En quoi l'évocation d'un monde éloigné du sien permet-elle au lecteur de réfléchir sur la réalité qui l'entoure ?
Dissertation : En quoi l'évocation d'un monde éloigné du sien permet-elle au lecteur de réfléchir sur la réalité qui l'entoure ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar silomed • 14 Février 2018 • Dissertation • 1 485 Mots (6 Pages) • 2 775 Vues
En quoi l'évocation d'un monde éloigné du sien permet-elle au lecteur de réfléchir sur la réalité qui l'entoure ?
Bienvenue à Gattaca, Harry Potter, Inception, Matrix, ou encore Troie...sont des films à grands succès. Tous ont en commun de plonger le spectateur dans un monde très différent du sien, que ce soit dans un autre temps, dans d'autres lieux, ou dans un monde fantastique. Pourquoi cet engouement ? On dit souvent que ces films nous font en fait réfléchir sur notre propre monde, il en est de même en littérature, et ce, surtout depuis le 18e siècle, ce dont témoignent les textes du corpus. Mais comment expliquer cet apparent paradoxe ? En quoi l'évocation d'un monde éloigné du lecteur le pousse-t-elle à réfléchir à ce monde même dans lequel il se trouve ? Nous verrons effectivement que l'attrait pour ces œuvres est dû au plaisir du dépaysement, à la satisfaction d'une certaine curiosité propre à tout homme, mais qu'il est surtout lié à la prise de conscience de nos qualités et défauts, elle-même résultat d'une constante incitation à comparer le monde imaginaire du livre et le nôtre.
Il est vrai que l'on ne choisit pas avant tout de lire Harry Potter pour disserter sur l'homme et les sociétés les meilleures. On lit Harry Potter car cela nous procure les plaisirs simples du divertissement.
Les mondes imaginaires sont justement plaisants parce qu'ils permettent de se soustraire aux lois (physiques mais aussi politiques, culturelles) de notre monde réel en en créant un autre : il est plaisant d'imaginer un monde où la sorcellerie s'apprend, un monde où l'on peut voler sur un balai. De même, il est plaisant de se promener dans des contrées inconnues de la Chine du 12e siècle, comme celles que décrit Marco Polo dans son Livre des Merveilles ou encore, il est très intéressant de découvrir comment vivent d'autres peuples, que ce soient les indiens dans le Dernier des Mohicans ou les Égyptiens dans les romans historiques de Christian Jacq. Ainsi, un aspect essentiel de ces romans est la description : c'est elle qui permet de donner des éléments d'information au lecteur et qui lui donne le matériau nécessaire au plaisir de l'imagination.
Le dépaysement remplit aussi une autre fonction divertissante : la curiosité. C'est elle qui explique l'engouement pour tous les romans d'anticipation actuels : on veut savoir de quoi demain sera fait. Ainsi, Jules Verne, en 1850, a écrit Paris au XXe siècle, se plaisant à imaginer une ville où tous les progrès techniques de son époque seraient devenus la norme, et il a effectivement su prévoir certains progrès qui sont aujourd'hui acquis. Les romans d'anticipation sont donc gorgés de passages explicatifs qui permettent de comprendre comment l'on vit dans un monde qui sera peut-être le nôtre dans un avenir plus ou moins proche.
Mais à y regarder de plus près, on se rend bien compte que très vite, dans l'esprit du lecteur, succède à la curiosité et au plaisir de l'imaginaire, celui de la comparaison. Or, tout, dans ces romans qui dépaysent, nous pousse à effectuer ces comparaisons :
Tout d'abord, dans le genre de l'utopie comme dans les romans d'anticipation ou de voyage, nous avons souvent un personnage qui est à la même place que le lecteur (ignorant tout de ce monde dans lequel il « débarque » parfois au sens propre mais plus au sens figuré) et qui compare son monde à celui qu'il découvre. Le Docteur Simon dans la Nuit des temps, Adoam dans Les aventures de Télémaque, Candide, dans Candide, sont tous des doubles du lecteur : ils découvrent un monde, s'en étonnent, et...le comparent au leur. Ou bien, ce sont des personnages qui se font les porte-parole de l'auteur en comparant leur monde au sien : « Les hommes de ces pays sont-ils plus sains et plus robustes que nous ? ». Ainsi, le lecteur est poussé lui aussi à effectuer cette comparaison et à évaluer son monde à l'aune de celui qui lui est décrit. Il se demande ainsi quelle est l'utilité réelle du travail dans sa société quand il lit « Ces peuples sont bien malheureux d'avoir employé tant d'industrie et de travail pour se corrompre eux-mêmes ! »
De manière plus subtile, le narrateur / l'auteur pousse le lecteur à faire des comparaisons en insérant des éléments connus du lecteur dans ce monde nouveau. Ainsi dans Utopia, Thomas More, pour décrire les divertissements du peuple de la ville d'Amaurote, les compare à ceux
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