Fiche sur le théâtre polymorphe
Fiche : Fiche sur le théâtre polymorphe. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lauren Bacquié • 31 Janvier 2019 • Fiche • 5 588 Mots (23 Pages) • 560 Vues
Le genre théâtre est polymorphe
La tragédie C'est une pièce mettant en scène des personnages nobles héroïques combattant contre la fatalité. Ces héros sont soumis à leur destin ; souvent confrontés à un dilemme, le héros tragique ne peut éviter le dénouement programmé depuis le début de la pièce. Ce dénouement se solde en général par de la violence, une mort, un sacrifice. Quand une tragédie se termine bien, elle s'appelle tragicomédie. Les sujets des tragédies sont inspirés de l'Antiquité ou de la mythologie. Une tragédie classique est écrite en vers, en alexandrin. La tragédie doit inspirer au spectateur terreur et pitié, selon la théorie de la catharsis élaborée par Aristote au IV ème siècle avant J-C. Cette catharsis est une purgation des passions : le spectateur, en voyant le destin subi par un héros admirable en proie à ses passions, est censé se détourner naturellement du vice. La tragédie classique suit des règles souvent issues de la Poétique d'Aristote : la règle des trois unités (la pièce doit présenter une intrigue principale, organisée en un seul lieu et en 24 heures de façon à paraître vraisemblable), le respect des bienséances, la quête de la vraisemblance pour que les spectateurs s'identifient aux personnages et puissent se reconnaître dans les situations présentées.
La comédie C'est une pièce mettant en scène des personnages tirés de la vie ordinaire. Les personnages sont confrontés à un conflit familial mais l'intrigue se termine bien dans la résolution des conflits et le retour à la juste mesure. La comédie use de diverses formes de comique : le comique de situation (la situation est déplacée ou paradoxale, elle repose souvent sur des quiproquos), de mots (jeux de mots, insultes, double sens), de gestes (coups, chutes, grimaces), de caractère (défauts, manies, obsessions ridicules), de mœurs (attitudes, habitudes, dysfonctionnements d'un groupe social.) Le vocabulaire de la comédie du quotidien, même si elle est le plus souvent écrite en vers à l'époque classique.
La question de la représentation du texte théâtral
Le théâtre est la combinaison d'un trio: action-espace-spectateur. Etymologiquement, le mot théâtre signifie «lieu où l'on regarde» : il pose d'emblée la relation d'un événement et d'un espace, d'une action et de spectateurs. Nous pouvons nous demander si le metteur en scène est un créateur ?
On le voit plutôt comme un interprète : le metteur en scène ne se borne pas à assurer la réalisation matérielle du spectacle (objective), il lui confère une signification (subjective). La question de l'interprétation est au centre de la réflexion sur la mise en scène. Le texte est une donnée virtuelle dont le metteur en scène a pour tâche de « faire parler », l'auteur, en accomplissant et concrétisant l'oeuvre dans le temps de la représentation.
Mais c'est aussi un créateur, qui recrée la pièce. Ses choix de mise en scène n'ont pas pour seule vocation de fournir un cadre au spectacle ou d'afficher ses goûts : ils révèlent un parti pris de travail, ainsi qu'un point de vue sur l'oeuvre ; on comprend dès lors l'importance des choix établis par le metteur en scène : ils déterminent ce qui est important ou non aux yeux du spectateur et proposent une lecture personnelle de l'oeuvre.
Parfois, certains metteurs en scène vouent à l'auteur un culte absolu. Jean Vilar, créateur du festival d'Avignon, va jusqu'à dire que «le metteur en scène n'est pas un être libre. L'oeuvre qu'il va jouer ou faire jouer est la création d'autrui.» Le metteur en scène est alors un artisan au service du texte, comme le dit aussi Jacques Copeau qui promeut l'économie des moyens scéniques de façon à respecter le texte.
