La Morte Amoureuse de Théophile Gautier
Commentaire de texte : La Morte Amoureuse de Théophile Gautier. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ondine123 • 6 Décembre 2017 • Commentaire de texte • 574 Mots (3 Pages) • 2 239 Vues
Texte : La Morte Amoureuse de Théophile Gauthier
Question : Comment se manifeste le manichéisme de la confession du narrateur?
Le présent texte est extrait de la nouvelle fantastique « La Morte amoureuse » de Théophile Gauthier qui paraît en 1836. Le narrateur est un vieux prêtre qui raconte à un autre religieux qu’il appelle « frère » les faits étranges qui se sont produits lorsqu’il était jeune. Il décrit une « illusion singulière et diabolique » dont il a été le « jouet » pendant plus de trois ans. Il se pose en victime. Il ne semble pas être maître de ses actes. Un démiurge semble avoir pris le contrôle de sa vie. Par conséquent, il vit une sorte d’existence bicéphale : le jour, il est un humble et chaste « prêtre de Seigneur » qui s’occupe de la prière et « des choses saintes » ; la nuit, il est « un jeune seigneur » fortuné et séduisant qui poursuit les plaisirs nocturnes. Il mène alors une double vie dont il ne sait laquelle des deux est réelle.
L’opposition entre la vie diurne et la vie nocturne du prêtre établit un manichéisme. La vie diurne incarne le monde religieux et ecclésiastique, un domaine strictement masculin et complètement isolé sans (loin de la) culture et sans femmes. Par contre, la vie nocturne est caractérisée par le péché de chair et les comportement immoraux. Pendant ses aventures de nuit, le « jeune seigneur » s’adonne aux plaisirs corporels : il s’adonne à la boisson et passe son temps en compagnie de femmes. Son identité nocturne de « fin connaisseur en femmes, en chiens et en chevaux » renforce renforce sa pécheresse humaine par opposition à la pureté de sa vie ecclésiastique. Cette conception dualiste du bien et du mal correspond à une opposition entre l’esprit et la matière. La « perte » de son âme à cause de ses pensées impures suggère que le prêtre est corrompu par le monde des sens et les besoins du corps ; il a ainsi commencé à perdre tout lien avec le monde spirituel. La nuit, le narrateur transgresse les limites de son corps physique et il s’émancipe de toute rationalité—une transgression visualisée dans le texte par la sortie des murs de son presbytère de nuit. Il entre plutôt dans une réalité irrationnelle et fantastique, qui sème le doute sur sa conception précédente de la vie.
L’absence de repères et la confusion qui accompagnent l’existence du protagoniste entre la veille et le sommeil sont des motifs typiques du genre du fantastique. Dans la confession du prêtre on observe à ce propos une alternance de phases de doutes et de certitudes qui s’affrontent en lui. Il se trouve pris dans une situation paradoxale et intermédiaire, une sorte de « vie somnambulique » à laquelle il ne peut pas échapper même à la fin de l’extrait quand il est parvenu à « chasser l’esprit malin ». Malgré sa déclaration selon laquelle il est finalement arrivé à transmuter les forces sexuelles de l'animalité humaine en forces divines spirituelles avec l’aide de son « sainte patron », il est intéressant de constater que le prêtre ne semble pas regretter les interdits qui régissaient sa vie diurne quand il déclare d’une voix passionnée « Ah ! quelles nuits ! quelles nuits » à la fin de l’extrait. C’est une fin caractéristique
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