Explication linéaire "le jeu de l'amour et du hasard" scène 8 acte 3
Commentaire de texte : Explication linéaire "le jeu de l'amour et du hasard" scène 8 acte 3. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar vadym • 11 Mars 2021 • Commentaire de texte • 1 463 Mots (6 Pages) • 1 988 Vues
Explication linéaire, Le jeu de l’amour et du hasard
Se faire passer pour quelqu’un d’autre est un stratagème aussi courant au théâtre qu’ancien. Depuis Plaute, auteur de l’Amphitryon, jusque Marivaux, au XVIIIe siècle, l’usurpation d’identité est un stratagème, un jeu dans le jeu du théâtre. Marivaux, dramaturge de l’amour et des comédies sociales, montre ce stratagème dans la pièce Le jeu de l’amour et du hasard, parut en 1730. Cette pièce utilise le stratagème de l’usurpation d’identité à l’acte3 scène 8, scène avancée dans la pièce, proche du dénouement, quand Silvia, promise à Dorante, homme qu’elle connaît peu, demande à sa servante Lisette d’échanger leurs rôles. Mais Dorante est vite attiré par la fausse servante, et Silvia se demande si par amour, pourrait-il épouser une humble domestique, chose qui prouverait à Silvia que Dorante l’aimerait peu importe son rang ou sa rente. De ce fait, nous pouvons nous demander si Dorante épouserait-il une servante de maison, fi de son rang mais au service de l’amour véritable. Nous allons répondre à ce questionnement en voyant d’abord les différents stratagèmes mis en place par Silvia, puis nous verrons si ces plans fonctionnent ou non sur Dorante.
Tout d’abord, Silvia met en place son premier stratagème en faisant douter Dorante de son amour à lui-même envers elle, dans le but d’observer sa réaction. Elle commence à prendre la maîtrise de leur conversation en prenant un ton impératif : « Laissez-moi ; tenez » « ne m’interrogez point » (L.1-2). Suite à cette entrée en scène devant surprendre Dorante, elle marque une opposition entre ses propres sentiments, et ceux de Dorante, dans la phrase « vous ne craignez que mon indifférence, et vous êtes trop heureux que je me taise » (L.2-3). Cette réplique montre la distance de leur sentiments respectifs avec l’antithèse « indifférence » « heureux ». Suite à ces deux phrases, elle insiste sur le peu d’importance que Dorante donne à ses sentiments en terminant sa première réplique par : « Que vous importent mes sentiments » (L.3). Elle achève son premier stratagème en insistant sur le manque de sentiment que Dorante lui porte, et se montre dans une position de faiblesse, qui à ce que l’homme soit étonné mais cherche à la rassurer sur ses intentions. En effet, dans la seconde réplique, Dorante veut se montrer rassurant, en induisant par deux questions consécutive qu’il tient à Lisette. Du fait qu’il pense parler à Lisette, en marquant une emphase dans sa première question : « Ce qu’ils m’importent, Lisette ? » (L.4) on assiste donc à la première réussite de l’usurpation d’identité de Silvia, qui parle à Dorante, ce dernier, qui croit parler à Lisette, et le public, spectateur omniscient, qui comprend la scène. On peut évidemment évoquer une triple énonciation, où les deux personnages ont une idée bien différente de la personne à qu’ils s’adressent, et le public, complice de Silvia et de sa stratégie pour l’instant victorieuse. Revenons à Dorante : en posant les deux questions : « Ce qu’ils m’importent Lisette ? Peux-tu douter encore que je ne t’adore ? » (L.4-5) on comprend que Dorante est certain de ses intentions et qu’il veut la rassurer en la faisant elle-même répondre à ses questions initiales induites comme étant, est-ce que Dorante lui porte réellement attention. Ce dernier reprend ses mots : « ce qu’ils m’importent » (L.4) en insistant donc sur le fait qu’il soit étonné que Lisette remette en question ses sentiment, ne se doutant pas qu’il parle avec Silvia. De ce fait, il souligne l’absurdité de la question de Lisette en la lui posant à son tour. On en déduit donc que la réaction de Dorante doit satisfaire Silvia, et qu’ainsi elle peut continuer à exploiter son stratagème pour arriver à son ultime dessein. Afin de poursuivre son habile ruse, Silvia cherche à exposer toutes les opportunités concrètes que Dorante pourrait exploiter pour oublier son amour envers sa servante. Sa première démarche est de remettre en cause la véracité des affirmations de Dorante : « vous me le répétez si souvent que je vous crois, mais pourquoi m’en persuadez-vous ? Que voulez-vous que je fasse de cette pensée-là, Monsieur ? » (L.6-8). Puisque même si Dorante peut affirmer qu’il l’aime, rien ne lui prouve que les paroles de cet homme ne sont pas des paroles en l’air. Elle induit donc dans l’esprit e Dorante, de manière implicite, qu’il faudrait qu’il lui prouve cet amour de manière concrète, notamment par le mariage. Elle poursuit donc son stratagème sans contrariété, et enclenche une nouvelle phase, celle de la sincérité, malgré l’usurpation d’identité. De ce fait, Silvia utilise un champ lexical de l’amour pour avancer dans sa ruse : « Je vais vous parler à cœur ouvert. Vous m’aimez, mais votre amour n’est pas une chose bien sérieuse pour vous » (L.9-10). En plus de cette déclaration de sincérité explicite, Silvia expose encore une fois une opposition de leurs amours, et de leurs classes sociales. Elle explique notamment que Dorante sera libre d’être séduit par n’importe quelle femme, et qu’à ce moment, il oubliera qu’il avait aimé sa domestique : « la distance qu’il y a entre vous et moi, milles objets que vous allez trouver sur votre chemin, l’envie qu’on aura de vous rendre sensible, les amusements d’un homme de votre condition, tout va vous ôter cet amour dont vous m’entretenez impitoyablement. » (L.9-15). Cette réplique doit être comprise dans le contexte de l’époque à laquelle elle a été écrite : au XVIIIe siècle, les mariages de convenance sont banalisés et personne n’oserait épouser quelqu’un d’une classe sociale différente. Cette pièce est donc engagée contre ces idées, car elles les critiquent implicitement, afin d’éviter la censure. Cependant, l’autre élément à comprendre est que Silvia veut faire aboutir son stratagème, en demandant implicitement si la transgression des mœurs et lois sociales lui poserait problème, ou si son amour est bien plus fort que cela. In fine, Silvia arrive à l’apogée de son stratagème dès cette réplique, et la suite de sa tirade sera exploitée par la suite, mais la chose essentielle à retenir est que son stratagème est très clair et habile, de ce fait il fonctionne. C’est ce dont traitera la prochaine partie, sur comment Dorante va-t-il réagir aux avances implicites de sa servante, et si cette dernière réussira à attirer suffisamment l’attention de Dorante afin qu’il accepte de l’épouser, même si elle est sa prétendue domestique.
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