La poésie n ’a d’autre but qu ’Elle-même
Dissertation : La poésie n ’a d’autre but qu ’Elle-même. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lauuuure • 4 Janvier 2016 • Dissertation • 1 968 Mots (8 Pages) • 9 215 Vues
Dans l’Antiquité la poésie d’Orphée s ’articulait autour de la mélodie et de l ’esthétique mais au cours des siècles elle a connu de multiples révolutions nous amenant à nous demander si « La poésie n ’a d’autre but qu ’Elle-même ». En effet cette citation de Baudelaire correspond-elle à la définition de l’art poétique ? Est-ce que l ’aspect musical et stylistique constitue toujours l ’enjeu majeur de celle-ci ? Certes cette dimension est indissociable de la conception et de l ’histoire de la poésie, mais nous verrons par ailleurs qu ’elle s ’appuie sur de nombreux autres points.
La poésie est avant tout un art du langage qui nécessite un certain esthétisme de par des sonorités, des rythmes ou encore des images. Son importance est majeure notamment dans la poésie classique où l’harmonie du texte est la clé d’une oeuvre réussie. Structuré par de nombreuses règles, ce courant amène à utiliser l’alexandrin ou l’octosyllabe au sein d’une ballade ou encore d’un rondeau. Le langage est mesuré, dans la retenue est l’on attend une musicalité très riche comme dans l’Art Poétique de Boileau ou encore La Fontaine qui reconnaît «Mon principal but est toujours de plaire». Le mouvement poétique du Parnasse prône également la recherche du beau au dépit de l’engagement c’est-à-dire le rejet d’allier l’esthétique à l’utile. La théorie de l’Art pour l’Art émise par Théophile Gautier, se rapporte davantage à cette conception très précieuse que prônait Baudelaire dans la citation étudiée. On citera comme grand poète associé Leconte de Lisle notamment dans les Poèmes Antiques. Ainsi l’attachement à l’ ‘’esthétisme amène ces poètes à manier très précisément tous les outils de versification tels que la rime, vecteur important de musicalité que l’on retrouve d’ailleurs dans la chanson. De la rime pauvre à la rime riche, masculine ou féminine, qu’elle soit embrassée, plate ou suivie, elle est presque symbolique de la poésie. On citera par exemple «Clotilde» d’Apollinaire dans lequel on trouve des rimes d’une grande richesse jusqu’à six phonèmes communs ( l’-an-c-o-l-ie et mél-an-c-o-l-ie) donnant immédiatement au poème des allures musicales. Le sens du vers peut être parfois même presque ignoré pour ainsi produire une création vouée à la mélodie comme dans ces vers holorimes de Marc Monnier : «Gal amant de la reine, alla, tour magnanime, Galamment de l'arène à la tour Magne, à Nîmes» . Le jeu des sonorités grâce aux allitérations a également une place importante dans la poésie. Ces derniers lui confère rythme et musicalité à travers une harmonie imitative. On peut citer la fameuse allitération en[s]]de Racine «qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes» imitant le sifflement des serpents et également une de ses assonances en [i] « Tout m’afflige et me nuit et conspire à me nuire » faisant résonner le cri plaintif du locuteur. On peut également évoquer le rythme qui de par l’accent tonique et la coupure syntaxique des vers donne vie à sa lecture, la rend animée et encore une fois musicale. C’est à nouveau un procédé de forme en lien avec le beau qui permet de modeler le poème selon son esprit ; un rythme tertiaire répétitif apportera un aspect langoureux, lassant voire ennuyeux. A tout cela s’’ajoute toute la notion de mise en page comprenant la forme de la strophe dont il émane un sentiment par exemple un strophe carrée donne une impression de force, de cohésion alors qu’ une strophe dans l’horizontalité inspirera la nostalgie, les regrets de par son étendue. Mais l’ ‘agencement du poème permet également au poète de s’amuser au travers d’ ‘un acrostiche comme « Adieu » d’ ‘Apollinaire, ou encore d’e marquer les esprits en illustrant des propos par un calligramme tel «La colombe poignardée» toujours d’ ‘Apollinaire. La mise en forme du poème se trouve également à travers le mètre des vers qui permet lui aussi de dégager un aspect. Ainsi un alexandrin de par sa longueur et son caractère classique apporte calme et majesté au poème ;«Demain dès l’aube» de Victor Hugo illustre cela en renforçant l’ ‘étendue de son cheminement jusqu’à son enfant par l’ ‘usage des alexandrins.
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