La mort de gavroche

{\rtf1\ansi\ansicpg1252

{\fonttbl\f0\fnil\fcharset0 HelveticaNeue;}

{\colortbl;\red255\green255\blue255;\red0\green0\blue0;}

{\*\expandedcolortbl;;\cssrgb\c0\c0\c0;}

\paperw11905\paperh16837\margl1133\margr1133\margb1133\margt1133

\deftab720

\pard\pardeftab720\partightenfactor0

\f0\fs22 \cf2 \expnd0\expndtw0\kerning0

\up0 \nosupersub \ulnone Texte 1 : Victor Hugo : La mort de Gavroche Les Mis\'e9rables ,1862\

Il rampait \'e0 plat ventre, galopait \'e0 quatre pattes, prenait son panier aux dents, se tordait, glissait, ondulait, serpentait d'un mort \'e0 l'autre, et vidait la giberne ou a cartouchi\'e8re comme un singe ouvre une noix. De la barricade, dont il \'e9tait encore assez pr\'e8s, on n'osait lui crier de revenir, de peur d'appeler l'attention sur lui. Sur un cadavre, qui \'e9tait un caporal, il trouva une poire \'e0 poudre. - Pour la soif, dit-il, en la mettant dans sa poche. \'c0 force d'aller en avant, il parvint au point o\'f9 le brouillard de la fusillade devenait transparent. (...) Au moment o\'f9 Gavroche d\'e9barrassait de ses cartouches un sergent gisant pr\'e8s d'une borne, une balle frappa le cadavre. - Fichtre! dit Gavroche. Voil\'e0 qu'on me tue mes morts. Une deuxi\'e8me balle fit \'e9tinceler le pav\'e9 \'e0 c\'f4t\'e9 de lui. Une troisi\'e8me renversa son panier. Gavroche regarda et vit que cela venait de la banlieue. Il se dressa tout droit, debout, les cheveux au vent, les mains sur les hanches, l'oeil fix\'e9 sur les gardes nationaux qui tiraient, et il chanta: On est laid \'e0 Nanterre, C'est la faute \'e0 Voltaire, Et b\'eate \'e0 Palaiseau, C'est la faute \'e0 Rousseau. Puis il ramassa son panier, y remit, sans en perdre une seule, les cartouches qui en \'e9taient tomb\'e9es et, avan\'e7ant vers la fusillade, alla d\'e9pouiller une autre giberne. L\'e0 une quatri\'e8me balle le manqua encore. Gavroche chanta: Je ne suis pas notaire, C'est la faute \'e0 Voltaire, Je suis un oiseau, C'est la faute \'e0 Rousseau. Une cinqui\'e8me balle ne r\'e9ussit qu'\'e0 tirer de lui un troisi\'e8me couplet: Joie est mon caract\'e8re, C'est la faute \'e0 Voltaire, Mis\'e8re est mon trousseau, C'est la faute \'e0 Rousseau. Cela continua ainsi quelque temps. Le spectacle \'e9tait \'e9pouvantable et charmant. Gavroche, fusill\'e9, taquinait la fusillade. Il avait l'air de s'amuser beaucoup. C'\'e9tait le moineau becquetant les chasseurs. Il r\'e9pondait \'e0 chaque d\'e9charge par un couplet. On le visait sans cesse, on le manquait toujours. Les gardes nationaux et les soldats riaient en l'ajustant. (...) Une balle pourtant, mieux ajust\'e9e ou plus tra\'eetre que les autres, finit par atteindre l'enfant feu follet. On vit Gavroche chanceler, puis il s'affaissa. Toute la barricade poussa un cri; assis sur son s\'e9ant,

...