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La maison de jeu : un incipit sinistre et plein de mystères

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Par   •  29 Décembre 2022  •  Analyse sectorielle  •  1 197 Mots (5 Pages)  •  904 Vues

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La maison de jeu : un incipit sinistre et plein de mystères

1 Dès les premières pages du roman, Balzac fait pénétrer le lecteur, sur les pas du

personnage principal, dans une salle de jeu aussi sordide qu’inquiétante. Repérez

dans les descriptions des lieux, dans les portraits des personnages et dans les

interventions du narrateur les procédés qui participent de cette atmosphère menaçante.

Parmi les procédés conférant à l’extrait une ambiance inquiétante, on pourra

évoquer :

— l’inquiétant concierge qui accueille les clients du tripot : « voix sèche et grondeuse »,

« petit vieillard blême, accroupi dans l’ombre », « figure moulée sur un type ignoble »

(p. 15, l. 7-9), « coup d’oeil terne et sans chaleur » (p. 16, l. 33) et son apparition inattendue

devant le lecteur (« soudain », p. 15, l. 8). Cette figure de vieillard semble d’ailleurs

étrangement se démultiplier : « vieillards indigents » (p. 17, l. 58-59), « trois vieillards à

têtes chauves » (p. 19, l. 106-107)… ;

— les réflexions du narrateur, et ses adresses directes au lecteur, qui valent avertissement

: « sachez-le bien, […] déjà votre chapeau ne vous appartient pas plus que vous

ne vous appartenez à vous-même », « vous apprendrez à vos dépens » (p. 16, l. 20-27) ;

— la métaphore filée des enfers, qui parcourt toute la description de la maison de

jeu : « dans l’ombre », (p. 15, l. 7), « contrat infernal », (l. 13), « ce triste Cerbère » (p. 17,

l. 45-46), repris plus loin par « le vieux molosse » (p. 24, l. 236-237), « le démon du

jeu » (p. 17, l. 62), « heure maudite » (p. 18, l. 78), et qui se combine avec celle du spectacle

: « un drame sanguinolent » (p. 17, l. 57), « les salles sont garnies de spectateurs »

(l. 57-58), « trop grand nombre d’acteurs » (l. 61), « la troupe entière » (l. 63), « chaque

instrument de l’orchestre » (l. 63-64), « plaisir du spectacle » (l. 66), etc. ;

— les champs lexicaux de la misère (« dépouiller », p. 15, l. 11 ; « pelés », p. 16, l. 30 ;

« misères de l’hôpital », l. 34 ; « ruinés », p. 16, l. 35 et p. 17, l. 43 ; « maigres appointements

», p. 16, l. 40, etc.) et du malheur (« égouts sociaux », p. 15, l. 16 ; « foule d’asphyxies

», p. 16, l. 35 ; « travaux forcés à perpétuité », l. 36 ; « expatriations », l. 36 ;

« vieilles tortures », l. 40 ; « coups de fouet », p. 17, l. 42 ; « gémissements », l. 43 ;

« imprécations », l. 44, etc.).

2 Le personnage principal apparaît dans ce début de roman comme un être énigmatique.

À la manière d’un enquêteur, relevez dans ces pages le plus d’indices

possible sur son identité en vous demandant quelles hypothèses le lecteur peut

formuler à son sujet et ce qui résiste à toute interprétation. Au fil de la lecture, on

peut relever une série d’indices sur le personnage principal :

— le héros vit dans le Paris de 1830 : « la fin du mois d’octobre dernier » (p. 15, l. 1) ;

— « un jeune homme » (p. 15, l. 1) ;

— la suite invite à se poser des questions : la formule « Sans trop hésiter, il monta »

(p. 15, l. 4) semble indiquer que le jeune homme connaît bien ce lieu qu’est le tripot,

mais quelques lignes plus loin, le lecteur est détrompé : « L’étonnement manifesté par

le jeune homme » (p. 16, l. 28). L’énergie avec laquelle il a monté les marches de ce

lieu mal famé ne doit pas être interprétée comme le signe d’une habitude, mais plutôt

d’une ferme résolution, confirmée plus loin par « il entra résolument dans la salle »

(p. 17, l. 49-50), car il n’est pas un habitué des salles de jeu ; plus loin, on constate en

effet que, quand il entre, le silence se fait, et qu’il suscite la curiosité du public habituel

des tripots : « Le silence devint en quelque sorte plus profond, et les têtes se tournèrent

vers le nouveau venu par curiosité » (p. 20, l. 138-139) ;

© Belin Éducation / Humensis — Éditions Gallimard.

La Peau de chagrin Arrêt sur lecture 1

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