Il faut mentir s'il n'y a que du mal à attendre de l'aveu d'une vérité.
Dissertation : Il faut mentir s'il n'y a que du mal à attendre de l'aveu d'une vérité.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lex Aeterna • 19 Juin 2018 • Dissertation • 872 Mots (4 Pages) • 1 301 Vues
"Il faut mentir s'il n'y a que du mal à attendre de l'aveu d'une vérité."
Michel Leiris
Depuis la nuit des temps, la vérité est présentée en étalon de valeur, jusque dans la Bible qui l’érige en commandement. Mais a-t-elle encore sa place lorsqu’elle laisse derrière elle souffrance et larmes ? Elle serait alors fautive de rendre la réalité insupportable. Comme si sa qualité vacillait à la moindre contrariété. Comme si ce vœu pieux n’était qu’illusion. C’est aussi ce qu’évoque Michel Leiris en déclarant "Il faut mentir s'il n'y a que du mal à attendre de l'aveu d'une vérité." Mais un bonheur battit sur un mensonge est-il synonyme de bonheur ?
Dans une première partie, nous démontrerons que la vérité est un outil au service des hommes et de la justice. Dans une deuxième partie, nous expliquerons à quel point cette vérité est importante pour nous-mêmes.
Enfin dans une troisième partie, nous démontrerons également que même si le mensonge est méprisable, on peut parfois l’excuser. Car si la vérité reste en effet une attitude louable, elle se heurte à des variables qui nous poussent à la relativiser.
Premièrement, la vérité symbolise cette adéquation entre ce que nous disons et la réalité. Elle demeure cette valeur, prônée depuis l’enfance, qui garde en elle un parfum d’honnêteté. Ainsi chaque mensonge se profile comme une trahison, non seulement envers autrui mais aussi pour sa propre personne. Et qu’importent les raisons si l’âme est obscurcie. Il en demeure des conséquences qui imprégneront notre regard. C’est cette honnêteté qui forge en nous une force qui va bien au-delà d’un gain éphémère. Et comme le dit Tahar Ben Jelloun, poète marocain, cette vérité est dans nos yeux, dans notre sang, dans notre âme. Elle ne saurait abdiquer devant une illusion. Tel le criminel dont le mensonge est synonyme de liberté. Il laisse derrière lui toute la souffrance des victimes, jusqu’à nier leur douleur. C’est une négation de sa propre humanité, d’un monde sans lumière dans lequel il dépérira également.
De surcroît, ce mensonge se répercuterait inéluctablement sur notre inconscient, provoquant des maladies psychotiques. Or l’éclair de lucidité viendra fatalement, engendrant un réveil douloureux, les soubresauts de la conscience laminant l’estime que l’on avait pour soi. Ainsi vivra-t-on dans une zone grise, sachant trop bien que ce que l’on avait construit pourra s’écrouler demain déjà. C’est aussi ce qu’évoque Stuart Mill, philosophe britannique lorsqu’il déclare « qu’il vaut mieux être un homme malheureux qu’un porc satisfait, être Socrate mécontent plutôt qu’un imbécile heureux ». Même si cette vérité demande un engagement irréprochable, une persévérance surhumaine, elle nous réconcilie avec nous-mêmes. Ainsi voit-on des gens s’éloignant de la réalité, oubliant leurs problèmes pécuniaires dans une fuite sans espoir à laquelle ils n’ont rien comprise. Leur illusion n’est qu’un rêve qui s’épuisera dans le temps.
Toutefois, cette honnêteté absolue bouleverserait aussi nos certitudes les plus intimes, les plus apaisantes, les plus réjouissantes. Elle nous pousserait à renoncer à certaines de nos ambitions parce que nous sommes incapables de les combler. Elle jetterait sur nos limites une lumière crue, impitoyable. Il y aurait donc une rupture entre nos rêves et la réalité. Une telle vérité déboucherait presque inévitablement sur une profonde tristesse et une souffrance indicible, bien loin de ce bonheur que l’on espérait. Cette illusion est un mensonge rassurant, réconfortant, qui nous aide à nous protéger de l’inconnu, de cet abîme qui nous guette tout au long de la vie. C’est ainsi que La Rochefoucauld, homme politique français, déclarait que « Le cœur préfère souvent l'illusion qu'il caresse à la vérité qu'il entrevoit. ». Tel cet homme handicapé qui espère encore se reconstruire, sachant au fond de lui que la solitude et le tourment seront ses compagnons au quotidien. Il sera alors souvent considéré comme un problème dans cette société qui exclut les différences. Et cette vérité est un obstacle à son bonheur.
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