Harcèlement scolaire

HARCELEMENT SCOLAIRE

 Qui dans cette salle ne s’est jamais moqué du petit blond à lunette de la classe en le traitant d’intello.

Qui peut venir sur l’estrade et me dire qu’il n’a jamais fait de mauvaises blagues sur le nom d’un camarade de classe.

Nous l’avons tous fait, mais ce n’est pas grave savez-vous pourquoi ? Parce que c’était pour rigoler.

Arrêtons-nous deux secondes sur cette phrase : « c’était pour rigoler ». C’est vrai que c’est amusant de se moquer du physique d’un camarade ou de quelqu’un de plus intelligent que soi, mais il ne faut en abuser. Prenons une fourmi et une cerise, il faudra à la fourmi plusieurs heures afin de venir à bout de la cerise. Si maintenant on prend la même cerise mais que toute la fourmilière s’y attaque, il leur faudra moins de deux minutes pour en venir à bout.

Vous vous demandez probablement ce que font ici des fourmis et une cerise. Remplacez les fourmis par les moqueries et la cerise par la personne visée et vous obtenez une parfaite illustration du harcèlement scolaire et de ses conséquences.

Cette comparaison ne vous satisfait peut-être pas. Très bien. Je peux concevoir que cet exemple n’est pas assez percutant. Laissez-moi alors vous parlez de Marion.

Marion, est sensible, drôle, mais aussi parfois dans son monde, en quête d’affection, et réservée. Une cible idéale. Petite déjà, elle subissait les moqueries de ses copines. En sixième, Marion s'était fait traiter de "mongole" et d'"autiste". En cinquième, un garçon lui avait adressé un SMS : "Demain, à l'arrêt de bus, t'es morte." A la demande de sa mère, le professeur principal avait aussitôt convoqué le jeune homme qui avait dit : "Mais c'était juste pour rigoler !". C’est vrai que cette phrase a des allures d’excuse lorsqu’elle sort de la bouche d’un cinquième.

En quatrième, Marion se plaint de ne pas pouvoir travailler. Elle revient du collège un peu triste à force d'être vue comme une "intello", quand elle ose demander le silence dans sa classe. Sa mère a insisté trois fois, auprès du directeur pour que Marion change de classe, sans obtenir de rendez-vous. La seule réponse obtenue est cette phrase : « Allez, ça va se tasser ».  

Vous me direz que sa situation est un cas habituel et qu’il y a toujours une personne sur laquelle on s’acharne. Je vous répondrais que oui vous avez en partie raison et qu’il y a toujours un bouc émissaire dans une classe comme cet élève qui répond à toutes les questions posées par le professeur, qui a des bonnes notes, et qui demande tout le temps le silence. Si je vous demande de me donner un mot pour le définir vous me répondrez tous l’intello, moi le premier. Le problème avec ce surnom est qu’au fur et à mesure il remplace le nom. Et vous ne voyez plus que les côtés négatifs de ce mot en cet élève.

Imaginez-vous maintenant à la place de Marion qui, aux yeux de ses camarades n’est plus la jeune fille brune souriante mais « l’intello » du collège, la « fille sans amie ».

Imaginez-vous rentrer dans cette classe, et recevoir des insultes, des moqueries et des regards de travers à la place d’un « bonjour », et d’un sourire.

Vous aurez beau être la personne la plus dure et insensible au monde vous ne pourrez supporter cela, alors imaginez-vous à la place d’une élève de quatrième déjà assez fragile mentalement.

Vous voulez que je vous dise quelque chose, le directeur du collège n’avait pas tort, car l'adolescente ne se plaint plus de rien, Marion est tombée amoureuse d’un garçon du collège, ces parents la voient grandir, elle est de plus en plus jolie et coquette, elle a l’air heureuse. On croirait entendre un conte de fée. Malheureusement tomber amoureuse au collège, quand on est dans sa situation n’est en aucun cas un conte de fée. 

Marion est la cible d'un garçon jaloux qu'elle a embrassé un jour, Alban. Alors, avec des copines, il s'amuse à lui dire qu'elle est grosse, qu’elle est moche, trop sérieuse... Et le bal des gentillesses continue sur internet, au retour du collège et jusque tard, le soir.

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