Dissertation sur le bonheur, énoncé de Rousseau

« Le bonheur est un état permanent qui ne semble pas fait ici-bas pour l’homme. »

Jean-Jacques Rousseau

Sommes-nous réellement faits pour le bonheur ? Peut-on véritablement atteindre cet idéal auquel nous tendons tous ? C’est la question que pose Jean- Jacques Rousseau dans l’énoncé ci-dessus. Il nous y propose une vision défaitiste de bonheur, qu’il définit comme un état permanent uniquement et qu’il juge impossible à atteindre sur Terre, probablement car celui-ci ne peut être considéré comme atteint que lorsqu’il est sous une forme permanente. Il s’oppose ici à une vision de bonheur qui le définirait comme pouvant être passager et étant facilement atteignable par l’être humain sur Terre. Nous allons donc examiner ces différentes positions à la lumière des questions suivantes : Comment définit-on le bonheur ? Le bonheur à l’état permanent est-il atteignable par l’humain ? Et finalement : Le bonheur peut-il être considéré comme tel uniquement lorsqu’il est permanent ?

Premièrement, qu’est-ce qu’est le bonheur ? Selon le dictionnaire Larousse : « Le bonheur est un état de complète satisfaction ». Toutefois, cette définition du bonheur est incomplète. L’on ne sait pas de quel état et de quel type de satisfaction il s’agit. Néanmoins, le philosophe Ayn Rand nous donne une définition du bonheur plus intégrale et répond à ces deux interrogations. Il définit le bonheur comme : « (...) un état d'esprit qui procède de l'accomplissement de (n)os valeurs ». D’autres philosophes comme Kant définissent le bonheur comme un concept imprécis, car chaque être humain quête le bonheur à sa façon. Ces deux définitions sont similaires parce qu’elles ne définissent pas des éléments particuliers qui constituent le bonheur comme l’amitié, l’amour, ou la beauté. Ainsi, la conception du bonheur de l’un ne sera pas celle de l’autre. Nous pouvons aussi ajouter que le schéma de la quête du bonheur est répétitif. C’est-à-dire que lorsque l’on incarne l’une de ces valeurs qui paraissaient importantes, on s’en fixe sans cesse d’autres à atteindre ou à incarner tout aussi importantes. En conclusion, le bonheur est une quête répétitive que tout être humain recherche.

Si nous définissons le bonheur comme une quête répétitive, jamais achevée, le bonheur en tant qu’état permanent est-il atteignable ? Schopenhauer, par exemple, nous répondrait que non. Sa fameuse tirade : « La vie oscille, comme un pendule, de la souffrance à l’ennui », traite exactement de ceci. Il y soutient que la vie se résume à une quête éternelle de la satisfaction de nos désirs, et qu’une fois qu’ils sont satisfaits, ils causent l’ennui. Bien qu’ici nous ne parlons pas de désirs satisfaits, mais de valeurs atteintes, le schéma reste le même. Cette vision pessimiste n’est pas très encourageante et si l’on y adhère, on peut facilement entrer en accord total avec l’énoncé de Rousseau qui est à la base de cette dissertation. Cependant, nous sommes en droit de nous demander si malgré le fait que le bonheur semble être une quête répétitive et inatteignable, il ne serait tout de même pas possible d’accéder à une forme de bonheur ou de joie ? Le philosophe et écrivain Albert Camus nous permet d’apporter une réponse à cette question. Il utilise comme exemple pour ceci Sisyphe, un personnage de la mythologie grecque, condamné à hisser éternellement une pierre en haut d’une montagne jusqu’à ce que celle-ci retombe de l’autre côté et qu’il doive à nouveau recommencer. À ce châtiment affligeant et infini, Camus nous répond simplement, dans son essai philosophique Le mythe de Sisyphe, : « Il faut imaginer Sisyphe heureux », soutenant que malgré l’absurdité de l’existence et ses tourments pouvant paraître éternels, il n’y a pas d’autre chose à faire que de trouver le bonheur comme on le peut.

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