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Histoire de la littérature française du XXe siècle

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Par   •  19 Avril 2017  •  Fiche de lecture  •  4 004 Mots (17 Pages)  •  915 Vues

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Histoire de la littérature française – Du Surréalisme à l’empire de la Critique

Germaine Brée, Edouard Morot-Sir

Garnier Flammarion, 1996

Préface :

P. 7 : La littérature n’habite pas un espace autonome ; elle entretient – et plus que jamais au XXème siècle – des rapports complexes avec le milieu historique et culturel.

P. 7 : Janvier 1920 est une date de l’histoire littéraire. Venant de Zurich, Tristan Tzara, porte-parole du Dadaïsme, rejoint à Paris Francis Picabia qui arrivait de New-York par l’Espagne. De leur rencontre avec un petit groupe de jeunes poètes – Breton, Aragon, Soupault – naîtra le mouvement le plus dynamique du siècle : le Surréalisme.

1920 marque aussi un nouveau moment de l’histoire mondiale. Le retour à la paix est malaisé. La Société des Nations s’installe à Genève tandis que la Révolution russe se consolide et qu’au congrès de Tours, un groupe communiste minoritaire de la Confédération générale du travail fonde la section française de la Troisième Internationale. La littérature, comme la politique, sera profondément affectée par ce que Jules Romains appellera « cette grande lueur à l’Est », aube pour certains, incendie pour d’autres.

P. 8 :

4 époques :

  1. 1920 à 1936 : l’après-guerre devient l’entre-deux guerres et après la grande crise économique de 1929-1933, les « années folles » font place à un malaise profond qui imprègne toute la vie intellectuelle. Le thème de la révolution, sur tous les plans, « changer la vie, transformer le monde », lancé par les surréalistes, se répercute dans tout le domaine littéraire. Cependant, les maîtres de l’heure, Claudel, Gide et Valéry sont garants de la continuité d’une grande tradition, dont la valeur, quand elle est mise en cause, n’est cependant guère contestée.

  1. A partir de 1936, avec la guerre d’Espagne, puis avec la seconde guerre mondiale, et jusqu’en 1952, où avec la fin de la guerre de Corée, la hantise de la guerre s’atténue, la vie intellectuelle en France est dominée, dans une atmosphère d’apocalypse, par le souci du destin de l’homme en général et plus particulièrement de celui de la France, par la conscience de ce qui paraît être l’effondrement de la civilisation occidentale. Les écrivains sont fortement marqués par des évènements qui se déroulent à l’échelle mondiale. Ils vivent dans un engagement dont, après coup, Sartre proposera la théorie. L’ « existentialisme », climat intellectuel et mode de sensibilité, supplante pour quelques années chez les jeunes, l’attrait du Surréalisme.

  1. A partir de 1952, et malgré les problèmes de la décolonisation et les crises politiques, nationales ou internationales, la littérature se désengage. De nouvelles orientations, amorcées dès 1944, se dessinent et s’affirment plus nettement après la fin de la guerre d’Algérie. Une nouvelle génération d’écrivains cherche à échapper à des structures culturelles qu’elle juge dépassées. De plus en plus affectée par les technologies nouvelles : télévision, vidéo, sondages, comme par la transformation du marché et de la production du livre, la vie littéraire reprend dans un grand foisonnement de tendances et à un rythme accéléré.
  1. Depuis 1968 : ce qui pouvait passer pour une simple émeute estudiantine met en évidence la crise profonde dans laquelle la France est entrée.

P. 9 : Au début du siècle, artistes et écrivains étaient convaincus qu’un nouvel âge s’annonçait, auquel devaient répondre de nouvelles formes d’art qui s’imposeraient rapidement au monde occidental tout entier. La volonté de rupture, la passion de l’expérimentation, le rapprochement de l’art et des technologies caractérisent ce que l’on a appelé « modernité ».

P. 10 : Les dix premières années de cette période qui se veut « moderniste » sont dominées par le surréalisme ; elles sont riches d’intuitions plutôt que de théories et de réalisations surtout poétiques. Dans la deuxième décennie, le besoin de renouveau se tourne vers les sociétés et leurs structures ; un esprit de contestation politique anime la littérature. « L’acte gratuit » et le scandale font place à une inquiétude sociale qui favorise le roman. Vers 1950, l’esprit moderne subit un nouvel avatar : il recule devant une exigence critique qui se prétend scientifique. Erigeant en dogme des théories dont les hypothèses philosophiques sont souvent ignorées, des groupes de « pointe » appliquent à la littérature des méthodes d’analyse empruntées aux récentes « sciences humaines » : linguistique, sémiologie, sociologie, anthropologie. Ils mettent en question la notion même de texte littéraire.

Chapitre 1 : LE CLIMAT SOCIAL

P. 16 : Avant la guerre de 1914, la France s’était complu dans le rôle de centre du « monde civilisé » que beaucoup d’artistes et d’hommes politiques lui reconnaissent volontiers. Au sortir d’une guerre dont l’âpreté des combats et l’inhumanité avaient ébranlé les consciences, la place de la France, ses possibilités de survie dans le monde nouveau qui apparaissait, deviennent problématiques, ainsi que la valeur d’une culture qui, tout en affirmant sa volonté d’être un humanisme universaliste, avait toléré le massacre de 14-18. Après la détente des années vingt, une crise de conscience se déclenche, qui ira croissant jusqu’en 1968.

P. 17 : C’est sur la lancée du cubisme, du futurisme, de « l’esprit nouveau », des Ballets russes, de Stravinski et du jazz que le Paris d’après-guerre se divertit, avec, dira Cocteau, qui en est l’un des ordonnateurs, « cette prodigalité folle d’une ville de génie ». Paris ouvre les bras à un groupe d’artistes, de compositeurs et d’écrivains qui prolongent, multiplient et exploitent les audaces de l’avant-guerre. Pendant quelques années, dans les fêtes somptueuses que donnent des mécènes, telles les « Soirées de Paris » organisées par le comte de Beaumont, dans des salons comme celui de la princesse Edmond de Polignac, aux ballets suédois ou autour de Diaghilev dans des cabarets ou boîtes de nuit dont le célèbre Bœuf sur le Toit patronné par Jean Cocteau, peintres, compositeurs, écrivains, jeunes cinéastes, gens de théâtre et couturiers s’inspirent les uns les autres et se lancent à la recherche de nouveaux langages plastiques et sonores. Ainsi se crée un style de vie « moderne », où les mots sont arrachés aux conventions littéraires, subordonnées aux prestiges du rythme et des images.

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