Le Lac de Lamartine
Commentaire de texte : Le Lac de Lamartine. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Pierrot75014 • 22 Janvier 2022 • Commentaire de texte • 1 695 Mots (7 Pages) • 442 Vues
Commentaire littéraire rédigé
« Le Lac » de Lamartine
PLAN | |
INTRODUCTION I) Un lac dans un écrin de verdure, lieu de rencontre idéal des amoureux. Le poète Lamartine a fait cette douce expérience au XIXe siècle, au bord du lac du Bourget, en compagnie de Julie Charles. Hélas, un an après, la jeune femme, très malade, ne sera plus là et le poète reste seul avec son chagrin. II) Dans le poème « Le Lac », extrait du recueil Les Méditations, il se retrouve devant le paysage qu’il a partagé avec son amie. Que ressent-il alors ? Il l’exprime dans cet extrait particulièrement lyrique, en évoquant le souvenir de l’être aimé (qu’il nomme Elvire dans le poème). III) Alors, la nature, complice des moments heureux, devient peu à peu une confidente privilégiée. Et cette contemplation nostalgique l’amène à méditer sur le temps qui passe et la condition humaine. I. 1. L’écriture se présente d’abord pour le poète comme un moyen d’expression de ses sentiments. Le lyrisme développé ici par Lamartine lui permet de souligner ses sentiments envers l’héroïne et de montrer l’image de la femme aimée reconstruite par le souvenir. a) L’extrait étudié présente peu d’occurrences de la première personne. Dans les cinq premières strophes, on ne trouve que deux formes du pronom : tu « tu » (vers 8, 9 et 10) « te » (vers 10) Même si on peut relever encore le pronom « nous » deux fois (nous de généralisation « Ne pourrons-nous jamais » (vers 3) et nous qui évoque le poète et sa bien-aimée « nous voguions en silence » (vers 13)), on peut tout de même affirmer que le « je » du poète reste omniprésent puisque le lecteur est plongé dans ses pensées et ses souvenirs. Ses élans d’affectivité sont mis en valeur dans la deuxième strophe par l’interjection Ô utilisée en tête de vers et la phrase exclamative utilisée trois fois dans ce seul quatrain. b) Le sentiment exprimé par ces indices du lyrisme est évidemment l’amour porté à la jeune femme, souligné par son champ lexical de l’amour : « flots chéris » (vers 6) ; « adorés » (vers 12) ; « charmés » (vers 18) ; « les rapides délices » (vers 23) ; « Aimons donc, aimons donc ! » (vers 33). Ces adjectifs ne qualifient pas forcément la femme aimée, mais leur utilisation fait de ce texte un poème d’amour. Le poète rapporte aussi dans le discours direct des termes du vocabulaire de l’amour « Laissez-nous savourer les rapides délices » (vers 23) ; « Aimons donc, aimons donc ! » (vers 33) ; « Hâtons-nous, jouissons ! » (vers 34) c) L’autre sentiment exprimé, qui découle du premier, est bien sûr la souffrance face à la solitude. Le poète ne peut lutter contre la maladie qui contrecarre la volonté des amants, comme le souligne l’imparfait au vers 6 (« devait »). Le mot « regarde », accentué par la césure du vers 7, est encore mis en valeur par la liaison (on peut également y voir un parallélisme ou un rejet) des vers 7 et 8 provoquée par la répétition du mot « asseoir » qui souligne que la situation vécue à deux auparavant, est vécue dans la solitude aujourd’hui. 2. a) Le poète, en exprimant ses sentiments, plonge dans ses souvenirs. Les strophes 2 à 5 sont écrites avec les temps du passé : alternance de l’imparfait et du passé simple. Il se recrée ainsi une image de la femme aimée. La femme, jamais nommée dans cet extrait (on sait qu’elle se nomme Elvire) est désignée par le pronom « tu ». Cette perte d’identité permet, au lecteur comme au poète, d’imaginer la figure chérie. La femme est évoquée par deux éléments physiques : « ses pieds adorés » (vers 12) et « La voix qui m’est chère » (vers 19). Le fait de ne présenter la femme que par ces deux éléments lui donne un statut divin : on peut pratiquement croire que le poète se jette à ses « pieds adorés » comme le fait « l’écume de tes ondes », et écoute la voix venue du ciel qui a « des accents inconnus à la terre » qui « du rivage frappèrent les échos », v.17 et 18. Cette voix, normalement tout à fait humaine, prend ici une dimension surnaturelle. La femme emplit tellement le souvenir du poète qu’elle se substitue à lui et ses paroles sont rapportées au discours indirect (style direct) sur les 4 dernières strophes. b) Le changement de situation d’énonciation est souligné encore par le changement des mètres utilisés dans ces strophes. Les rimes féminines des alexandrins sont systématiquement alternées avec les rimes masculines des hexasyllabes. Cette harmonie peut pousser le lecteur à soupçonner que les paroles pourraient aussi bien être de la bouche du poète… II. 1. a) Même si le souvenir d’Elvire emplit l’ensemble du poème, il n’en reste pas moins qu’il souligne son absence. La seule présence réelle dans le texte est celle de la nature qui devient confidente, après avoir été la complice des moments partagés avec la femme aimée. b) Le poète, qui revient au bord de l’eau seul, s’adresse directement au lac, comme à un ami, qu’il tutoie. L’apostrophe de « t’en souvient-il ? » (vers 13), rend la situation très explicite : l’interlocuteur est un élément de la nature. La personnification est réactivée à plusieurs reprises : utilisation de l’impératif « regarde », du pronom « tu », de la forme interrogative « Un soir, t’en souvient-il ? ». D’autres termes désignent aussi la nature : « rivages» (vers 1 et 18) ; « océan » (vers 3) ; « l’écume » (vers 11) ; « flots » (vers 2, 16 et 19). 