Fiche de lecture : FELOUZIS Georges, LIOT françoise, PERROTON joelle, L'apartheid scolaire. Enquête sur la ségrégation ethnique dans les collèges, Éd. du Seuil, 2005, 235 p.
Note de Recherches : Fiche de lecture : FELOUZIS Georges, LIOT françoise, PERROTON joelle, L'apartheid scolaire. Enquête sur la ségrégation ethnique dans les collèges, Éd. du Seuil, 2005, 235 p.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar pierodemarseille • 7 Novembre 2012 • 1 463 Mots (6 Pages) • 1 828 Vues
FELOUZIS Georges, LIOT françoise, PERROTON joelle, L'apartheid scolaire. Enquête sur la ségrégation ethnique dans les collèges, Éd. du Seuil, 2005, 235 p.
Introduction
Cette étude met en avant la tendance ségrégative dans les collèges et ses effets négatifs à trois niveaux : scolaire, individuel et social.
L’apartheid scolaire est un ouvrage, pour le moins « engagé », dont la question centrale est la ségrégation ethnique dans les collèges français. Les auteurs ont recours à des méthodes d’enquêtes quantitatives mais également qualitatives dans le but d’amener l’idée que la ségrégation scolaire est aussi une ségrégation ethnique. Dans les dernières pages de l’ouvrage, les auteurs font référence à un auteur célèbre en sociologie, en parlant du « dévoilement des choses cachées et parfois refoulées, comme aimait le rappeler Pierre Bourdieu » (p. 225). Ce livre peut être qualifié d’ « engagé » dans la mesure où il remet en cause certains principes républicains telle que l’égalité de tous les citoyens devant l’institution scolaire, l’ascension scolaire par l’école.
Méthodologie
Les auteurs étudient le fichier scolaire des 144.000 élèves de 333 collèges privés et publics de l’année scolaire 2000/2001 dans les cinq départements qui composent l'Académie de Bordeaux.
En cherchant à savoir s’il existe une ségrégation selon l’origine culturelle parmi les collèges en France, les auteurs font le constat suivant : les statistiques existantes ne permettent de poser le problème que de façon approximative. Les seuls indicateurs disponibles portent sur la nationalité de l’élève et de ses parents et n’offre pas la possibilité d’établir avec certitude l’origine culturelle de l’élève. La méthodologie est fondée sur le prénom de l’élève. Les auteurs cherchent à différencier leur échantillon sur la base de l’origine culturelle « autochtone » (populations censées ne pas venir de l’immigration) ou « allochtone » en se fondant sur un croisement entre la catégorisation du « prénom » (selon l’origine culturelle) et la nationalité de l’élève. Trois catégories (allochtones du Maghreb, Afrique noire et Turquie (1) ; autres allochtones (2) ; autochtones (3)) sont ainsi construites.
Résumé
L’ethnicité est envisagée comme « la construction de soi, de son identité, à partir de catégories ethnique » (p. 21) soit le « versant subjectif » de l’origine culturelle, le résultat d’un travail de catégorisation de soi et des autres à partir de catégories.
Les élèves allochtones ne se répartissent pas de façon proportionnelle entre les différents collèges de l’académie. Il y a une ségrégation « ethnique » ou « culturelle » entre les établissements : 10 % des établissements (17 collèges) comptent entre 20 et 40 % d’élèves issus de la catégorie « allochtones issus du Maghreb, Afrique noire et Turquie » alors que les autres (81 collèges) en scolarisent moins de 1 %, la moyenne s’érigeant à 4,7 %. Un autre indicateur de ségrégation permet d’affirmer que pour obtenir une répartition moyenne des mêmes allochtones dans tous les établissements de l’académie, il faudrait changer d’établissement pas moins de 90 % d’entre eux. Par comparaison, il ne faudrait déplacer que 36 % des élèves pour obtenir une répartition moyenne de jeunes de milieu défavorisé dans tous les établissements. Les établissements où se concentrent une majorité de jeunes allochtones sont également des établissements où l’on retrouve davantage de jeunes de milieu défavorisé et de jeunes en difficulté scolaire. De fait, cette concentration des élèves dans certains établissements génère plusieurs conséquences négatives.
En premier lieu en ce qui concerne les apprentissages scolaires, à origine « sociale ou ethnique » donnée, on apprend moins dans les collèges à fort regroupement d’allochtones que les auteurs nomme des « établissements ségrégués » . En parallèle, les critères d’évaluation et de notation des enseignants se différencient selon le public élève avec lequel ils travaillent et sont plus « favorables » aux élèves lorsque leur niveau est perçu comme moindre. Les auteurs montrent ainsi que dans les « collèges ségrégués » on observe, par rapport aux autres collèges, un écart plus intense et plus visible entre les notes obtenues par les élèves lors d’examens externes et les notes du contrôle continu en classe. Il en résulte aussi que, à résultats scolaires similaires, l’orientation vers la classe de seconde générale ou technologique y est aussi plus fréquente, mais évidemment sans que cette orientation plus « favorable » ne garantisse un parcours scolaire facile par la suite.
En second lieu, grâce à une démarche qualitative, les auteurs vont montrer la ségrégation ethnique favoriserait l’usage de catégories ethniques dans les relations sociales au
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