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Jean Giono; Colline

Commentaire de texte : Jean Giono; Colline. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  17 Avril 2021  •  Commentaire de texte  •  3 071 Mots (13 Pages)  •  3 137 Vues

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                                                Commentaire de Texte, Jean Giono; Colline

 

                             

                              Colline, paru en 1929, est considéré comme le premier roman de Jean Giono. Il est aussi le premier de la « Trilogie de Pan ». Ce court roman a pour cadre la campagne provençale, mais le texte se révèle être également une poésie panthéiste. D'ailleurs, Giono déclara : « En faisant Colline, j'ai voulu faire un roman, et je n'ai pas fait un roman: j'ai fait un poème ». 

Le récit de ces paysans vivant dans un hameau près d'une colline peut se diviser en cinq actes. Le premier, dont est issu l'extrait, exposerait les prémisses d'une catastrophe annoncée par la vision d'un chat noir et par les propos incohérents que tient le doyen du village devenu paralysé.

Ce passage débute au matin du deuxième jour qui suit l'apparition du chat. Or, dans le passé, le malheur a toujours frappé le deuxième jour qui suit sa manifestation, de fait l'inquiétude est à son paroxysme. Les habitants, qui ont la certitude que le vieux Janet a toutes les réponses, ont chargé Gondran son gendre de l'interroger. Ainsi, au petit matin du jour tant redouté, Mauras va s’enquérir auprès de Gondran.

Jean Giono associe la progression d'un récit réaliste et chronologique à une scène presque cinématographique angoissante et  mystique.

Nous observerons tout d'abord la description d'une scène d'attente angoissante, puis le déroulement prosaïque et réaliste du passage et enfin nous découvrirons un monde paysan panthéiste et pétri de superstitions.

               

                                En 1907, deux jours après une apparition du chat, un tremblement de terre se produit. C'est dans le même laps de temps, après avoir vu le félin, que la foudre tue le père de Mauras. Deux jours passent aussi avant que sa femme ne se pende.

Dans ce passage, tous le village semble figé et menacé par l'arrivée d'un grand malheur. De fait, au « matin du deuxième jour.» (l. 1), c'est la mort qui avance sur le village. L'absence de vent et l'air brûlant évoquent un suffoquement, et le « silence » (l. 2.) ressemble à un silence de mort. Le ciel est aussi effrayant, il « aiguise les faux des cigales » (l. 67). Cette métaphore annonce que la nature s'arme et qu'elle est prête à tuer. La menace viendra certainement de la nature. D'ailleurs, toute la nature s'allie. En effet, nous notons une fusion des éléments ; le feu s'unie à l'air lorsqu'il devient brûlant (l.5), mais également à la terre lorsqu'il s'épaissit (l.2). Enfin l'air s'associe à l'eau (la brume [..] coule[…] comme une fleuve [..] l.67 à 69). Cette description métaphorique de la nature semble nous montrer qu'elle prend forme humaine grâce aux éléments qui se constituent comme des parties du corps. De plus, la maison de Gondran qui a le hoquet à la l.9, peut indiquer qu'il y règne une émotion forte, mais aussi que tel un moteur, elle menace de s'arrêter. D'ailleurs, les villageois vivent dans une sorte de torpeur ; les voix sont étouffées l. 19, on marche sur « la pointe des pieds » (l. 23-24), on chuchote à « voix basse » (l. 84),  « sans bruit » (l. 76). En outre, le hameau semble déjà sans vie, le foin coupé des l. 71-72 n'a pas été ramassé, le village tout entier semble pétrifié, figé dans une ambiance mortifère. Le temps des horloges paraît se ralentir. La mort règne en arrière-plan ; d'une part, tout le village est menacé de mort par cette nature assassine et d'autre part, le hameau est hanté par le décès imminent de Janet.

                                Aussi, cette atmosphère angoissante est poétiquement décrite de façon imagée, de telle manière que l'on peut facilement se représenter la scène.

Des scènes descriptives dans lesquelles nous constatons des indicateurs visuels très parlants. Les prémisses de l'incendie qui approchent sont visibles dans les nombreuses métaphores : « l'épaisse couronne de violettes » (l. 2) qui pèse dans le ciel, puis le soleil comparé à « une grenade » (l. 4). Enfin, le ciel coiffé d'une couronne sur le front est représenté comme un roi. Ce souverain semble visible, et régner au-dessus des hommes. Mais aussi les indicateurs sonores, même s'il s'agit du silence, accordent au passage un caractère cinématographique, dans lequel le moindre pas, le plus petit chuchotement ou encore une porte qui s’entrebâille se fait entendre. En outre, nous notons des allitérations en 's' et en 'f' à deux reprises; « Il vient sur ses sandales de raphia qui ne font pas de bruit » l.17-18 et « Ses sandales de raphia et le tapis de poussière[..] qui se déplace sans bruit » l.74 à 76 qui nous font entendre beaucoup de choses. Tout d'abord, le souffle de la nature menaçante, mais aussi un sifflement de serpent, qui s'accentue et qui pourrait nous indiquer ceux que Janet décrit s'échappant de ses doigts. De la même manière, le lecteur a la sensation de suivre les déplacements de Mauras et lorsqu'il regarde « les maisons l'une après l'autre » (l. 7), le lecteur devient spectateur. La description est topographique, comme si une caméra lui offrait un plan panoramique des Bastides-Blanches. Par conséquent, cette description fait appel à tous les sens du lecteur, il l'entend, la voit, la ressent.

                               Cette scène d'effroi est aussi une scène d'attente, dans laquelle les personnages s'interrogent, guettent le moindre indice.

Mauras et Jaume pensent que le vieux Janet sait ce qu'il va se passer et qu'il sait aussi comment l'en empêcher. Ainsi, ils se questionnent : « alors ? » (l. 25-80), Janet est interrogé par Gondran qui est ensuite interrogé par Maurras qui l'est lui même par Jaume. Toute la nuit Gondran a essayé d'obtenir des réponses auprès de son beau-père :« une nuit terrible » (l. 26). Marguerite a le teint pâle à la l. 62 et tout le hameau est à l'affût, on se méfie de tous et de tout. Jaume dit qu'il « faut se méfier de Janet »(l. 85) . Chez Larbaud «un volet s'ouvre : on guette, aussi, là.» (l. 87-88), tout comme la maison de Gontran qui garde « les yeux ouverts » (l. 13). On regarde « par dessus l'épaule des maisons ». Giono attribue une fonction symbolique aux maisons, qui renvoie à un village à l’affût qui ne sait pas d'où le danger va arriver, habitations et habitants s'allient dans l'affrontement qui se prépare. Le matériel semble s'unir contre l'immatériel. Par conséquent, tout le monde attend la menace qui arrive, quelque chose de funèbre va se produire éminemment, le compte à rebours semble avoir commencé.

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