La Mort et le Mourant, Jean de la Fontaine
Fiche de lecture : La Mort et le Mourant, Jean de la Fontaine. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar okjean • 26 Avril 2020 • Fiche de lecture • 2 179 Mots (9 Pages) • 4 811 Vues
La Mort et le Mourant
Informations de départ :
Rappel définition de la fable = court récit allégorique, le plus souvent en vers, qui sert d’illustration à une
vérité morale
Nombre total de vers pour cette fable = 60 vers
Morales: ici plus une réflexion philosophique qu’une véritable morale
- une au début, pour introduire rhétoriquement le sujet de la fable (v1 à v4)
- une à la fin, pour clore le débat entre la Mort et les vivants (dernier vers, ou du v55 à v60)
Avertissement : relire la fable avant de lire le commentaire linéaire
Commentaire linéaire:
Introduction :
La Mort et le Mourant est publié en 1678 dans le live VIII des Fables de La Fontaine, soit dix
ans après la publication de ses premières fables (1668). Le sujet de La Mort et le Mourant est annoncé par
son titre : un vieillard centenaire supplie la Mort de l’épargner encore un temps, mais la morale enseigne
que lorsque l’heure de la fin sonne, rien ne peut l’arrêter. Ce choix de sujet peut être lié à la situation du
poète : La Fontaine se sent vieillir et il est témoin de la mort d’amis dans son entourage. Ainsi, que ce soit
pour faire un deuil ou pour développer les idées qui lui viennent à partir de ses expériences douloureuses,
le poète exprime dans cette fable beaucoup plus personnellement sa morale. Il s’agit alors de se demander
comment la réflexion à propos de la mort est livrée dans cette fable. Nous verrons d’abord qu’elle est
amenée par une réflexion d’ordre plutôt philosophique. Puis elle est abordée sous la forme d’un dialogue
entre un vieillard agonisant et l’allégorie de la mort. Enfin, cette réflexion sur la mort gagne un aspect
original grâce à la manifestation personnelle du narrateur-poète, élément que l’on n’a pas
traditionnellement dans les fables de La Fontaine.
I- Réflexion sur l’universalité de la mort (v1 à v19)
1°) Introduction du sujet par le biais d’une morale et exposition de la thèse
v1 à v4 = morale pour introduire rhétoriquement le sujet de la fable. Elle annonce en octosyllabes que le
sage est celui qui a pris le temps de réfléchir à la mort. L’enjambement des vers 3 et 4 met en valeur
l’importance de penser à la mort.
La thèse du poète arrive ensuite pour confirmer cette morale introductive, c’est-à-dire l’idée que
la mort nous concerne tous. Donc quitte à mourir, autant se prévenir pour éviter les mauvaises surprises.
Car lorsque la Mort sonnera (à partir dans la fable du v20, lorsque le dialogue entre la Mort et le Mourant
débute), il sera trop tard pour s’y préparer (c’est ce que veut montrer le dialogue, lorsque le Mourant
insiste sur le fait qu’il n’est pas prêt à mourir et que la Mort lui répond implacablement qu’il est trop
tard).
v5 à v8 = 1ère idée sur la mort: la mort est universelle, elle concerne tous les êtres vivants, peu importe
leur condition sociale terrestre.
Exemple de l’idée du v9 à v12, où il s’agit des rois, qui à l’époque de l’auteur représentent Dieu
sur Terre. L’exemple choisi est donc un des plus forts que l’on aurait pu prendre pour illustrer ou justifier
l’idée de l’universalité de la mort (soit l’idée présentée des v5 à 8). Cet exemple est d’ailleurs joliment
amené avec une thématique classique en littérature pour exprimer la mort, à savoir les contrastes baroques
de clair-obscur : les yeux des nourrissons sont d’abord ouverts dans la lumière, puis ils rencontrent la
mort et leurs yeux se ferment, donc la lumière se change pour eux en ténèbres ou en nuit.
2°) Idées complémentaires à la thèse principale (la mort est universelle)
v13 à v16 = complète l’idée que la mort est universelle, MÊME pour des êtres d’exception (grand, beau,
vertueux ou jeune). Cette idée qui semble redondante par rapport à celle des vers 5 à 8 permet en fait de
lier à la mort les notions de mérite et de justice. La mort qui paraît unanime, universelle, ne semble pas si
juste car elle emporte avec elle autant les barbares, les criminels que les gentilshommes ou de grands
hommes, qui se démarquèrent dans la vie par leur intelligence, leurs inventions, leur utilité pour la
société, etc.
Le v16 est à lui tout seul fort particulier. Il amène l’idée que le nombre de morts sera toujours
plus grand que le nombre de vivants. Ainsi dans le vers, le monde accroît en fait la richesse de la mort,
qui compte toujours plus de cadavres dans son royaume, alors que le royaume des vivants ne fait que
perdre toujours plus de vivants, même avec une démographie élevée. L’emploi du futur de l’indicatif pour
le verbe d’action « accroître » accentue l’aspect philosophique des vers.
v17 à v19 = 1ère intervention directe du narrateur-poète, où est livrée une brève confession, un bref
enseignement tiré de l’expérience (La Fontaine est déjà âgé et a été témoin de la mort de certains de ses
amis, ce qui le pousse à réfléchir à la mort et à s’exprimer par le biais de la fable).
Transition : exprimer en vers l’universalité de la mort ne paraît pas l’idée la plus originale qui soit pour
débattre à propos de ce concept. Cependant La Fontaine réussit à lier au concept de mort des notions de
mérite et de justice couplées à la constatation pragmatique qu’il y aura toujours pour l’humanité plus de
morts que de vivants. Cette présentation implacable de la mort est alors illustrée dans le dialogue qui suit
la fin du vers 19.
II- Dialogue entre le Mourant et la Mort
1°) Paroles du Mourant (plaintes adressées à la Mort)
v20 = véritable début de la fable. Il s’agit d’un échange de paroles entre deux personnages. L’un est un
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