La princesse de Clèves
Commentaire de texte : La princesse de Clèves. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar melfatri • 22 Février 2022 • Commentaire de texte • 1 453 Mots (6 Pages) • 457 Vues
Texte :
“sitôt qu’il fut dans ce jardin, il n’eut pas de peine à démêler où était madame de Clèves ; il vit beaucoup de lumières dans le cabinet ; toutes les fenêtres en étaient ouvertes ; et, en se glissant le long des palissades, il s’en approcha avec un trouble et une émotion qu’il est aisé de se représenter. Il se rangea derrière une des fenêtres qui servait de porte, pour voir ce que faisait madame de Clèves. Il vit qu’elle était seule ; mais il la vit d’une si admirable beauté, qu’à peine fut-il maître du transport que lui donna cette vue. Il faisait chaud, et elle n’avait rien sur sa tête et sur sa gorge, que ses cheveux confusément rattachés. Elle était sur un lit de repos, avec une table devant elle, où il y avait plusieurs corbeilles pleines de rubans ; elle en choisit quelques-uns, et M. de Nemours remarqua que c’étaient des mêmes couleurs qu’il avait portées au tournoi. Il vit qu’elle en faisait des nœuds à une canne des Indes fort extraordinaire, qu’il avait portée quelque temps, et qu’il avait donnée à sa sœur, à qui madame de Clèves l’avait prise sans faire semblant de la reconnaître pour avoir été à M. de Nemours. Après qu’elle eut achevé son ouvrage avec une grâce et une douceur que répandaient sur son visage les sentiments qu’elle avait dans le cœur, elle prit un flambeau et s’en alla proche d’une grande table, vis-à-vis du tableau du siège de Metz, où était le portrait de M. de Nemours ; elle s’assit, et se mit à regarder ce portrait avec une attention et une rêverie que la passion seule peut donner.
On ne peut exprimer ce que sentit M. de Nemours dans ce moment. Voir, au milieu de la nuit, dans le plus beau lieu du monde, une personne qu’il adorait ; la voir sans qu’elle sût qu’il la voyait ; et la voir toute occupée de choses qui avaient du rapport à lui et à la passion qu’elle lui cachait ; c’est ce qui n’a jamais été goûté ni imaginé par nul autre amant.
…”
Intro :
Mme de Lafayette est une autrice du 17e siècle (1634-1693). Elle fait partie de la petite noblesse mais elle a une bonne connaissance de la cour puisqu’à 16 ans elle devient demoiselle d’honneur de la reine Anne d’Autriche. C’est une femme de lettre (on lui a enseigné le latin et l’italien) elle fréquente assez tôt les milieux littéraires qui commence a voir le jour au 17e siècle. (Princesse de Montpensier avant cet œuvre)
La Princesse de Clèves a été écrite de façon anonyme, la noblesse ne devait pas s’attarder à écrire des romans, il a mauvaise réputation. Ce roman, écrit en 1678, constitue un tournant dans l’histoire du roman, (rupture avec les romans héroïques, analyse du sentiment). Ce roman traite d’une passion amoureuse impossible et même tragique entre une jeune femme marié qui décrouve l’amour auprès d’un homme qui n’est pas son mari, le Duc de Nemour. Son écriture relève du classicisme dans le mesure où elle est dans la retenue, beaucoup de litote, de sous-entendus qui ont un pouvoir de suggestion.
Notre extrait se situe dans le tome 4 donc très proche de la fin. Le prince de Clève et le duc de Nemour sont à Reims pour le sacre du roi. Tous deux entendent de Mme de Martigue que la princesse de Clève est restée à Coulommiers. Le duc de Nemour décide de se rendre à Coulommier la nuit. Le prince de Clève a des soupçons, le fait espionner. Mais l’espion va perdre la trace du duc, il arrive à Coulommier après avoir franchi la forêt et les palissades.
Problématique:
En quoi le texte relève-t-il de la préciosité?
Comment le narrateur partage-t-il le sentiments des personnages avec ses lecteurs ?
Mouvements du texte:
description du cadre
Le duc observe la princesse
Sentiment et réflexion du duc qui hésite à aller la voir
Commentaire linéaire:
Le cadre est important, c’est un jardin, le lieu où se trouve la princesse de Clèves est illuminé. C’est la nuit.
Les nombreuses fenêtres qui sont en même temps un obstacle entre le duc et la princesse mais aussi un moyen de passer d’un endroit à un autre, permettent également au duc de voir. La fenêtre fait office de porte : elle fait frontière mais également un passage.
Le narrateur nous signale l’émotion du duc “troublé”, “émotion”, “transport”. Tout ceci est mis en valeur par “si”.
Ce paragraphe regorge de verbes “voir” sous différentes formes (regarde, voir…). Ceci annonce qu’il n’y aura pas de dialogue est que le seul moyen de rentrer en contact est par la relation visuel. Il y a aussi une focalisation interne sur la princesse de la part du duc (c’est par
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