El desdichado - Gérard de Nerval
Commentaire de texte : El desdichado - Gérard de Nerval. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Gabin Dournelle • 20 Février 2017 • Commentaire de texte • 2 208 Mots (9 Pages) • 3 950 Vues
Dournelle Commentaire de texte sur « el desdichado » de le 28/01/2017
Gabin Gérard de Nerval.
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« El DESDICHADO » est un poème, tiré du recueil de poèmes « Chimères », est publiée en 1854 par Gérard de Nerval. Ce poème est la plus grande œuvre de l'écrivain du XIXème siècle, née en 1808. Ce dernier est une des figures du romantisme noir, tout comme le fût Charles Baudelaire. Ce courant se caractérise par l'omniprésence du registre fantastique, l'évocation de thèmes très sombres tels que la haine et des thèmes moyenâgeux (macabre, satanisme,...) tout en gardant les fondements du romantisme que sont l'onirisme et le lyrisme. On peut expliquer l'appartenance de De Nerval à ce courant littéraire, et en particulier pour cette œuvre, par la folie qui le gagna, depuis la mort de sa muse : Jenny Colon, en 1842. Ainsi, il fait deux crises de folie en 1851 puis en 1853 avant de succomber finalement à cette gangrène psychique : il se pend en 1855 .
Cet écrit poétique témoigne des interrogations assez ésotériques , auxquels le narrateur doit faire face en affirmant son identité. On pourrait presque qualifier ces vers de bipolaires tant le contenu semble paradoxal. D'ailleurs, le poète torturé a peut-être choisi le titre « Chimères » à son recueil, dans le but d'illustrer d'abord la complexité de sa personnalité en faisant référence à l'hybridité du monstre antique. Puis, il voulait peut être faire aussi référence au sens courant du mot et donc qualifier ses pensées ou du moins désirs d'utopiques.
Grâce à cet extrait, nous allons donc essayer d'analyser et comprendre comment le sonnet a permis à Gérard de Nerval d'essayer de faire face à sa folie. Dans un premier temps, nous étudierons l'influence du romantisme sur ce texte puis nous aborderons le rôle de la recherche d'un nouveau langage poétique par le poète.
Tout d'abord, nous allons parler de l'influence du romantisme, se traduisant ici par le lyrisme et la mélancolie du texte, puis nous étudierons l'omniprésence du « moi » avant d'évoquer le parallèle fait entre le poète et Orphée.
Le romantisme est un mouvement littéraire apparu en Allemagne puis en France au début du XIXème siècle. Il tend à s'opposer au rationalisme des Lumières et aspire à la libération de l'imagination et de la langue. Le romantisme privilégie l'expression du « moi » et des thèmes tels que l'amour, les passions, la nostalgie, la mélancolie, …
La poésie de De Nerval est marquée par la mélancolie, exprimée de part un lyrisme intense.
Le champ lexical de la tristesse : « inconsolé »(v.1) ; « Mélancolie »(v.4), nous indique que le thème centrale du poème sera la souffrance et la mélancolie. On le comprend d'ailleurs, dès le premier vers, grâce à la gradation descendante « Je suis le Ténébreux,- le Veuf,-l'Inconsolé ». Le fait que ces termes commencent par des majuscules renforce ce sentiment d'intense souffrance, il doit accentuer ces mots pour que le lecteur prenne conscience de sa douleur. Par ailleurs, le substantif « Veuf »(v.1) casse le rythme de l'alexandrin, de part une cézure pour sans doute représenter son cœur brisé. Par l'antithèse ,au vers quatorze, « les cris de la Fée » nous indique que l'amour presque magique qu'il éprouvait pour Jenny est torturée alors même qu'il aimerait retrouver cette relation passionnelle : « Rends-moi […] la treille ou le Pampre à la Rose s'allie ». Ici, le Pampre est métaphorique et désigne Dionysos, dieu du vin et notamment des connaissances poétiques, soit peut-être Gérard de Nerval tandis que la Rose désignerait sa compagne défunte, déjà réifier en « fleur »(v.7).
On constate qu'il y a une omniprésence du moi, qui est illustré dans le poème par la récurrence soutenue de pronoms personnels sujets et possessifs à la première personne : « je » ; « Ma » ; « mon » ; « m' » ; « mon » ; « je » ; « Mon » ; « J' » ; « j' ».
Enfin, on peut effectuer un parallèle entre le poète et Orphée, le héros musicien antique.
D'abord, la métaphore filée vers trois : « Ma seule Étoile est morte,-et mon luth constellé porte le Soleil noir de la Mélancolie » nous fait comprendre qu'il tient rendre hommage à sa muse (« mon Etoile »), par la poésie (« luth ») malgré la dépression et le spleen qui l'envahissent. Et on le comprend grâce à l'oxymore « Soleil noir ». L'écrivain du dix-neuvième siècle rend donc hommage à son grand amour comme Orphée l'eût fait en chantant son malheur, avant de se rendre aux Enfers, et accompagné de sa lyre. Il faut d'ailleurs précisé que le lyrisme vient de la lyre du mythe d'Orphée, laquelle aurait même envoûté le dieu des arts, Apollon. De plus, ce parallèle est d'autant plus frappant que l'auteur fait référence, par deux fois et de façon assez explicite, à la célèbre légende antique : « J'ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène... Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron »(v.11-12). Il fait, ici, allusion au passage d'Orphée au Royaume des Morts pour tenter de persuader Hadès et Perséphone ainsi que tout leurs monstres de lui rendre sa nymphe et bien-aimée : Eurydice, avec le passage de « l'Achéron »), qui est le fleuve entourant les Enfers, selon Virgile. Puis, il fait également allusion à l'expédition d'Orphée avec les Argonautes, pendant laquelle le musicien a réussi à sauver ses compagnons des griffes des sirènes en hypnotisant ces dernières avec sa lyre.
Le champ lexical de la musique : « luth »(v.3) ; « la lyre »(v.13), renforce la thèse selon laquelle De Nerval se sentirait et s'identifierait même à Orphée, le parfait symbole du lyrisme et donc du romantisme.
On peut donc dire que « EL DESDICHADO » est bien un texte romantique, illustrant les fondements de la folie de son auteur, que constitue la perte de sa muse.
Nous venons donc de voir en quoi ce poème est romantique et quel est l'influence de ce mouvement sur le texte. Maintenant, nous allons évoquer la recherche, par l'auteur, d'une nouvelle identité.
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