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La Question de l'homme dans les genres de l'argumentation du XVIe siècle à nos jours

Fiche : La Question de l'homme dans les genres de l'argumentation du XVIe siècle à nos jours. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  6 Avril 2016  •  Fiche  •  788 Mots (4 Pages)  •  1 264 Vues

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Le corpus soumis à notre étude est composé de quatre textes : le premier est un extrait des Essais (1588) de l'humaniste Michel de Montaigne, le deuxième est tiré des Fables (1668) de Jean de La Fontaine, auteur classique. Jean-Jacques Rousseau, Philosophe des Lumières, compose à la fin de sa vie (1778) Les Rêveries du promeneur solitaire d'où le troisième texte provient. Le dernier extrait appartient à Terre des hommes (1939) d'Antoine Saint-Exupéry, écrivain du XXe siècle connu mondialement pour son conte Le Petit Prince. Ces quatre textes traitent de la liberté et nous verrons comment les auteurs défendent leur thèse. Dans un premier temps, nous montrerons comment ils s'impliquent directement dans leur exposé, puis comment ils célèbrent la liberté à travers le récit d'animaux.

Dans tous ces textes, les écrivains font l'éloge de la liberté. Montaigne et Rousseau ont choisi de raisonner sur leur propre expérience. La récurrence du pronom "je" montre l'implication forte de ces deux auteurs dans leur texte. Tous deux s'appuient sur des hypothèses à l'irréel. Montaigne, pour exprimer son amour de la liberté, imagine son mal-être en cas de restrictions de ses déplacements :" je suis si affadi après la liberté, que qui me défendrait l'accès de quelque coin des Indes, j'en vivrais aucunement plus mal à l'aise".  Rousseau rêve d'une liberté idéale pour en tirer des conséquences sur son comportement : "Livré sans contrainte à mes inclinations naturelles, je les aimerais encore s'ils ne s'occupaient jamais de moi". Ou encore "Si j'eusse été invisible et tout-puissant comme Dieu, j'aurais été bienfaisant et bon comme lui". Il peut alors dépasser son propre cas et généraliser sa pensée en formulant sa thèse au présent de vérité générale, liant liberté et bonté, esclavage et vice : "C'est la force et la liberté qui font les excellents hommes. La faiblesse et l'esclavage n'ont jamais fait que des méchants". Montaigne et Rousseau ne partagent pas la même conception de la liberté dans la société. Montaigne se sent libre à l'intérieur de celle-ci, tant que les lois auxquelles il obéit n'entravent point sa liberté de mouvement. Rousseau considère la vie en société comme une entrave à sa liberté, donc cette dernière ne peut être vécue qu'en marge de cette société : "Si j'étais resté libre, obscur, isolé". Ainsi chacun d'eux, foret de son expérience personnelle et ayant opposé la liberté à son absence, "prison" ou "esclavage", voit la liberté sous un angle différent, tout en la louant.

Mais ce n'est pas la seule manière d'aboutir à cet éloge. L'argumentation indirecte qui recourt à la fable (La Fontaine) et à deux apologues (Saint-Exupéry) met en scène les animaux,  en opposant ou bien en comparant les animaux sauvages "loup", "canards sauvages", " gazelles... dans le sable" aux animaux domestiques "chien", "canards domestiques", "gazelles...capturées". La Fontaine ne s'implique pas dans son récit et nous donne une forme pure d'argumentation indirecte. Il oppose dans le titre comme dans son récit et son dialogue le loup affamé mais libre au chien "puissant" et "gras" mais "attaché". "Sire loup", animal personnifié qui parle selon les lois de la fable, tire la morale de la rencontre : "Je...ne voudrais pas même à ce prix un trésor", mettant la liberté au-dessus de tout et faisant prendre conscience au lecteur de la valeur métaphorique et symbolique de la fable. La Fontaine avait écrit au début de son ouvrage "Je me sers d'animaux pour instruire les hommes". Saint-Exupéry s'implique dans son texte par le biais du témoignage "Mais je revoyais surtout mes gazelles : j'ai élevé des gazelles à Juby" et par la question rhétorique qu'il nous pose à la fin de l'extrait " Et à nous, que nous manque t-il ?". Il n'oppose pas les animaux domestiques aux sauvages, mais les compares pour montrer que toutes les espèces sont attirées par "l'appel sauvage" de la liberté, à la fois "objet du désir" et accomplissement "l'étendue qui les accomplira" : "Et voilà les canards de la ferme changés pour une minute en oiseaux migrateurs", "Elles veulent devenir gazelles et danser leur danse". La Fontaine a procédé par un raisonnement par opposition sans s'impliquer directement, Saint-Exupéry par un raisonnement par analogie en s'impliquant. Le texte de Saint-Exupéry marie argumentation directe et indirecte.

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