La Princesse de Clèves
Étude de cas : La Princesse de Clèves. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Adam67 • 10 Mai 2020 • Étude de cas • 1 832 Mots (8 Pages) • 518 Vues
Lecture linéaire 3 : Etre fidèle à sa morale même dans l’intimité ?
0. Qu’avez-vous ressenti à la lecture ? Comment qualifieriez-vous l’atmosphère de l’épisode ?
Lorsqu’on commence à lire cet extrait, on ressent de la peine pour M. de Nemours qui doit se cacher pour voir sa bien aimée puis on a peur qu’il se fasse surprendre. Ensuite, on ressent à nouveau de la peine devant cet amour insatisfait.
L’atmosphère de l’épisode me semble de prime abord plutôt lugubre avec l’emploi des mots forêt, nuit, obscur puis devient progressivement sensuelle grâce à l’utilisation du champ lexical de l’amour.
1. Quelle répétition ouvre et ferme l’extrait ? Interprétez !
Dans le début de l’extrait, nous avons de nombreuses répétitions du verbe passer qui est un verbe d’action. Cela met en évidence la difficulté ressentie par le vaillant guerrier pour atteindre la princesse.
L’extrait se termine par une prolifération du champ sémantique de la vision qui exprime le fait que le duc de Nemours est pris par ses émotions et éprouve des difficultés à les contrôler.
2. Essayez de représenter la scène sur un schéma. Faites une croix pour représenter chacun des personnages et faites des flèches pour symboliser leurs regards. Que remarque-t-on de particulier ?
Schéma : mari 🡪 espion 🡪 duc de Nemours 🡪 Princesse de Clèves 🡪 Tableau du duc de Nemours
On constate que chacun des personnages observe un autre personnage ou est observé par un personnage sans que ces regards ne se croisent jamais. La progression de la scène se fait par une addition de regards avec un angle de vue qui se resserre. En effet, l’espion a un champ d'observation plus large que le duc de Nemours qui regarde la Princesse de Clèves à l'intérieur du cabinet, et M. de Nemours a lui-même un champ d'observation plus large que celui de la Princesse de Clèves qui contemple le petit carré de toile où M. de Nemours est peint.
3. Quelles places pourraient avoir les lecteurs dans ce jeu de regards ?
Dans ce jeu de regards, les lecteurs ont une place de spectateurs. Ils observent de manière indirecte des personnages qui eux-mêmes s’observent à leur insu. Le spectateur a la position dominante puisqu'il en sait plus que tous les autres : Madame de Clèves en sait moins que Monsieur de Nemours (elle ne sait pas qu'il la regarde) qui en sait moins que l'espion (il ne sait pas qu'il est espionné) qui ne voit pas Madame de Clèves.
4. Notre parcours s’intitule individu, morale et société. La société semble plutôt absente dans ce moment de retraite.
a) Montrez que chacun des personnages incarne d’une certaine façon une morale qui lui est propre.
Dans cet extrait, les principaux personnages que l’on retrouve sont la Princesse de Clèves et M. de Nemours.
La Princesse de Clèves, en société, doit se soumettre à la norme morale c’est à dire qu’elle se doit d’avoir un comportement vertueux. Or, lorsqu’elle est seule, comme dans cet extrait où elle s’est retirée de la société et de son regard, le lecteur peut s’apercevoir de son combat moral intérieur car elle est tourmentée à la fois par le désir qu’elle ressent pour le duc de Nemours et par la raison que lui impose sa morale. En résistant à son amour, la princesse incarne alors un modèle de vertu et aussi de liberté puisque c’est son libre choix.
Cela dénote de l’influence janséniste où l’homme pour obtenir le salut doit mener une vie irréprochable et se tenir à l’écart d’une société pècheresse et superficielle.
Le duc de Nemours à la réputation d’être un libertin et d’être « incapable de devenir amoureux » et dans cet extrait, il est décrit comme un chevalier qui affronte les épreuves puisqu’il arrive à franchir les palissades qui sont fort hautes, il est aussi un guerrier accompli puisqu’il participe à des tournois et il aime Mme de Lafayette à qui il voue une grande admiration, ce que l’on constate au travers de l’utilisation d’hyperbole (si admirable beauté). On peut donc en conclure que sa morale est d’être courtois, courageux, mais aussi respectueux des femmes.
b) Montrez que l’extrait fait intervenir les sens, allant même jusqu’à l’érotisme.
Lorsque le duc de Nemours put s’approcher du cabinet où se trouvait la Princesse de Clèves, les portes-fenêtres ouvertes qui sont une frontière entre la lumière et l’obscurité lui ont permis de l’observer discrètement. Le verbe regarder est répété à de multiples reprises. Le duc de Nemours joue ici le rôle du voyeuriste, celui qui viole l’intimité de la Princesse "voir au milieu de la nuit" et cette clandestinité le conduit au délire des sens « elle n’avait rien sur sa tête et sur sa gorge ». L’auteur insiste sur l’aspect négligé de la Princesse de Clèves car elle n’avait « que ses cheveux confusément rattachés ». Il s’agit là d’une note de sensualité voire d’érotisme. « Elle était sur un lit de repos », toute prête au laisser-aller. A l’abri des regards de la bienséance, tout devient imaginable. « il la vit d’une si admirable beauté qu’à peine fût-il maître du transport que lui donna cette vue". La répétition du mot voir traduit l’élan passionnel du duc de Nemours avec un excès d’émotions.
La canne des Indes sur laquelle la Princesse attache des rubans est un symbole masculin qui peut représenter la communion fantasmée des amants. La vue exacerbe les émotions, voir le parallélisme entre les deux personnages qui atteignent une sorte d'extase amoureux dans la contemplation l'un de l'autre.
c) Montrez alors que les personnages sont à la limite de leur morale.
Les personnages sont à la limite de leur morale car ils transgressent certaines de leurs valeurs. En effet, dans cet extrait, la scène se passe dans un lieu clos et on assiste à un double interdit. Le premier interdit est que le duc de Nemours viole l’intimité de la Princesse de Clèves et le deuxième interdit est que cette dernière honore secrètement celui qu’elle aime, alors qu’elle s’efforce depuis le début de le dissimuler.
...