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La princesse de Clèves

Dissertation : La princesse de Clèves. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  26 Avril 2022  •  Dissertation  •  2 465 Mots (10 Pages)  •  633 Vues

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Ménager-Martigny Raphaël 1B                            DM de Français

Sujet : Le personnage éponyme du roman de Mme de Lafayette est-il selon vous une femme libre de ses choix ou sous la contrainte de la morale de l’époque ?

        Annonce du plan : Nous montrerons dans un premier temps que la Princesse de Clèves est une femme sous la contrainte de la morale de l’époque. Néanmoins, nous évoquerons le fait, qu’au fil du temps, elle essaie d’être maîtresse de ses choix et de soi-même, à travers des luttes déterminées. Enfin, au-delà de la morale de l’époque et de la maîtrise de ses choix, nous expliquerons pourquoi la Princesse de Clèves, héroïne vertueuse, est victime d’un destin tragique.

        La Princesse de Clèves vit sous les contraintes de la morale de l’époque.

        Ainsi, elle est soumise à la morale que lui a inculqué sa mère. Au XVIIe siècle, les uses et coutumes humaines répondent à des principes moraux dressés en règle absolue. Mme de Lafayette insiste sur leur importance à travers le destin de la Princesse de Clèves. Ainsi, la morale inculquée par Mme de Chartres, sa mère, influe incontestablement sur les décisions de la jeune femme. Elle lui montre la vertu comme l’unique chemin possible pour une femme de l’époque : « elle lui faisait voir (…) quelle tranquillité suivait la vie d’une honnête femme ». Mme de Chartres semble en effet être l’allégorie d’un rempart contre les tentations car elle la met en garde contre les dangers de l’amour. Le malheur est la conséquence inévitable des tentations de l’amour. L’adultère, évoqué par la « galanterie » ou l’« engagement », conduit fatalement au malheur. A la suite du décès de sa mère, la jeune Princesse se retranche de la cour prétextant la nécessité de faire son deuil. Cet évènement révèle le désir de Mme de Clèves de s’éloigner et de résister à la tentation. Sa mère lui assure avant de mourir que son époux est la seule personne auprès duquel elle pourrait trouver le bonheur et le calme. Toutefois, il n’est nullement question de sentiments, mais la Princesse est amoureuse d’un autre homme. Finalement, à la fin du récit, l’aboutissement de l’éducation de sa mère est accomplie car la Princesse fait le choix d’un dévouement vertueux en se retirant dans un couvent.

        La Princesse est également obéissante à la morale janséniste. En 1640, Jansénius affirme le nécessaire retour à une grande rigueur morale. A la fin de sa vie, Mme de Lafayette se rapprochera de ce mouvement. Néanmoins on perçoit déjà des marqueurs de l’influence de cette pensée rigoureuse dans La Princesse de Clèves. Les jansénistes ont une sombre vision de la nature humaine. Mme de Chartres peut-être vue comme une peinture de cette vision. En effet, elle pointe bien la faiblesse de l’homme tenté par le péché. Mme de Chartres éduque sa fille en lui étalant tout les dangers de la vie mondaine car elle connaît la fragilité de la conscience humaine. A la fin de sa vie elle lui donne des conseils austères : « ne craignez point de prendre des partis trop rudes et trop difficiles ». Elle incite ainsi sa fille à la fidélité car tout vaut mieux que les désordres d’une passion. Pour préserver sa fille de la tentation et du péché, Mme de Chartres préconise à sa fille de s’éloigner des dangers de la mondanité. Mme de Clèves s’engage d’elle-même à suivre les conseils de sa défunte mère. Par conséquent, lorsqu’elle ne parvient pas à maîtriser sa passion, elle demande à son mari de se retirer à Coulommiers. Néanmoins, ce lieu censé être celui du repos de l’âme, devient celui du tourment et du déchaînement des passions. A la fin de sa vie, elle se retire dans un couvent pour éviter de succomber une nouvelle fois à la passion. Sa vertu irréprochable rappelle ainsi la pensée janséniste : « [elle se voue à des] occupations plus saintes que celles des couvent les plus austères ». Alors, la jeune princesse est victime de la morale de l’époque, qui dicte ses choix. Mais ce poids moral qui lui pèse sur les épaules lui permet néanmoins d’essayer de contrôler sa passion.