2. a) Mais la nature devient confidente parce qu’elle a d’abord été complice des moments heureux. L’anaphore de l’adverbe « ainsi », employé aux vers 10 et 11, insiste sur la similitude du paysage d’hier et d’aujourd’hui : « Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ; Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes ». Les strophes 3 et 4 montrent que la nature est à l’unisson du couple d’amants, en harmonie avec eux, même sur le plan sonore : le rythme régulier des vagues s’entend dans l’allitération en [s], l’cho des sons [ch] et [j], et le rythme ternaire du vers 13. b) De même, la diérèse qui souligne l’adjectif « harmonieux » (vers 16), développe le rythme cadencé des rameurs qui s’entend « sur l’onde et sous les cieux ». Les amants, silencieux, communiquent à travers les sons rassurants de la nature. III. 1. Cependant, si la nature est une présence réconfortante pour les romantiques, elle rappelle aussi à l’homme qu’il est soumis à une autre force qui le surpasse : celle du temps qui passe. Cette angoisse devant la fuite du temps est sans doute le thème omniprésent du poème : elle caractérise la vitesse de l’extrait et tout le passage au présent. 2. a) Le poète, si proche de la nature, utilise une métaphore filée (également une personnification) qui reprend le motif traditionnel de l’eau pour désigner la marche inexorable du temps et l’impossibilité de l’homme de s’y fixer : « le temps n’a point de rive ; Il coule, et nous passons ! » v.35-36. Métaphore employée à juste titre dans un poème dont le titre est « Le Lac » ! La seule solution qu’a trouvée Elvire pour échapper au temps qui passe est la prière brûlante qu’elle lui adresse dans les 4 dernières strophes. L’utilisation répétée des mots « coulez » (vers 26) et « Aimons donc » (vers 29) souligne le caractère pressant de la demande : « oubliez les heureux » montre que la jeune femme (Elvire) implore le temps d’épargner les malheureux au prix des heureux et « laissez-nous savourer les rapides délices » souligne cette volonté. b) Mais Elvire (et le poète…) sait très bien qu’il est impossible de se soustraire à cette force, et l’adverbe « mais », mis en valeur à la fin du premier hémistiche du vers 29 la pousse au constat de son impuissance, souligné par l’emploi du présent « le temps m’échappe et fuit ; / Je dis à cette nuit : « Sois plus lente » ; et l’aurore / va dissiper la nuit », v.30-33. La seule possibilité de faire front est de mettre en pratique la philosophie du « carpe diem » et de profiter de chaque « heures fugitives » (vers 33). Elvire utilise à nouveau des impératifs, mais cette fois pour s’adresser aux hommes qui partagent la même condition qu’elle : « aimons donc », Elvire encourage les hommes (dans la même situation qu’elle) à profiter de tous leurs moments heureux. L’allitération en [on] de ces impératifs martèle l’injonction. Face à la pérennité de la nature, la condition de l’homme est bien fragile : l’extrait se clôt sur les mots, au présent de vérité générale, « il coule et nous passons » pour appuyer notre impuissance. Dans ce poème du souvenir et de l’évocation des sentiments, Lamartine reprend donc les thèmes de la nature et du temps, thèmes particulièrement représentatifs du mouvement romantique. Il les traite avec beaucoup d’émotion, apportant à la poésie sa force d’écriture faite de lyrisme et d’harmonie. Cela valut à son recueil Les Méditations, paru en 1840, d’être un événement littéraire. | INTRODUCTION I) Evocation lyrique du souvenir de l’être aimé II) Le pouvoir de la nature III) L’angoisse devant le temps qui passe I. Evocation lyrique du souvenir de l’être aimé 1. Les indices du lyrisme
b) Le sentiment amoureux c) La souffrance du poète 2. L’évocation du souvenir a) L’aspect divin de la femme et le souvenir que l’auteur en a. b) L’union parfaite. II. Le pouvoir de la nature 1. La nature confidente a) la nature en association avec son amour b) La nature, seul espoir du poète 2. La nature complice a) La nature en adéquation avec son amour, complice même. b) L’union à travers la nature III. L’angoisse devant le temps qui passe 1. Représentation du temps qui passe 2. L’impossibilité d’échapper au temps qui passe a) La puissance du temps b) L’acceptation face à notre impuissance CONCLUSION |
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