Est-il nécessaire de voyager pour être humaniste ou pour connaitre le monde ?
Dissertation : Est-il nécessaire de voyager pour être humaniste ou pour connaitre le monde ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Chloé K • 7 Mai 2021 • Dissertation • 1 351 Mots (6 Pages) • 525 Vues
Dissertation
Est-il nécessaire de voyager pour être humaniste ou pour connaitre le monde ?
Au XVI siècle, la découverte du Nouveau Monde est un choc. Montaigne, dans le chapitre « Des Coches » des Essais, publié en 1588, exprime cette surprise par la phrase « Notre monde vient d’en découvrir un autre. ». Attiré par cette nouveauté, il va se renseigner sur les Amérindiens, et partager cette curiosité avec son lecteur. Au même siècle, c’est le début du mouvement de l’humanisme, un mode de pensée qui manifeste un vif appétit critique de savoir, visant l'épanouissement de l'homme grâce à la culture. Mais peut-on dire que pour se nommer humaniste et connaitre le monde, il faille obligatoirement parcourir la planète ? Nous allons approfondir cette question en analysant les chapitres « Des Coches » et « Des Cannibales » de Montaigne, ainsi que d’autres textes de la littérature d’idées. Dans un premier temps, il est certes nécessaire de voyager pour être humaniste mais aussi pour connaitre le monde. Puis, nous constaterons que cependant, on peut se dire humaniste et connaisseur du monde sans obligatoirement voyager.
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Dans un premier temps, on constate que certes il est nécessaire de voyager pour être humaniste mais aussi pour connaitre le monde.
Voyager, découvrir de nouveaux horizons mais aussi apprendre permet alors de voir les choses de ses propres yeux. Pour Montaigne, la manière de vivre des Tupinambas est plus authentique et plus morale, du fait qu’ils vivent comme au temps de l’ « Age d’or » antique. Ce constat a été découvert grâce à de nombreux voyageurs de l’époque, on peut notamment citer Bartolomé de Las Casas dans La Controverse de Valladoid de Jean Claude Carrière. En outre, Las Casas souligne, tout comme Montaigne, à quel point la découverte du Nouveau Monde a mis en lumière l’une des pires facettes de l’homme civilisé : sa cupidité, sa soif de l’or. Jean Claude Carrière a lui-même évoqué le fait qu’il ne sait pas « s’il y a des pieds qui ont voyagé autant que le [sien] » tout cela prouve le fait que voyager permet de voir les choses par nous-même.
Vagabonder a également l’avantage de découvrir sans être influencé par les écrits d’autrui. Ainsi, voyager permettrait de découvrir par soi-même, sans prendre en compte les écrits et les témoignages d’autres voyageurs pouvant avoir été influencé par leurs habitudes. Montaigne nous annonce à ce sujet que « notre connaissance […] nous présente habituellement une très fausse image des choses » dans le chapitre « Des Coches ». Partir loin, circuler nous ouvrirait alors les yeux, pour Montaigne, le scepticisme est présent car on s’approche d’une vérité, mais on ne l’obtient jamais entièrement, cependant découvrir des peuples et des coutumes nous permet de nous rapprocher au plus de cette vérité, là où en lisant uniquement, on en est encore très éloignés.
Pour finir, nous avons besoin de découvrir d’autres cultures, pour ouvrir les yeux sur ce que nous sommes comparé aux autres. C’est grâce aux voyageurs que nous sommes au courant des différences notamment entre les rois des tupinambas et les seigneurs d’Europe. Effectivement, chez les Tupinambas, le roi est un modèle pour ses sujets, il marche « le premier à la guerre » là où les seigneurs d’Europe sont surtout privilégiés sans être les plus forts. Le roi des Tupinambas fait des dépenses utiles, qui servent réellement au peuple, or les seigneurs européens ont tendance à dépenser dans l’unique but de se faire apprécier par le peuple, on peut citer les jeux du cirque dans la Rome antique. La manière de vivre de ce peuple est authentique et moral, car en harmonie avec « [leur] grande et puissante mère nature », en contradiction avec la culture de Montaigne que celui-ci déclare comme étant artificielle et corrompue, cette façon de réfléchir et de s’ouvrir vient notamment du fait d’être un humaniste.
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