        Néanmoins, l’héroïne essaie d’être maîtresse de ses choix et d’elle-même.

        Elle est déterminée à lutter contre les dangers de la passion. La Princesse de Clèves, 1678, est un roman qui expose le parcours initiatique d’une jeune femme qui va découvrir la passion. Le mot « passion » vient du latin « patior » qui signifie la souffrance. Nous avons donc déjà une idée de soumission, la souffrance de l’homme face à la puissance de l’amour. Le récit nous dévoile que la Princesse est soumise à ses passions par exemple pendant l’épisode de la lettre égarée, elle éprouve une grande jalousie : « elle se trouvait dans une sorte de douleur insupportable, qu’elle ne connaissait point et qu’elle n’avait jamais sentie ». La passion entraîne donc de grandes souffrances. De plus, on remarque tout au long du récit, qu’elle a du mal à faire des choix et à agir, à travers des soliloques. Toutefois, elle fait preuve de grands efforts pour rester fidèle à son mari et à sa morale. C’est d’ailleurs le grand changement par rapport à La Princesse de Montpensier, 1662 : le personnage principal gagne en profondeur et en complexité. Cela permet à Mme de Lafayette d’aborder les méandres de la passion et d’analyser le sentiment amoureux et ses effets. L’intrigue du roman repose sur son choix d’accepter la passion du duc de Nemours ou de le refuser. Elle décide du destin des hommes qui sont amoureux d’elle, notamment M. de Guise, M. de Clèves et M. de Nemours. Au fur et à mesure que nous avançons dans le récit, elle doit prendre de plus en plus de décisions seule, notamment à cause de la mort de sa mère et l’incapacité de son mari à l’aider, de part sa jalousie. Elle fait donc le choix de fuir le duc à Coulommiers, d’avouer à son mari, de ne plus revoir le duc à la fin… Toutes ces décisions sont prises après une grande réflexion intérieure qui atteste une obstination à lutter contre les dangers de la passion et qui renforce la complexité des sentiments et de la nature humaine.

        Elle tente sans relâche de lutter contre la pression de la cour. L’histoire de la Princesse de Clèves se déroule à la Cour d’Henri II au XVIe siècle. Cette cour se caractérise par sa « magnificence ». Effectivement, tous ses membres sont dotés de grandes qualités, tant morales que physiques. Nous pouvons établir un parallèle entre la cour dans laquelle vit Mme de Lafayette, la cour de Louis XIV, et le cadre du récit. L’auteure offre ainsi un cadre exceptionnel à ses personnages en puisant dans son époque et dans un passé historique. Néanmoins la cour est un lieu de rivalités et de luttes d’influence. Ainsi les quatre récits enchâssés révèlent cette atmosphère rivale qui règne dans la cour. Il est essentiel de paraître à la cour mais on y est également constamment observé. Ce lieu rassemble des membres qui passent leur temps à se jauger et se juger : on le remarque par le lexique de la vue, d’ailleurs omniprésent tout au long du récit. Ainsi la Princesse essaie délibérément de cacher son inclination pour le duc mais lors de la chute à cheval de celui-ci, elle peine à freiner les élans de son cœur, et le duc de Guise le remarque bien. Plus tard, le Prince de Clèves se croit trahi car il croit ce que son gentilhomme a vu. Cependant, il a eu la preuve la plus invraisemblable de vertu lors de la scène de l’aveu. Malgré les garanties de sa vertu et de sa sincérité, Mme de Clèves ne peut se sauver des jugements trompeurs établis sur des faux-semblants. De plus, lorsque la rumeur d’une femme qui a avoué son amour pour un autre à son mari circule à la cour, elle se donne du mal à cacher sa gène. Ainsi, elle doit inlassablement jouer un rôle face aux autres membres de la cour. La Princesse de Clèves subit donc sans cesse la pression sociale et morale de la cour. Face aux regards et aux jugements moraux des autres membres de la cour, il lui est difficile de dissimuler sa passion violente et décider de son destin en choisissant la bonne alternative. Ainsi, ne pourrait-on pas dire que la Princesse de Clèves est victime de forces incontrôlables qui l’accablent ?

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