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"Dormante" commentaire

Commentaire de texte : "Dormante" commentaire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  11 Novembre 2021  •  Commentaire de texte  •  1 427 Mots (6 Pages)  •  2 449 Vues

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BS2S2

Corrigé du commentaire de texte sur « Dormante » de Claude ROY

        La représentation du corps humain est un sujet qui a été, et est toujours, largement exploité dans tous les Arts, qu’il s’agisse de la peinture, de la sculpture et de la littérature. Au XXème siècle, Claude Roy, poète, romancier et essayiste, a donné à son tour un retentissement à cette tradition millénaire dans son recueil Clair comme le jour, en 1942, dont est extrait « Dormante », le poème que nous allons étudier. Nous allons tenter de savoir comment le poète met en scène le corps de la femme dans cette œuvre. Pour cela, nous verrons d’abord que la femme qu’il décrit est insaisissable, puis qu’elle fait corps avec le paysage. Finalement, il apparaît que cette femme a un lien particulier avec la mort.

        D’une part, on remarque que la femme mise en scène dans « Dormante » semble parfaitement insaisissable pour le poète.

        En effet, l’inconnue est plongée dans un état de sommeil. D’abord, le sommeil est annoncé dès le titre « Dormante ». On retrouve aussi dans le poème le champ lexical du sommeil, autour de mots comme « dormeuse » (vers 1 et 13), « rêveuse » (vers 1), « songeuse »(vers 3), « yeux clos » et « sommeillant »(vers 4), « berceuse »(vers 7), « nuit » (vers 7), « sommeil » (vers 9), « paresseuse » (vers 13), « dort » (vers 20). Enfin les sonorités sourdes évoquent la douceur et l’engourdissement du sommeil ; ainsi on trouve [oez], [z], [m], dans un vers tel que le premier : « Toi ma dormeuse mon ombreuse ma rêveuse ». Ces sonorités créent un effet de berceuse à la lecture du poème.

        Mais, parallèlement, le poète tente en vain de posséder cette jeune fille, de se l’approprier. En premier lieu, l’abondance des pronoms et des déterminants de deuxième personne mettent cette attirance irrésistible en valeur, ce que nous prouve l’abondance de « toi » intégré au poème à cinq reprises en position d’anaphore. La forme « te » ou « t’ » est tout aussi présente, on peut en compter quatre occurrences, comme pour les déterminants de deuxième personne. En même temps, la récurrence des déterminants de première personne est encore plus flagrante, dont « ma » qui apparaît douze fois et « mon » cinq fois. Il est important de relever que ces formes personnelles s’entrecroisent en permanence dans le texte, ainsi qu’au vers 8 « toi qui te perds et me surprends ». Pour finir, de nombreux termes soulignent l’éloignement et l’inaccessibilité de la jeune fille : elle est « lointaine » au vers 4, un « souci » au vers 7, une « oublieuse » au vers 13, une capricieuse » au vers 15. On peut enfin étudier la métaphore « mon étoile légère » (vers 16), qui évoque l’attirance vers la lumière, mais aussi le rêve impossible. Tout porte à croire qu’elle reste inéluctablement loin du poète amoureux.

        Cette femme allongée sur la plage reste donc inaccessible et lointaine. D’autre part, cette mystérieuse femme semble faire corps avec la nature.

        D’abord, le corps de la femme est décrit au moyen d’éléments naturels. En fait, on repère rapidement à la lecture du poème un abondant champ lexical de ma nature, composé de « sable» (vers 2 et 15), « œillet » (vers 4), « nuage » et « pluie » (vers 5), « eau légère » et « vent » (vers 6 et 14), »jour » et « nuit » (vers 7 et 19), « vague » (vers 9), « soleil » (vers 11), « mer » (vers 14), « étoile » (vers 16), « plage » (vers 20) ; il est intéressant de remarquer que ce champ lexical fait référence à tous les éléments (l’eau, l’air, la terre et le feu), ce qui laisse supposer que le corps de la dormeuse se fond dans la nature toute entière. De surcroît, l’importance de la présence de l’eau renvoie à la symbolique de la femme. En plus, cette femme devient à son tour un élément de la nature, ce que souligne précisément la métaphore « sommeillant œillet » du vers 4, fleur qui évoque l’amour.

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