Zola, La mort de Jean Louis Lacour
Commentaire de texte : Zola, La mort de Jean Louis Lacour. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Cécile Weingaertner • 29 Janvier 2019 • Commentaire de texte • 1 886 Mots (8 Pages) • 2 389 Vues
Comment on meurt,
Analyse du texte n°3
« La mort de Jean-Louis Lacour »
Il s'agit ici du troisième extrait étudié, mais qui concerne la dernière partie de l'oeuvre de Zola. Après avoir étudié l'incipit de l'oeuvre avec la mort du comte de Verteuil, cet extrait nous permet d'étudier l'explicit, c'est-à-dire la clôture de cette réflexion menée sur la mort par l'auteur. Cette fin s'annonce bien moins critique que ce que nous avons pu voir jusqu'alors : la mort de Jean-Louis Lacour sonne comme un apaisement, un départ pour un monde meilleur, le début d'un repos éternel.
I. La vie sereine des campagnes
L'ensemble de l'extrait qui nous concerne recèle des indices précis liés à la vie et aux activités menées par les habitants de la campagne.
Lieux : « village » l. 174, « le milieu du village », l. 170, « la grange » l. 170, « la route », l.178, « au cimetière » l. 181 = les lieux sont systématiquement désignés par un article défini, il ne s'agit pas d'un village quelconque, ni d'une grange quelconque, mais de quelque chose qui est déjà suffisamment connu pour être désigné par « la » ou « le ». Les lieux sont donc habituels = environnement rassurant.
Les activités : « La moisson » l. 149, « met la soupe sur le feu » l. 152, « tire de l'eau » l. 153 , « le charron qui scie du bois » l. 145-146 = la vie continue malgré le décès, pas de tristesse, pas de pleurs, tout le monde semble serein et calme, comme si la mort du père faisait partie de la vie des enfants. Les choses se déroulent logiquement, avec fluidité.
La nature prend une place importante dans ce passage. Elle est décrite avec beaucoup de minutie, de sorte qu'il est possible de se l'imaginer. Ainsi, le narrateur mentionne « une haie », « des ronces », « un jardin », « des groseilliers », « un poirier », « un chêne », « une allée de tilleuls », « des chardons », « de hautes herbes », « des nappes fleuries », « des sauterelles », « des coquelicots » entre les lignes 185 et 198. Ce paragraphe est l'occasion de décrire le cimetière dans lequel le défunt va être accueilli. Le tableau est joli, on imagine parfaitement le cadre champêtre dans lequel Lacour va reposer. Ce cadre est d'ailleurs tellement agréable qu'il fait l'unanimité : il attire « les vieux viennent fumer leur pipe en été » (l. 192), et les plus jeunes : « les gamins viennent là, en septembre, pour manger des mûres » (l. 187-188). C'est dire à quel point ce cimetière est loin de l'image lugubre et angoissante que l'on se fait habituellement de ce type de lieu. Celui de La Courteille est placé « au milieu de la sérénité des campagnes » (l. 221)Cette nature omniprésente est aussi une nature apaisante : « le soleil brûle » (l. 195) et l'enterrement se fait dans « la chaleur », comme si la nature allait pouvoir réchauffer les cœurs, accueillir la douleur d'avoir perdu un proche et rendre cet enterrement presque agréable ».
L'omniprésence de la nature met en évidence l'absence de description physique des enfants, du curé, des hommes du village qui portent le cercueil : l'important, pour l'auteur, n'est pas de montrer les sentiments humains, qui seraient alors peut-être pénibles pour l'empathie du lecteur, mais bien de mettre en avant l'environnement accueillant et apaisant dans lequel entre désormais Lacour. D'ailleurs, lors de funérailles, c'est l'homme d'église qui, habituellement, mène la cérémonie. Il est, de façon générale, le personnage central de l'enterrement. Ici, au contraire, le curé est presque absent de la scène. Il est très peu impliqué, et le narrateur n'en fait que quelques mentions : « le curé arrive », « il s'habille en disant : « Dépêchez-vous ! Il faut que je sois rentré à sept heures. » » (l. 154 et 157-158). On note ici une opposition flagrante entre ce curé et les religieux qui ont officié pendant les funérailles du comte de Verteuil. Pour Verteuil, la cérémonie a lieu à l'église, elle dure plus de deux heures, les prêtres sont très occupés, les enfants de choeur chantent. La comparaison entre ces deux enterrements permet de cerner les intentions de l'auteur pour l'extrait qui nous concerne. Le curé officie en toute simplicité, se montre en tenue civile avant de revêtir son habit de cérémonie, précise qu'il manque de temps. Les choses sont simples, normales, authentiques : personne, pas même le prêtre, ne fait semblant, à l'image de ce qu'est la vie paysanne de l'époque. Les gens sont vrais, sincères et authentiques. Il n'y a là aucun mépris à l'égard du mort, puisque finalement « tous les gens du village se joignent peu à peu au cortège » (l. 175-176) : chaque villageois consacre de son temps à Lacour pour l'accompagner jusqu'à sa dernière demeure, mais sans en faire trop.
Finalement, à la fin de la lecture de cet extrait, on se souvient surtout de ce qu'est le cimetière : l'endroit est décrit avec précision et donne presque envie de s'y rendre tant le lieu semble être apaisant. La chaleur du soleil, la nature omniprésente, les gens vrais et authentiques sont des arguments convaincants : loin du tumulte de la ville, des exigences des riches, on se sent bien mieux à la campagne, où l'on peut vivre et mourir sereinement. Aussi, la mort de Lacour apparaît donc ici, non pas comme un drame, mais bien comme un départ pour un repos éternel justifié, mérité.
II. La mort comme repos éternel
La mort de Jean-Louis Lacour n'a rien de tragique : il faut noter et souligner l'absence de larmes, de pleurs, de plainte. Aucune mention de souffrance ou de tristesse. Au contraire, les sentiments évoqués sont « la joie » (l. 197) et « les amours » (l. 214). L'avant dernier paragraphe met d'ailleurs
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