Faut-il être sage pour être heureux?

        Parvenir à être heureux est considéré comme la quête de tous les hommes. « Tous les hommes cherchent le bonheur » dit Aristote, parce qu’il représente cet état de satisfaction totale lorsque tous nos désirs sont accomplis. .On peut considérer que tous les hommes travaillent à trouver le bonheur. « C’est de par leur caractère que les hommes sont ce qu'ils sont, mais c'est de par leurs actions qu'ils sont heureux, ou le contraire » Aristote. Etre heureux est donc par définition le but de notre existence par des actions pour obtenir ce qu’on désire avoir. La recherche du bonheur comporte deux sens. Un sens matériel, « ce qu’on désire avoir », que ce soit concret comme des biens (argent) ou abstrait (l’amour, la reconnaissance). Et un sens moral « des actions pour obtenir ». Mais les deux sont liés, car pour satisfaire tous ses désirs l’homme doit emprunter un chemin moral. Alors existe-t-il une « recette », la « recette du bonheur » ?

         Par l’utilisation de l’expression « faut-il » dans cette interrogation philosophique, cela pose la question du devoir d’être sage pour être heureux. La sagesse apparaît comme la condition nécessaire à avoir pour être heureux. Deux problèmes se posent : Comment la sagesse permet-elle à l’homme sage d’être heureux ? Et l’homme sage est-il nécessairement heureux ?

        Dans un premier temps, on tentera de définir comment l’homme sage peut être heureux, puis on  essayera de déterminer si la sagesse conduit nécessairement au bonheur. Parce qu’on pourrait alors pensé que tous les hommes peuvent être heureux et pourtant ce n’est pas le cas.

        La sagesse selon Epicure permet à celui qui s’y consacre d’atteindre la paix de l’âme : « Quand on est jeune, il ne faut pas hésiter à s’adonner à la philosophie, et quand on est vieux, il ne faut pas se lasser d’en poursuivre l’étude. Car personne ne peut soutenir qu’il est trop jeune ou trop vieux pour acquérir la santé de l’âme. Ceux qui prétendraient que l’heure de philosopher n’est pas encore venue ou qu’elle est déjà passée, ressemblerait à celui qui dirait que l’heure n’est pas encore arrivée d’être heureux ou qu’elle est déjà passée. » (Extrait de la Lettre à Ménécée – Epicure). Epicure considère que la philosophie conduit à la santé de l’âme. Il faut que l’homme apprenne à réfléchir pour être heureux. Par la réflexion philosophique l’homme arrive à se détacher des désirs qui ne sont pas nécessaires et à se contenter de ce qu’il a. par exemple, on peut se détacher du désir d’avoir une voiture, car on peut continuer à être autonome en se déplaçant en bus. Ainsi on ne souffre pas du manque de l’objet, ici, la voiture. On peut aussi dire, qu’on ne souffre pas de ne pas avoir de voiture, car on sait qu’on ne peut pas la conduire. Il faut arriver à se détacher d’un désir que l’on ne peut pas satisfaire. La sagesse épicurienne devient un art de vivre qui peut rendre heureux et donc atteindre cet état de satisfaction complète qu’est le bonheur.

        Prendre conscience de ses désirs, les connaître, les hiérarchiser, les limiter ou les restreindre suppose une force et une volonté, qui sous-entend une maîtrise de soi. Cette maîtrise n’est possible que si on est libre de ses choix, donc, si ce qu’on désire ou ne désire pas, dépend de soi. Si on désire ou ne désire pas quelque chose, ne dépend pas de notre seule volonté ou liberté de choix, on ne peut pas être heureux. Par exemple, désirer conduire une voiture alors qu’on est mineur, peut rendre malheureux, car conduire une voiture dépend avant tout de la loi, qui dit qu’il faut être majeur. Dans ce cas la sagesse consiste à faire dépendre de soi, de notre volonté, le bonheur. On doit raisonner et donc accepter un désir qui est impossible à satisfaire. Ainsi l’homme sage raisonne et agit sur lui-même pour que dans une situation qui pourrait le rendre malheureux, il reste heureux. La sagesse se présente comme la condition indispensable au bonheur.

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