HLP Question de réflexion

HLP1                                                                                            2019-2020

Question de réflexion littéraire : Que veut dire « dialoguer » dans un texte littéraire ?

Dans le poème « Le Crapaud », Tristan Corbière fait dialoguer le poète avec la femme aimée : - « Un crapaud ! – Pourquoi cette peur, près de moi, ton soldat fidèle ! » La littérature regorge de dialogues remarquables. Ce type de communication, omniprésent dans la société, se retrouve dans tous les genres. Nous nous demanderons ce que veut dire « dialoguer » dans un texte littéraire. Nous verrons dans un premier temps que cela permet d’instaurer un jeu, puis, en second lieu, nous montrerons que dialoguer c’est mettre en situation des idées.

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        Dialoguer, c’est instaurer un jeu. Tout d’abord, il permet des échanges entre les personnages. Le genre littéraire qui s’y prête le plus est évidemment le théâtre : tirades, apartés, stichomythies…La variété des répliques rend la scène plus dynamiques. De plus le jeu de questions-réponses est un moyen efficace pour donner des informations comme dans la scène d’exposition de Britannicus de Jean Racine dans laquelle la confidente d’Agrippine, surprise par la présence de sa maîtresse, à l’aube devant les appartements de Néron, accumule les questions : « Faut-il que vous veniez attendre son réveil ? », « La mère de César veille seule à sa porte ? »… Ces interrogations permettent de relancer l’échange et de donner au spectateur des informations essentielles à la compréhension de l’intrigue.

Certes, le dialogue est omniprésent au théâtre mais on le retrouve dans tous les genres. Déjà dans l’Antiquité les dialogues de Platon, qui mettent en scène Socrate, propose des interrogatoires menant à une réflexion philosophique. De nombreux romanciers n’hésitent pas à intégrer des paroles rapportées et des dialogues afin de mettre en relief leur « être de papier ». Dans le roman de Diderot, Jacques le fataliste, l’incipit joue avec les codes du théâtre et ceux du dialogue philosophique : Diderot prend soin de ne pas répondre aux questions que le lecteur est en droit de se poser : « Où allaient-ils ? Que vous importe… »

Enfin, dialoguer créé une convergence, comme dans un duo. La conversation, genre à la mode aux 17ème-18ème siècles, apparaît comme une activité agréable, empreinte d’esthétisme et d’allégresse, couvrant divers domaines. Dans ses Maximes, La Rochefoucault, en « honnête homme », analyse son importance : « s’il y beaucoup d’art à parler, il n’y en a pas moins à se taire. » Si le dialogue en littérature peut rapprocher, il peut également accentuer des divergences, car parfois le duo devient duel : L’ensemble est rythmé, efficace, et le lecteur ou spectateur assiste avec plaisir ou effroi à des joutes verbales, comme dans la dispute qui précède la tirade du nez dans la pièce de Rostand, Cyrano de Bergerac :

Le Vicomte : Vous… vous avez un nez… heu… un nez… très grand.

Cyrano :                                                                 Très.

Le Vicomte, riant : Ha !

Cyrano, imperturbable : C’est tout ?...

Le Vicomte :                                 Mais…

Cyrano :                                              Ah ! non ! C’est un peu court, jeune homme. »

Ainsi, le jeu du dialogue littéraire a pour objectif de plaire, mais comme pour les principes du classicisme, il a également pour ambition d’instruire.

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