L'illusion théâtrale

Bien souvent, on parle du théâtre comme d’un lieu d’illusion. Mais qu’est ce qu’une illusion ? Selon le dictionnaire Larousse, une illusion est un « Effet obtenu par le moyen de l'art, de l'artifice, du truquage et qui crée le sentiment du réel ou du vrai » Ainsi nous étudierons tout d’abord en quoi l’idée qu’un théâtre est un lieu d’illusion est fondée, en nous appuyant sur des exemples qui prouvent la véracité de cette affirmation. Puis dans un second temps, nous verrons que le théâtre a tendance à dépasser le concept d’illusion du réel. Enfin, dans une dernière partie, nous étudierons une citation de Victor Hugo qui montre le paradoxe entre réel et illusion au théâtre.

En effet, depuis ses origines, le théâtre est un lieu d’illusion. Tout y est mis en scène et tout n’est que mensonge. Dans l’Antiquité grecque, les acteurs portaient des masques pour se cacher et mieux incarner leurs personnages. De ce fait, les comédiens nous faisaient croire un peu à l’existence de ces personnages. Les machineries mises en place pour faire les changements de décors démontrent elles aussi le côté illusoire du théâtre. Un autre exemple serait le « deus ex machina », qui consistait à faire descendre un acteur du ciel au moyen d’une grue pour créer l’illusion d’une l’intervention divine. Tout cela corrobore l’idée que le théâtre n’est que mise en scène et illusion.

Le lieu du théâtre au sens propre lui aussi nous montre que c’est un lieu d’illusion. En effet, la première chose que l’ont peut voir dans un théâtre, c’est le décor ; tout est faux et fait de carton pâte. Ce n’est qu’un mensonge ou un artifice pour rendre l’histoire plus crédible en l’incluant dans un cadre concret. Ensuite les acteurs : ils ne sont pas eux-mêmes lorsqu’ils jouent leur rôle, même s’ils essayent de nous donner l’illusion qu’ils le sont. Cela rappelle les propos de Diderot dans son essai Le paradoxe sur le comédien : « (l’acteur) n’est pas le personnage il le joue, et le joue si bien que vous le prenez pour tel: l’illusion n’est que pour vous ; il sait bien, lui, qu’il ne l’est pas. » De plus, le langage qu’ils emploient, en particulier dans la tragédie classique, n’est pas celui de tous les jours. C’est donc assez peu réaliste : cela montre que le théâtre est faux jusque dans le langage de ses personnages. Une fois de plus, on peut dire que le théâtre se joue de nous et n’est qu’une illusion.

Enfin, selon moi, le théâtre nous emmène dans un nouvel univers. Il nous fait sortir de notre routine en nous faisant vivre des histoires. Cela peut s’apparenter à des illusions dont il nous berce et que notre imagination se charge de rendre réelles. Face à une pièce de théâtre, nous avons oublié qui nous sommes et nos soucis ; nous sommes les spectateurs fascinés de nos propres rêves et donc de l’illusion d’un monde fabriqué. Ainsi le théâtre est le lieu de l’illusion ; tout va dans ce sens : le décor, les acteurs, la langue, l’intrigue… Tout n’y est que mise en scène et illusion.

Si, comme nous venons de le dire et comme le définit le Larousse, il y a dans l’illusion la volonté de représenter le réel, le théâtre ne se limite pas à cette simple représentation du réel. En effet, par exemple, la tragédie n’essaie pas de représenter la réalité. Les personnages ont un destin, une ligne de vie et ne peuvent y échapper, tout est écrit. Dans le théâtre antique, le prologue annonce d’entrée, le destin qui est réservé à chacun des personnages. Dans la réécriture de la pièce d’Antigone par Jean Anouilh, il reprend ce procédé et ainsi énonce le destin de « la petite maigre » : « Elle pense qu'elle va mourir(...) il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout... ». Les personnages ne sont pas non plus des personne communes : ce sont des roi ou des héros comme Jean Anouilh le fait dire au choeur : « La tragédie, c’est pour les rois ». Ainsi, la volonté de créer l’illusion du réel n’est pas vérifiée dans le genre de la tragédie, comme le fait remarquer Mme de Staël

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