D'autres fois, des théoriciens prônent une rupture radicale avec la supériorité du texte. Des metteurs en scène comme Robert Wilson modifient les prévisions de l'auteur, privilégient l'image scénique par rapport au texte proprement dit. Ils établissent une hiérarchie qui valorisent les éléments musicaux, la lumière, les décors, la mise en scène au détriment du texte, considéré comme simple matériau intellectuel.
En conclusion, l'absence de parti pris est impossible. Le metteur en scène est celui qui «fait parler» du texte, ou qui en propose une traduction, avec une coloration plus ou moins teintée de subjectivité. La richesse de la polysémie du texte de théâtre permettent diverses représentations, qui doivent se garder de dépasser les limites de la trahison.
L'évolution historique du genre théâtral
Des origines antiques au Moyen Âge : origines du théâtre, du sacré au profane
C'est dans la Grèce Antique que le théâtre apparaît, au VI ème siècle avant Jésus-Christ. Son apparition est liée à des rites d'origine religieuse : lors de cérémonies réalisées dans le cadre des Dionysies, fêtes dédiées à Dionysos, les édifices théâtraux sont utilisés pour des démonstrations d'acteurs, des combats ou des assemblées politiques. Ces Dionysies sont l'occasion de concours théâtraux entre auteurs qui présentent plusieurs pièces, dont des tragédies. Dès ses débuts, le théâtre est donc un art communautaire, développé à partir des célébrations officielles de la cité. Les pièces de théâtre sont représentées dans des amphithéâtres réunissant citoyens, femmes et esclaves pour des moments privilégiés. Deux genres se distinguent la tragédie qui signifie en grec «chant du bouc» car on offre un bouc en sacrifice au dieu. Eschyle est considéré comme le fondateur de la tragédie avec Les Perses, pièce inspirée des guerres gréco-perses. Sophocle continue le genre avec Antigone, pièce inspirée de sujets mythologiques. La comédie dont le nom signifie «chant de la procession» naît dans le même contexte. Dans sa Poétique, Aristote écrit que l'art dramatique comique serait né d'une improvisation de la coryphée, membre du choeur, donnant lieu à des chants entonnés lors de processions, qui entrent dans des cultes de fertilité en l'honneur de Dionysos. Aristophane est le précurseur de la comédie littéraire sophistiquée dans les Oiseaux par l'opposition à la comédie populaire dans Les Guêpes par exemple. Les Oiseaux est une comédie grecque antique. Elle dépeint le dessein de deux athéniens de fuir le tracas de leur cité. Au début de la pièce, ils décident d'aller voir Epops, une huppe pour fonder leur cité. L'idéal se détache nécessairement du réel et s'appuie souvent sur la fantaisie du fantaisie du grec imagination. Le passage du début de la pièce peut constituer une captatio benevolentiae à voir la suite de la pièce car cette fantaisie pittoresque et utopique ne peut que séduire le spectateur prêt à écouter les changements qu'on peut faire à Athènes. Ainsi dans la représentation de Laurent Pelly les oiseaux vont exprimer la légitimité de la société, ils incitent même les spectateurs à voter pour cette pièce dans une parabase : le choeur s'adresse au public pour lui donner des conseils de politique générale et pour voter qualités du spectacle et éventuellement critiquer la concurrence. Le metteur en scène va surtout souligner le thème de l'immigration en assignant aux deux athéniens des valises en lien avec notre actualité. Il montre ainsi qu'une pièce datant de la Grèce antique s'inscrit dans un message universel, que seul sur scène nous pouvons comprendre. De plus, il a choisi de mettre en valeur le bruit des ailes ce qui crée une puissance du choeur et intensifie le registre épique dans le combat des athéniens vs les oiseaux et ceux des oiseaux vs les dieux. Le choeur peut être accompagné musicalement et parfois avec les onomatopées lyriques du chant des oiseaux. Pour reproduire un espace utopique entre terre et ciel, Pelly a choisi un vaste ciel changeant de couleur qui monte et qui descend. La terre est représentée par des sortes de montagnes. De plus, la descende de Iris, la messagère est mise en valeur par un cerceau de couleur qui change selon son humeur : deus ex machina.
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