Fonctions du théâtre - GIRAUDOUX
Dissertation : Fonctions du théâtre - GIRAUDOUX. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar 07950873 • 29 Octobre 2021 • Dissertation • 1 599 Mots (7 Pages) • 2 353 Vues
Sujet proposé par KOUADIA Nahounou de la Côte d’Ivoire (Secret Français BAC)
Dans sa pièce L’Impromptu de Paris (1937), Jean Giraudoux fait dire à ses personnages : « Le mot comprendre n’existe pas au théâtre (…) ; le vrai public ne comprend pas, il ressent(…). Ceux qui veulent comprendre au théâtre sont ceux qui ne comprennent pas le théâtre. Le théâtre n’est pas un théorème mais un spectacle.»
En vous appuyant sur des pièces théâtrales lues ou vues, expliquez et discutez cette conception du théâtre.
Une plongée dans la fabuleuse histoire du théâtre nous révèle que dans la Grèce antique, il n’était guère besoin d’être instruit pour avoir part aux représentations. Art populaire, le théâtre était, et demeure d’ailleurs, le lieu de la communion des âmes, un art du partage des émotions. Ainsi, il n’est pas nécessaire de comprendre le message d’une pièce pour l’apprécier. Giraudoux estime même que toute tentative de saisie rationnelle d’une pièce ne peut être que le fait de l’ignorance du genre théâtral, le théâtre étant plus une question d’émotion que de raison : « Le mot comprendre, affirme-t-il, n’existe pas au théâtre(…) ; le vrai public ne comprend pas, il ressent(…). Ceux qui veulent comprendre au théâtre sont ceux qui ne comprennent pas le théâtre. Le théâtre n’est pas un théorème mais un spectacle.» Mais, si l’œuvre théâtrale peut avoir pour but de transmettre de l’émotion, est-ce sa seule fonction pour autant ? Au-delà des émotions, l’œuvre ne renferme-t-elle pas aussi un message particulier qu’il conviendrait de déchiffrer ?
THESE: LE THEATRE N’A PAS POUR BUT DE DELIVRER DES MESSAGES MAIS DE TRANSMETTRE DE L’EMOTION
Le théâtre est un spectacle qui doit exciter l’imagination du spectateur pour parler à ses sens et le faire réagir. Un certain nombre d’artifices scéniques et textuels permettent au dramaturge de réussir ce pari.
1) Les costumes
Au nombre de ceux-ci, les costumes ; terme qui désignent les tenues vestimentaires que portent les interprètes du spectacle théâtral. S’ils sont porteurs de sens, ils sont également de véritables sources d’émotions. Grâce à eux, les spectateurs parviennent à entrer dans l’univers mental des personnages et à cerner leur personnalité. Mieux que tous les discours, c’est le costume, l’accoutrement d’Harpagon qui, dans L’Avare de MOLIERE, révèle au spectateur le moins avisé, tout le ridicule de cet avare pitoyable. Mais, qu’il soit bouffon ou sérieux, un personnage se saisira toujours dans un lieu. C’est pour quoi l’auteur ou le metteur en scène prendront un soin particulier à la structuration de l’espace.
2) Le décor
Tous les éléments distinctifs de cet espace scénique constituent le décor. Construit de manière à stimuler l’imagination des spectateurs, le décor associe pratiquement tous les arts: peinture, sculpture, photographie, etc. Loin de toute prétention didactique, le décor parle plus au cœur et à la sensibilité du spectateur qu’à son intelligence, l’objectif étant avant tout de plaire et tout au moins de faire réagir le spectateur en le choquant. Dans Les Voix dans le vent de B. DADIE par exemple, la description de la case de Bacoulou où sont posés deux cranes humains et une bouteille de sang dégage une atmosphère sinistre qui ne peut manquer de piquer la curiosité du lecteur. Mais le décor n’est pas que visuel. Des éléments auditifs lui sont également associés.
3) La musique et les bruits
Les sensations que nous communique la scène sont souvent aussi le fait de musiques et de bruits calculés. Une représentation théâtrale est toujours sonorisée à dessein. Dans une pièce écrite, les didascalies offrent généralement des indications sonores utiles à la saisie de la pièce. Un bourdonnement sourd et lointain, le refrain d’une musique connue ou un cri, sont souvent riches d’intensité dramatique; et si les sons parlent au spectateur, c’est avant tout à sa sensibilité qu’ils s’adressent. Dans La Tragédie du roi Christophe d’Aimé CESAIRE, on comprend que le roi va mourir lorsque, dans le dernier acte de la pièce, on entend au loin le son d’un « mandoukouman », tambour employé pour annoncer la fin du règne d’un roi. L’intérêt de tous ces ingrédients décoratifs extérieurs à l’intrigue, c’est d’amener le spectateur à adhérer au jeu des acteurs.
4) Le jeu des acteurs
De fait, l’objectif de tout acteur est de capter l’attention du spectateur et de lui faire ressentir son texte. Et c’est par son jeu de scène qu’il y parvient. Il en est ainsi des personnages de la pièce On se chamaille pour un siège de Hyacinthe KAKOU: indépendamment de la compréhension de l’œuvre, l’on éprouve une certaine émotion esthétique devant la lecture laborieuse de la lettre de Djinan par Doua, l’écolier du village. Le rire ici s’impose à tous les spectateurs quel que soit leur niveau de culture et de compréhension de l’œuvre.
On l’aura compris, l’œuvre théâtrale, indéniablement, fait entrer le spectateur ou le lecteur dans un univers magique qui sollicite son imagination et ses sens. Mais la compréhension est-elle vraiment absente de cette rencontre avec la scène ? N’est-ce pas plutôt la saisie du sens de la pièce qui porte l’émotion théâtrale à son paroxysme ?
ANTITHESE: LE THEATRE A AUSSI POUR BUT DE DELIVRER DES MESSAGES
Le texte théâtral, nous semble-t-il, sans donner dans la logique mathématique, vise aussi à susciter la réflexion. L’appréhender sous cet angle permet de découvrir une richesse thématique qui ne peut que renforcer notre adhésion à cet art.
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