La poésie doit-elle nécessairement embellir le monde réel
Dissertation : La poésie doit-elle nécessairement embellir le monde réel. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar bankaygsfsbf • 1 Novembre 2021 • Dissertation • 2 004 Mots (9 Pages) • 3 780 Vues
Dissertation
La poésie doit-elle nécessairement embellir le monde réel ?
Lors de la seconde parution des Fleurs du Mal en 1861, Baudelaire invite le lecteur à redéfinir avec lui la Poésie. Baudelaire s’appuie sur son environnement proche, sur le milieu urbain, pour poursuivre son investigation poétique. Il œuvre à transformer le monde qui l’entoure, à saisir l’insaisissable pour donner forme à la Beauté et se détourner de l’Ennui, ce monstre qu’il évoque dans son poème liminaire « Au Lecteur ». Mais cette poésie doit-elle nécessairement embellir le monde réel ? DEPour répondre à cette thématique, nous allons étudier dans une première partie comment la poésie embellit le monde réel avant de voir dans une seconde partie dans quelle mesure la poésie remplit d’autres fonctions que d’embellir le monde réel.
Tout d’abord nous allons étudier dans quelle mesure la poésie embellit le monde réel. deeLe poète à travers sa poésie à le pouvoir de nous montrer la présence de la beauté dans le réel, et nous dévoile une beauté parfois inattendue. La laideur peut alors être transformée en objet esthétique. On retrouve cette utilisation de la poésie avec « Une Charogne » de Baudelaire parue dans son recueil de poème « Les Fleurs du Mal » en 1857. Dans ce poème Baudelaire décrit la promenade d’un couple interrompue par une vision d’horreur, le cadavre en décomposition d’une charogne. Cependant le lecteur a une vision d’une charogne féminine qui est alors mise en comparaison avec la femme. L’auteur crée alors une situation qui permet au lecteur de percevoir la beauté au sein même de la laideur. Baudelaire nous montre alors l’importance de ne pas s’arrêter au premier regard et de développer son jugement. La beauté est alors visible dans la laideur avec l’embellissement de la situation par le poète. LeELe poète permet également au lecteur d’ouvrir son esprit et de s’évader dans le rêve, d’envisager un monde plus beau. On se retrouve dans l’embellissement du réel qui devient alors un monde imaginaire. On retrouve cette utilisation de la poésie avec « A une mendiante rousse » de Baudelaire. Ce poème va suivre un processus de transfiguration du réel, la mendiante va peu à peu se métamorphoser sous les yeux du poète et se transformera en une véritable reine. Cette mendiante prostituée, imparfaite, étrange menant une vie de débauche est alors embellie, elle devient même douce, sensuelle « Au lieu d’un haillon trop court, qu’un superbe habit de cour ». L’auteur change sa laideur en beauté. DeE DeeDe plus la poésie donne de l’importance aux objets du quotidien. Ces objets communs sont mis en valeurs dans le poème, l’auteur peut les embellir, leurs donner une importance particulière. C’est par exemple le cas dans le poème « Le Vin des chiffonniers » de Baudelaire. Ce poème comte l’histoire d’un chiffonnier dépourvu de bonheur, qui trouve alors dans le Vin un sauveur. En effet ce poème idéalise le Vin et le présente comme libérateur, il libère les hommes. Le vin est là pour les sauver des images terrifiantes qui ont marqué les hommes revenant de la guerre. C’est pourquoi le vin est considéré comme une divinité « L’Homme ajouta le Vin fils sacré du Soleil ! ».
Ainsi le poète invite le lecteur à porter un autre regard sur le monde et embellit le réel. Il l’initie à la poésie qui surgit, s’immisce, se faufile dans le quotidien, le réel, la pensée et les sentiments pour les métamorphoser, les rendre plus beaux. Toutefois le réel ne disparaît pas. Le poète en fait souvent état et le saisit aussi pour mieux le comprendre, c’est-à-dire le faire sien, le confondre. Nous allons donc voir comment la poésie peut prendre place sans embellir le monde réel.
La poésie est un moyen pour le poète d’extérioriser ses sentiments, notamment par le biais du registre lyrique. Elle lui permet d’exprimer l’authenticité de ses émotions, de sa sensibilité. La poésie est alors très souvent reliée à des sentiments mélancoliques ou même de désespoir. C’est dans cette situation que le poète n’embellit pas le réel, ses émotions doivent être perçues telles qu’elles sont par le lecteur sans être atténuées. Baudelaire exprime ses émotions dans « les aveugles » poème de la section « Tableaux Parisiens » issu du recueil des Fleurs du Mal. Dans ce poème l’auteur s’associe à des aveugles pour montrer sa souffrance et son sentiment d’extrême solitude face à la société. De plus, il fait la description des aveugles la plus fidèle possible à ses ressentis sans en embellir l’aspect. DeeD’autre part le poète a parfois recours à la poésie comme une arme de dénonciation. On parle alors de poésie engagée. Les causes abordées peuvent être de type religieux, politique ou morale. Les faits tirés du réel ne sont alors pas embellis, l’auteur doit interpeller le lecteur. Arthur Rimbaud attaque très violemment l’église dans ses poèmes Le Mal (1870) et Les pauvres à l’église (1871). Dans le Mal, Rimbaud dénonce la guerre et l’église. Pour lui l’église et Dieu sont passifs voire indifférent vis-à-vis de la guerre et de ses victimes. Dans Les pauvres à l’église, Rimbaud accuse Dieu d’être indifférent des misères du peuple, il dénonce que les prières des fidèles manquent de conviction et de plus sont inutiles car elles ne sont pas écoutées. Dieu apparaît alors comme lointain et insensible. Rimbaud est ici loin d’embellir le réel mais critique plutôt la religion. La poésie doit alors transcrire toute la laideur de la réalité pour être efficace. De DeLa poésie peut par ailleurs faire une description fidèle du monde et en montrer toute sa beauté. La nature regorge en effet de beauté, l’auteur n’a alors qu’à les décrire dans son poème, il n’embellit donc pas la nature. Victor Hugo avec « Autrefois »,1830-1843, ne fait que traduire la beauté de la nature qui s’impose d’elle-même. Le poète dans le second poème de cette section, nous décrit son admiration pour la nature des petites fleurs aux grands arbres. Il est admiratif de la couleur des fleurs qu’il qualifie « Les petites fleurs d’or », pour lui les rubis en sont même envieux « celles qui des rubis font pâlir la couleur ». Victor Hugo met donc en valeur la nature mais n’a nullement besoin d’embellir cette dernière.
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