L'Atelier, scène 11, expression écrite.

Expression écrite

-L’Atelier-

SCENE 11

Le retour de Valentin

Très tôt, un matin de l’année 1953, un homme de faible mine apparaît au seuil de la porte de l’atelier. Léon prépare les vêtements

LEON, aperçoit l’homme – Ah tient donc Hélène ! Nous avons un client. Que puis-je pour vous ?

L’HOMME, s’exprimant avec un accent des pays de l’est – Bonjour, cela fait des jours que je marche seul, sans manger, avec des habits sales et décousus, depuis l’Allemagne. Et je voulais savoir si…

LEON, reprit tout de suite – J’ai surement ce qu’il vous faut ! Hélène viens là bon sang ! Le client souhaite s’habiller convenablement ! Dépêche-toi !

HELENE, en courant – Oh ne m’agace pas ! Il est 7h45 et normalement le magasin est fermé !

L’HOMME – Oh je ne veux pas vous déranger, je veux juste vous…

LEON – Vous ne nous dérangez pas, voyons, Hélène en fait toujours des tonnes. Chez nous, le client est roi, n’importe l’heure qu’il soit.

HELENE – Celle là c’est la meilleur ! Depuis quand MONSIEUR LEON change les règles ?!

LEON – Depuis toujours ma chère femme ! Arrêtons de discuter et écoute monsieur.

Hélène se retourne, en grimaçant et s’en va s’occuper de l’homme. Pendant ce temps, les filles rentrent dans l’atelier une par une.

MIMI, en souriant – Bonjour Monsieur Léon et Madame Hélène

MADAME LAURENCE ET MARIE – Bonjour Monsieur Léon et Madame Hélène

GISELE - Bonjour Monsieur Léon et Madame Hélène

Mais, une dernière fille entre après les autres. C’est Simone !

TOUTES LES FILLES – Simone ? Mais, qu’est ce que tu fais la ?

Simone, d’une voix calme  – Bonjour les filles, ça fait longtemps. J’étais sous traitement médical après ma sortie de l’hôpital car j’étais tellement fatiguée que je ne pouvais presque plus marcher. Depuis environ un moi, je remarche et je m’occupe à nouveau de mes enfants qui ont fait de même pour moi pendant que j’étais malade.

GISELE – Ton gosse est très gentil ! Tu sais Simone, tu as de la chance, ce sont de bons enfants ! Il a même dit qu’il voulait prendre ta place pour que tu n’aies plus à travailler.

SIMONE – Oui c’est vrai, ils sont tellement mignons… Je pense qu’ils tiennent ça de leur père… Mais bon c’est du passé maintenant.

Silence.

L’homme et Hélène reviennent dans l’atelier. L’homme est habillé avec des vêtements préparés par les filles. Le regard de Simone et de l’homme se croise. Simone, pensive, le fixe quelques instants et retourne travailler.

MIMI – Ouais franchement ce sont de braves gosses ! Si ils étaient plus âgés, oh la la…

Simone sourit

L’HOMME, intervient de nouveau et s’adresse à Léon – Tout à l’heure je ne voulais pas venir chercher des vêtements. Je voulais juste vous expliquer quelque chose mais vous ne m’avez point laissé parler. Je suis venu à la rechercher d’une personne qui m’est cher. Cette personne, cela fait dix ans que je ne l’ai pas vu.  J’ai été arrêté car je suis juif et roumain. Les Allemands nous ont emmenés en camions dans un camp en Allemagne. Là bas, j’ai réussi à me faufiler dans le groupe de ceux qui travaillaient au lieu d’aller dans les douches à gaz. Les conditions de travail étaient terribles. J’ai survécu, malgré les coups qui m’ont fait perdre la mémoire.

...