verbe de parole « dit-il ») met en évidence l’ambiguïté de
la position de Julien, qui à la fois jouit de ses premières victoires sur « les riches », (« les yeux
brillants de joie », mais dont la motivation de repli est aussi la peur que les autres humains
ne lui fassent « mal ».  

Phrase 7 :
Cette crainte des autres apparaît ici par le terme « dangereux » qui qualifie l’activité de se
« livrer », de libérer ses pensées par l’écriture, donc de se mettre à nu, de se dévoiler. Met
en évidence la dissimulation que développe Julien au sujet de sa passion pour Napoléon par
exemple (cf le livre et le portrait qu’il vient de brûler), et l’hypocrisie qui l’insupporte, mais
dont il fait aussi une stratégie de succès. La préposition « partout » souligne la nécessité de
la dissimulation apprise par Julien dès son plus jeune âge.

Phrases 8 et 9 :
Phrases courtes qui miment la célérité de la plume (« qui volait »). Les imparfaits semblent
étirer l’action de l’écriture et la figer dans un tableau idéal. Mais les deux points introduisent
une proposition consécutive (conséquence) qui a une connotation négative. La négation
totale « ne voyait rien » certes insiste sur la frénésie de son activité libératoire, mais montre
aussi un personnage comme décalé du réel, paysage dans lequel pourtant il s’est replié et
qui le protège. L’opposition entre la magnificence du paysage et le caractère de Julien
avaient déjà été soulignée juste avant ce passage pour indiquer que son ambition le rendait
insensible à la beauté environnante (l.91 à 93 p.90). Il apparaît donc replié sur lui-même et
concentré sur sa propre intériorité.  

Phrase 10 :
La dernière phrase du § indique grâce à l’adverbe « enfin » que Julien sort de son monde
intérieur au moment du crépuscule (« le soleil se couchait »). L’indication des « montagnes

...

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